Un discours derrière le discours !
Fils de cheminots, j'ai souvent eu cet avertissement sous les yeux... N'est-ce pas ce que l'on peut se dire à la lecture du dernier article du bloc notes de Jean-Laurent...
Pour la deuxième fois (je n'ose dire la seconde !) en quelques jours, il a ouvert ses colonnes à deux anciens dignitaires de la GLDF. Louis Trébuchet publiait un article en réponse au mien. Des commentaires étayés sont venus répondre à son argumentation dont j'ai rendu compte.
Et voici Alain Graesel, cette fois qui déploie son éloquence épistolaire. Deux points communs à ces articles : l'histoire de la franc-maçonnerie et répondre à votre serviteur !
Devant un tel déploiement et ses contenus, particulièrement la conclusion d'Alain Graesel, je ne peux qu'emprunter à Racine et à sa Junie dans Britannicus (II, 3) :
"J'ose dire pourtant que je n'ai mérité
ni cet excès d'honneur ni cette indignité"
Je salue le talent. Je mesure l'ampleur de l'argumentation, certes sans surprise, mais je continue de m'interroger.
Aujourd'hui, l'actualité maçonnique est faite aussi du sort qui sera réservé à la poursuite -ou non- des relations fraternelles de la GLDF avec les obédiences maçonniques en France : rupture ou pas rupture ?
La question tue.
Certes l'histoire est essentielle mais elle fait l'objet d'une polémique bien antérieure à la naissance de ce blog. Et elle a opposé bien d'autres partenaires que nous...
Et puis, j'ai consacré beaucoup plus d'articles à la déclaration de Bâle, à la RPMF, à la CMF... Pourquoi ne répondre que sur l'histoire ?
Et la récente annonce d'une imminente reconnaissance de régularité de la GLUA pour la GLNF...
Le titre même de l'article de Jean-Laurent semblait l'annoncer...
De cela : rien !
Alors pourquoi, en quelques semaines, deux interventions éminentes sur ... l'histoire ! On serait surpris d'un tel choix si, finalement, on ne comprenait qu'il s'agit probablement là de tenter de mettre un écran de fumée entre ce blog qui agit comme un "passeurs de mots", comme un diffuseur de textes qui sont l'oeuvre de frères de la GLDF et ses lecteurs...
Essayer de détourner l'attention... Essayer de discréditer...
Pourtant Alain Graesel, président de la GLUDE (Confédération des Grandes Loges unies d'Europe) que la généreuse conception européenne pousse à y intègrer les Iles Canaries, le Vénézuéla, le Paraguay, les Philippines, aurait surement beaucoup à dire. Il fut avec Alain-Noêl Dubart l'un des concepteurs du projet de RPMF, en tous cas beaucoup plus que Marc Henry. Jean-Jacques Zambrowski (il ne peut que s'en souvenir puisque l'on ne s'est rencontré que deux fois) m'indiquait qu'il n'apparaîtrait à personne que la déclaration de Bâle soit apparue sans négociations préparatoires intégrant des dignitaires de la GLDF... Mais là non plus, il n'en dit mot.
On pourrait m'objecter qu'il ne le peut pas par "devoir de réserve" ? Que nenni. Lui-même déclare n'y pas être tenu.
Derrière le ton volontairement polissé comme il convient au discours "scientifique" (je n'ose "policé"), git un second discours, au ton bien moins bridé, beaucoup plus "fraternel".
Alain Graesel et le GODF
Alain Graesel parle ainsi :
"En fait l'ADN de Contremoulin c'est celui du Grand Orient de France : cogner sur la Grande Loge de France … mais fraternellement bien sûr et parce qu'il l'aime…."
Si par ADN Alain Graesel voulait signifier ma fierté d'appartenir au GODF, alors qu'il soit assuré que oui, je le suis !
Mais son propos n'est évidemment pas là.
Alain Graesel est un homme qui combat.
Il choisit une stratégie qui consiste à tenter d'accréditer l'idée que je ne peux parler qu'au nom du GODF. Il l'affirme nettement dans l'entretien avec Jean-Laurent.
Soyons clair : c'est une tentative de manipulation.
Que cherche-t-il ?
Si je m'exprime en mon nom propre, il ne peut que me répondre personnellement et cela n'a pas beaucoup d'intérêt. Je n'ai pas l'égo surdimensionné au point de croire que je suis un interlocuteur à sa taille...
Mais s'il réussit à faire accroire que je serais porte-parole du GODF, alors il pourrait plaider l'agression du GODF contre la GLDF et contre lui-même. Ce qui présenterait, du moins doit-il l'estimer ainsi, une raison de justifier une rupture, celle que rend nécessaire la déclaration de Bâle ! Argument capillo-tracté ? Pas plus que le Vénézuéla ou le Paraguay en Europe mais qui offre, lui, une grille de lecture à la peine qu'il prend pour répondre à l'un de mes articles.
Il n'est pas le seul dans cette tentative, c'est même une constante à la GLDF. Jean-Claude Tribout s'y était déjà essayé en me qualifiant de "porte-flingue du GODF" !
Je crois néanmoins avoir montré mon indépendance d'esprit, y compris lorsque j'étais membre du conseil de l'ordre. Et chacun pourra voir dans l'évocation qu'il fait d'une "confidence" d'un ancien conseiller, (mais peut-être voulait-il dire un peu plus...), mon désaccord important dès janvier 2010 (rendu public par La Lumière) avec, notamment, l'idée soutenue par le GM Guy Arcizet que le GODF devait être "un corps intermédiaire de la République". Il serait mal venu à Alain Graesel de m'en rendre comptable !
De même lorsqu'il s'oriente sur le chemin de la comparaison avec Géplu à propos du soustitrage de l'un de ses articles. Avec une attention plus soutenue portée à la lecture de ce qu'il veut critiquer, il n'aurait pas loupé ma mise au point, ici.
Mais Alain Graesel, et c'est peut-être son ADN à lui, veut légitimer sa propre obsession de démontrer la supériorité de la GLDF sur le GODF, que ce soit historiquement, initiatiquement, ou dans le choix d'un seul rite.
Et il est toujours en quête de son Graal : la reconnaissance de la régularité de sa pratique maçonnique par la Grande Loge Unie d'Angleterre qu'il considère comme la norme de la fraternité universelle. Ses écrits, ses initiatives "européennes", sa grande-maîtrise sont là pour le montrer. On lui laissera bien volontiers cette foi !
Un assaut de propos fraternels
Alors une (hyper) acidité gastrique pourrait-elle éventuellement expliquer le ton qu'il emploie à mon endroit ? Comme ceci :
"Alors j'hésite entre le pitoyable, le pathétique et le consternant.
Ou l'arrogance, le mépris et la morgue.
Les trois peut-être ? Ou même les six ?"
Probablement mais alors, elle est fraternelle. Ah... le miroir !
En reprenant l'avertissement ferroviaire de mon enfance, il y a bien chez Alain Graesel, un discours derrière le discours.
Alors parlant de GLDF version 1, de GLDF version 2, espérons, ensemble -du moins est-ce mon cas- qu'il n'y aura pas, après le convent, de version 3 !
Gérard Contremoulin
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