Loukoum et vinaigre, la blogosphère...
Qui ne connaît le goût sucré, voluptueux du loukoum ?
Ce ravissement des papilles, cette suprême distinction du goût, cet état quasi épectatique dans lequel sa dégustation plonge... J'ai ce gout au palais, une vraie béatitude à ... la lecture de certains articles !
J'ai beaucoup de plaisir à saluer les auteurs particulièrement talentueux dans cet exercice car j'avoue bien humblement ma propre incapacité, mon absolue incompétence devant de telles prouesses...
Je mesure la dose d'efforts nécessaires pour trouver le mot qui magnifie, la phrase qui superlative, la formule qui sublime. Cette capacité à l'enluminure qui donne tout son relief, tout son suc à ce qui, sans cela, resterait la sècheresse glacée d'une information.
Il y a du Bossuet là, celui des oraisons funèbres...
"A moment que j'ouvre la bouche pour célébrer la gloire immortelle de Louis de Bourbon, prince de Condé, je me sens également confondu, et par la grandeur du sujet et, s'il m'est permis de l'avouer, par l'inutilité du travail. Quelle partie du monde habitable n'a pas ouï les victoires du Prince de Condé ni les merveilles de sa vie ? On les raconte partout : le Français qui les vante n'apprend à l'étranger ; et quoique je puisse aujourd'hui vous en rapporter, toujours prévenu par vos pensées, j'aurai encore à répondre au secret reproche qie vous me ferez d'être demeuré beaucoup au-dessous. Nous ne pouvons rien, nous faibles orateurs, pour la gloire des âmes extraordinaires..." Etc., etc. .../...
(Bossuet, oeuvres complètes, tome 7, page 755)
Rien de commun avec l'acidité d'un mot qui questionne, d'une phrase qui investigue, d'une formule qui pointe la contradiction...
Les unes réjouissent, les autres fâchent. Comme l'ont montré ces derniers mois.
Deux séries de styles, complémentaires, que l'on retrouve quasi quotidiennement sur la blogosphère maçonnique. Son spectre couvre aujourd'hui une grande diversité d'approches. La liberté de ton est désormais la règle. Du loukoum au vinaigre, cette diversité permet surement de répondre aux attentes et éventuellement d'ouvrir des pistes.
Et c'est une manière d'illustrer cette belle sentence que Beaumarchais met dans la bouche de son Figaro :
"sans liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur"...
Gérard Contremoulin
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