Moati, Cohen et leurs questions sur la franc-maçonnerie
Hier soir sur France 5, un documentaire sur la franc-maçonnerie. Du sérieux, assez pédagogique... Enfin !
Replay (pour 6 jours encore) ici.
Merci à la réalisatrice Alice COHEN qui a su éviter certains pièges dans lesquels était tombé l'un de ses prédécesseurs avec un bien funeste document diffusé en 2010 sur TF1 !!! Là, pas de trahison, pas de fausse promesse. Un travail sérieux, serein, loin du racolage malheureusement habituel sur ce type de sujet.
Des trouvailles aussi comme ces images animées en noir et blanc au pouvoir éminemment suggestif. Alice Cohen a réussi à trouver le moyen d'ouvrir la voie à la réflexion.
Même si la personnalité de Serge MOATI pouvait parfois focaliser l'attention sur l'un des aspects de la franc-maçonnerie (il a été initié à la GLNF). Ce que Daniel KELLER su parfaitement souligner dans le débat.
Mais son attachement à l'institution maçonnique reste fort. Tout comme celui de Christophe Bourseiller. Deux anciens maçons qui savent expliquer que quitter la franc-maçonnerie ne signifie pas forcément la renier. En tous cas, eux conservent intacts la passion et l'intérêt du travail reflexif des loges.
Au milieu des fantasmes plus ou moins entretenus par les marroniers de nos hebdomadaires, par les craintes, par la crise qui stimule la recherche de boucs émissaires et en premier lieu les francs-maçons, le parti pris de la réalisatrice est pertinent. Elle montre le cheminement d'un ancien-maçon (Moati) dans les couloirs de son passé, à la cherche du souvenir de son frère de père, qui en profite pour tracer un panorama des grandes obédiences en donnant la parole à leurs Grands-Maîtres (GODF Daniel Keller, GLNF Jean-Pierre Servel, GLDF Marc Henry, GLFF Catherine Jeannin-Naltet), en évoquant les autres par des moments forts de l'histoire de la franc-maçonnerie comme le DH avec sa création ou la GLMF.
Et puis apparai Olivia. Grand moment où l'on peut comprendre lorsqu'elle explique l'acquièscement des frères de sa loge à sa démarche, ce que représente la fraternité maçonnique. Si la franc-maçonnerie permet de se réaliser, alors quelle preuve nous en donne-t-elle !
Reste le passage sur l'initiation. Lors des contacts préparatoires auxquels Alice Cohen avait bien voulu me convier, cette question fut longuement évoquée et âprement discutée. Serge Moati l'a d'ailleurs rappelé : toutes les obédiences ont refusé de laisser filmer cette cérémonie sauf la GLMU. Bon, ce choix est le sien. D'ailleurs, les extraits montrés marquent pas leur brièveté le peu d'intérêt qu'elle présente pour celui qui cherche vraiment à faire un document sérieux et intellectuellement honnête !
Car l'initiation, nous dirions plutôt la "Réception" au rite français, même si tous les textes figurent depuis longtemps dans toutes les bonnes librairies, est un moment tellement unique qu'il n'est pas accessible à l'image !
Il restera le sentiment que ce documentaire est un moment important dans un contexte de remontée de l'anti-maçonnisme, important pour sa pédagogie.
Gérard Contremoulin
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