Le convent 2014 de la GLDF
Le convent d'une obédience maçonnique est un grand moment de ressourcement par la présence des représentants de toutes les loges. Un grand moment où les options majeures peuvent être discutées, un moment où se vit la réalité de l'obédience. Souvent un grand moment de fierté d'être franc-maçon, soeur ou frère.
Durant ces deux ou trois journées, alternent différentes séquences, celles consacrées aux différentes cérémonies maçonniques (installation, reconnaissance des nouveaux élus, installation et reconnaissance du Grand-Maître), celles consacrées aux différents débats (prospective, budgétaire, commissions thématiques, modifications des textes et d'ordre réglementaire et administratif).
Ces débats peuvent y être nourris et même animés. Mais la forme maçonnique, avec ses règles strictes, oblige chacune et chacun à mesurer ses propos, à respecter, à préférer la parole qui propose à celle qui détruit. Le Rituel, puisqu'il faut bien l'appeler par son nom, y pourvoit.
Néanmoins il faut veiller à son respect. C'est dire la responsabilité du "collège" du convent qui le fait vivre et du Président qui le coordonne. Sa faculté d'arbitrage est mise à l'épreuve plus souvent qu'on ne le pense car qui sait si ce qui se cache derrière une intervention, même anodine.
Mais il est toujours une part incertaine qui donne à ce moment une richesse inégalable, c'est l'incertitude d'un vote, le bouleversement en puissance qu'il contient, l'attente, vaine ou non, d'une décision... C'est ce qui donne à un convent sa part de "mystère".
Septembre 2006.
A La Rochelle, le convent du GODF avait décidé de voter le budget pour poursuivre les travaux du musée de la franc-maçonnerie, la pérennisation de la commission de bioéthique et de santé publique, deux décisions dont on mesure aujourd'hui les retombées éminemment positives.
Et surtout, ce convent avait refermé la crise ouverte deux ans plus tôt en assurant les moyens notamment budgétaires au Grand-Maître Jean-Michel Quillardet, et en lui restaurant une solide majorité.
L'irruption des "nouvelles" technologies de l'information.
En huit ans, le paysage maçonnique a considérablement changé. Les outils d'échange et de réflexion se sont enrichis de moyens nouveaux, beaucoup plus rapides, les réseaux sociaux.
La blogosphère maçonnique, née deux années plus tôt, s'est fortement développée. En dix ans, elle a créé des réflexes nouveaux, en instituant une instantanéïté de la circulation des informations. L'information est désormais susceptible d'être partagée dans le temps et dans l'espace instantanément, ce qui interpelle le fonctionnement des exécutifs obédientiels et suscite inévitablement leur méfiance.
Elle interpelle également les usages de la "démocratie maçonnique", les habitudes des francs-maçons, soeurs et frères. C'est le cheminement même de la réflexion qui est interrogé.
Certains peuvent se sentir agressés dans leurs pratiques. Alors, il faut accepter leurs retours, y compris lorsqu'ils sont violents... Et pour les attaques ad hominem, je les range vite dans la catégorie de la sentence de Talleyrand : "tout ce qui est excessif est insignifiant".
Juin 2014.
Aujourd'hui, ces conditions constituent l'environnement de toutes les assemblées générales. Les convents sont également concernés.
Dans un contexte où la décision de la GLUA éclaircit en fait les enjeux, y compris du point de vue de Roger Dachez, les frères de la GLDF vont devoir prendre leurs décisions quant à ce qu'ils veulent faire du processus initié à Bâle. Ils vont devoir apprécier les initiatives et les aléas qui vont de la Recomposition du Paysage Maçonnique Français à la Confédération Maçonnique de France. Et notamment la question qui leur est posée de savoir s'ils veulent en poursuivre la construction, laquelle implique la "rupture sans ambiguité".
Un texte reste un texte.
Quelles que soient les interprétations, les réfutations, les dénégations qu'on voudrait lui apporter, un texte reste un texte. Et d'ailleurs quelles sont les interprétations possibles lorsqu'il stipule clairement : "la rupture sans ambiguité avec les obédiences non régulières" ?
Telle est la déclaration de Bâle !
Telle est la question posée par ses auteurs et c'est à cette question que doivent répondre nos frères de la GLDF...
Tel est le débat.
J'ai à cet instant une pensée particulière pour le président Jean-Raphaël Notton...
Bon convent mes Frères.
Gérard Contremoulin
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