Après les Convents : un nouveau Grand-Maître (à la GL-AMF) et deux questions (à la GLDF).
Le Convent de la GL-AMF qui s'est tenu à Lyon ce week end a élu son nouveau Grand-Maître en la personne de Claude BEAU, ancien assistant Grand-Maître, chargé de la "maison du rite français".
Un interview précis et mesuré.
Retraité du ministère de la Jeunesse et des Sports, ancien CTR (Conseiller Technique Régional, 1973-1990) de Judo (6° dan), Claude Beau a fait un parcours professionnel apprécié tant au niveau du ministère que de la ligue et de la fédération. Il devient 7° dan en 2009 dans son Judo-club de Cognac.
Son élection deviendra effective lors de sa prise de fonction le 1° janvier 2015. Il a donné néanmoins un interview à La Lumière. Il y confirme la volonté de son prédécesseur Alain Juillet de conquérir la reconnaissance de regularité auprès de la GLUA.
La GL-AMF, fille de la GLNF.
Créée en avril 2012 par scission de la GLNF, la GL-AMF se fixe naturellement cet objectif puisque ses frères n'ont connu que ce statut maçonnique. Selon Jean-Laurent Turbet, qui sait trouver les mots comme personne, son projet maçonnique est de "privilégier résolument une maçonnerie de l'Etre sur une maçonnerie du Paraître" !
C'est l'une des trois obédiences restant encore associées dans la création de la Confédération Maçonnique de France (avec la GLDF et la GLIF). Forte de près de 15.000 frères, c'est la 2° odédience de la CMF.
Elle tenait son convent dimanche dernier 15 juin à Lyon. Alain Juillet peut partir satisfait avec un rapport moral adopté par 100% des suffrages...
Deux convents simultanés.
Les deux convents ont donc eu à apprécier la situation créée par la décision de la GLUA de réattribuer sa reconnaissance à la GLNF le 11 juin. Deux jours plus tard, le convent de la GLDF prenait 4 décisions importantes : 3 votes préliminaires (sur la liberté d'interprétation du GADLU, sur la possibilité des intervisites et sur l'indépendance des loges bleues par rapport à la juridiction des hauts grades) et un 4° vote décidant à 78% de poursuivre la construction de la CMF sur la base des 3 premiers votes.
Dans ce contexte, il peut être intéressant de réfléchir sur deux points que Claude Beau aborde dans son interview :
Avez-vous du GADLU une conception différente de celle de la GLNF ?
Pas du tout. Être à la GLAMF, comme à la GLNF, c’est croire en Dieu. Il ne devrait y avoir chez nous ni athée ni agnostique. Notre prestation de serment se fait sur la Bible.
Pour le convent de la GLDF, la liberté est totale sur l'interprétation de ce que peut représenter le GADLU. Et nombre des frères s'arc-boutent sur le fait, précisément, que ce ne soit pas Dieu. L'autre élément est précisément la bible, dont le retour est de plus en plus effectif dans les loges.
Comment résumer votre position sur les inter-visites ?
Les frères de la GLAMF ont le droit de participer aux tenues de la GLDF et de la GLIF (les deux autres composantes de la Confédération Maçonnique de France, CMF). Ceux de la GLNF aussi, même si en théorie, leurs frères ne semblent pas autorisés à venir chez nous. Quant aux autres obédiences, il nous est interdit de les visiter, comme de recevoir leurs frères.
Il n'est pas étonnant de retrouver ainsi exprimée cette interdiction des inter-visites. Elle est conforme aux obligations de la déclaration de Bâle.
Mais, c'est précisément ce qui va à l'encontre de la pratique des loges et des frères de la GLDF. Qu'il y ait ou non un accord écrit (on relit avec le même ravissement la phrase du GM selon laquelle "on ne peut pas rompre ce qui n'existe pas" !), tous les soirs, en France, des frères de la GLDF vont visiter (et y sont reçus) des loges du GODF, du DH, de la GLFF, de la GLMU, de la GLMF, de la GLF-MM...
C'est une pratique historique mutuelle et réciproque. C'est de ce point de vue que l'appel à la conscience des frères avant de se rendre en visite tient de l'appel à l'autocensure ! Probablement le retour à la "maçonnerie de l'Etre" comme dirait Jean-Laurent...
Il n'en reste pas moins qu'au delà des déclarations du nouveau Grand-Maître, il y a cette convention "administrative" entre la GL-AMF et le GODF, signée par Alain Juillet et Daniel Keller, qui traite de la possibilité des intervisites ! Certes, la mention "dans le respect des règles"figure mais pourquoi évoquer dans un tel texte une autorisation pour l'interdire quelques mots plus loin ? Et puis, il y a les loges de recherche où les visites sont possibles sans la mention spéciale...
Deux conceptions de la maçonnerie traditionnelle pour une seule confédération.
Sont-elles compatibles au sein d'une même confédération, née sur la base de la déclaration de Bâle. Je sais que ce rappel fâche certains frères, mais sauf à la dénoncer, cette déclaration existe toujours et continue à produire ses effets, c'est-à-dire cette obligation de "rompre sans ambiguité avec les obédiences non régulières".
C'est d'ailleurs un rappel que devrait entendre le Grand-Maître dans le mois qui vient puisque le convent lui en a donné le mandat. Mais en adoptant les 3 décisions préparatoires, les députés ont sérieusement réduit les marges de manoeuvre de leur Grand-Maître face aux exigences des 5 Grandes Loges du processus de Bâle.
Petit retour sur le convent de la GLDF : l'analyse de "La Maçonne"
"La Maçonne" nous livre une analyse remarquable de ce convent. En titrant "GLDF (CMF) 78% pour ne rien changer", elle livre un instantané qui résume la contradiction qui s'étale désormais au sein de l'obédience de la rue Puteaux. Contradiction à la fois sur l'identité comme l'indique la volonté manifestée de refuser toute interprétation unique du GADLU comme sur la stratégie de développement de la CMF par rapport aux 5 de Bâle d'une part et à la GL-AMF d'autre part.
A suivre...
Gérard Contremoulin
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