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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

15 Jun

Pratiques laïques

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Laïcité - Religions, #Valeurs républicaines

Buste de Marianne, exposé au Sénat

Buste de Marianne, exposé au Sénat

La Loi de 1905 ne recommande pas l’éradication des religions. Elle garantit, au contraire, le "libre exercice des cultes" dans le "respect de l’ordre public établi par la loi".

 

La laïcité, qui en est le principe actif, ne dit pas autre chose en recommandant, comme le souhaitait Victor Hugo : « l’Etat chez lui et l’église chez elle».

 

Or, les laïques, s’ils se retrouvent sur la volonté commune de rejeter toute adjectivation de la Laïcité, se divisent sur deux éléments de stratégies. Ceux pour qui la religion est une affaire légitime mais qui doit rester privée, « en conscience » et ceux qui souhaitent l’éradication absolue du fait religieux en tant que tel.

 

Ce qui se traduit, dans le quotidien des engagements, par une sourde lutte des seconds pour débusquer les actions des premiers lorsqu’ils adoptent une attitude différente de la leur. Cela n’a pas de sens aujourd’hui.

 

Cette stratégie de l’éradication, en net recul, fait entrer ses partisans dans la voie de la marginalisation. Certes, ils se draperont dans les plis de l’étendard de la pureté, mais réduits au témoignage, ils auront de moins en moins d’influence. Et c’est tant mieux.

 

 

Qui ne voit aujourd’hui l'absolue nécessité de réunir tous les républicains.  D’où qu’ils viennent, quelles que soient leurs orientations philosophiques ou religieuses, qu'ils en aient une ou qu'ils n'en n'aient pas.

 

La peur de l’autre est la gangrène des sociétés désemparées. Nous devons oser l’altérité, c'est-à-dire que nous devons l'organiser. Nous devons nous parler. Une seule règle s’impose dans ce dialogue : ce n’est pas aux lois à s’adapter aux religions mais aux religions à respecter les lois, y compris la liberté absolue de conscience.

 

Le retour à l'essentialisme.

Il y a eu autre conséquence à cet absolutisme, une conséquence perverse, qui constitue une sorte toute particulière de racisme. C'est cette réaction presque réflexe qui consiste à considérer les français d'origine magrehbine comme nécessairement partisans, du multiculturalisme, voire du communautarisme. Cette manière de réagir est purement essentialiste et doit être dénoncée et combattue en tant que telle.

 

Attention.

C'est un débat beaucoup trop sérieux et déterminant pour l'avenir du pacte républicain pour qu'on le traite légèrement. Les laïques doivent le pendre en compte, c'est-à-dire cesser tout anathème et discuter sur le fond.

Bien identifier les mots que l'on emploie sans les amalgamer. Le multiculturalisme n'est pas l'interculturalisme et les deux sont, de toute manière à ne pas confondre avec le communautarisme. Ainsi les "accommodements raisonnables" du Québec sont multiculturalistes alors que la coexistence en Angleterre de deux types de tribunaux, ceux de "Sa Gracieuse Majesté" et les islamiques, réservés aux musulmans, cela est du communautarisme.

 

La main-d'oeuvre étrangère.

La question de l'intégration en France de la main-d'oeuvre étrangère dont notre économie avait eu besoin (avant la crise pétrolière de 1973), n'est toujours pas assumée, de même que la politique publique de regroupement familial.

 

Cette main-d'oeuvre, le patronat français est pourtant allé la chercher par avions entiers en Algérie (voir le livre de Laure Pitti : "La main-d'oeuvre algérienne dans l'industrie automobile (1945-1962), ou les oubliés de l'histoire").

 

L'Etat a également mené une politique publique de transfert de main-d'oeuvre en provenance d'Afrique et des Outre-Mers en créant le BUMIDOM (1963-1981), lequel prenait la suite du BDPA fonctionnant, lui, depuis 1952. 

 

La première crise pétrolière de 1973 a ralenti notre économie qui est entrée dans une phase de régression ; le chômage, jusque là résiduel, a muté en chômage de masse et l'immigré est devenu celui qui "prenait le travail des français", qui bénéficiait des aides sociales, sous-entendu "indûment", etc. Les ingrédients du racisme ordinaire étaient réunis.

 

Et aujourd'hui, nous avons à gérer les conséquences non assumées de ces politiques.

 

Conférence au Cercle Rhazès de Montpellier.

 

 

Hier soir vendredi 14 juin, j’étais invité par le Cercle Rhazès de Montpellier à parler des "Fractures de la République", l'un des thèmes que je traite habituellement depuis quelques mois.

 

 

L’un de mes amis sur Facebook, laïque convaincu, avait souhaité attirer mon attention sur les risques que, selon lui, j'encourrai de me retrouver en milieu multiculturaliste.

 

Rien de tel. 

Je n'ai pas plusieurs discours car je pense justement qu'il est indispensable de dire directement, simplement, ce que l'on pense. C'est en identifiant les éventuels désaccords que l'on peut chercher à les réduire. Alors, j’ai été très attentif à ne rien changer à mes propos et à observer les réactions.

 

 

Et il y en eu dans les questions, et de très interessantes mêmes. Elles venaient de français indéniablement républicains, immigrés de la 3° ou 4° génération, une centaine, qui avaient décider de prendre quelques heures sur leur temps de loisirs (un vendredi soir !) pour venir échanger. 

Le débat a permis d'évoquer des points essentiels en démocratie comme les élus et la rupture de la confiance, la vente d'armes, les réseaux sociaux et les algorithmes, l'Intelligence artificielle et surtout, tel un leitmotiv, les conditions de l'éducation à la citoyenneté au moment où il faut trouver comment faire redémarrer la République.

 

Précision utile, ce débat se déroulait en présence du député Patrick Vignal qui avait tenu à participer.

A Nimes, en février, Hélène Mandroux, ancien maire de Montpellier, nous avait fait l'honneur de sa présence.

 

 

 

Engager et entretenir le dialogue avec tous, participe selon moi de cet humanisme militant auquel appelait Thomas Mann en 1936 dans son "Appel à l'Europe" et que Daniel Keller reprenait il  a quelques années.

 

 

Alors, devant un tel défi, à quoi pourrait bien servir de s'attribuer des brevets de laïcité ? Certains cherchent à le faire. Je n'en suis pas. Que voila un bien vain exercice ! 

 

 

Gérard Contremoulin

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