Profession de foi … laïque.
En considérant tout ce que ce titre peut avoir de paradoxal, il exprime cependant l’évolution spirituelle suivie par un nombre certain d’entre nous, dont les plus jeunes seraient plutôt quinquagénaires...
Refusant tout à la fois la volonté d'éradication des religions, quelles qu’elles soient, et le laisser-faire prosélyte, la Laïcité est une voie médiane, indifférente à toutes les confessions, garantissant le libre exercice des cultes dans le respect de l'ordre public.
Le sentiment religieux se révèle dans l'intimité des consciences. Les lieux de cultes sont les espaces privés à l'intérieur desquelles les fidèles communient dans une même foi.
A ce titre, la laïcité permet à toutes et à tous de « faire société » par-delà les différences d’appartenance ou de non appartenance. La loi de 1905 ne dit pas autre chose dans ses deux premiers articles et Victor Hugo lorsqu’il déclare, le 15 janvier 1850, qu’il veut « l'église chez elle et l’État chez lui » exprime déjà toute la dimension du compromis auquel parviendra Aristide Briand, cinquante cinq ans plus tard.
Sphère publique et sphère privée.
La loi de 1905 trace les périmètres de deux espaces "séparés" : l'espace public où s'exerce la loi à la quelle chaque citoyen est soumis et l'espace privé dans lequel chaque citoyen exerce les choix que lui garantit la loi sous la réserve expresse de ne pas troubler l'ordre public. C'est dans ce cadre que doit s'exercer la liberté de culte et l'on comprend que le respect de cette règle (non prosélytisme) permet à chacun d'exercer le culte de son choix ou de n'en exercer aucun. Il faut insister sur ce point car ce type de débat a la fâcheuse tendance à focaliser sur le fait de croire comme si c'était "dans la nature des choses".
L'athée sait qu'il n'en est rien !
Selon certains, on pourrait même dessiner le périmètre d'une troisième sphère, la sphère intime en requalifiant les deux premières en sphère de l'autorité publique et sphère de la société civile.
La question des lieux de cultes.
L’inventaire prévu par la loi de 1905 a recensé des lieux de cultes principalement catholiques. Tout en interdisant le financement public de nouveaux lieux de cultes, les évolutions de la loi ont confié aux communes leur entretien. Nombre d’élus se retrouvent confronté à une situation de plus en plus explosive.
Les fonds publics sont obligatoirement mis à contribution pour l’entretien des lieux existant au moment de l’inventaire (chrétiens, principalement catholiques) et ne peuvent l’être pour la construction de nouveaux (principalement musulman : mosquées) !
L’émergence de l’Islam.
Son absence des textes concordataires place l’Islam dans une position singulière vis-à-vis des pouvoirs publics. Or, l'Islam est aujourd'hui le deuxième culte pratiqué en France. C'est à ce déséquilibre que les élus se trouvent confrontés à des degrés divers et chacune de leurs initiatives fait l'objet de mobilisations des défenseurs de l'une ou de l'autre des conceptions de la laïcité. Sous la voute étoilée a souligné certaines d'entre elles (ici, ici).
Les évolutions tant de la législation que de la jurisprudence (évoquées ici, ici, ici, ici et là) ont modifié la situation de telle sorte que la laïcité n'y gagne pas toujours en clarté !
C'est sur cette base, non stabilisée, que les fondamentalistes de tous horizons s'appuient pour développer un message intégriste radical parfois susceptible d'entrainer vers le djihad !
L'Islam apparaît aux yeux de l'opinion comme une religion de violences extrêmes dont l'assassinat du journaliste James Foley constitue la dernière exaction d'une rare cruauté. Pourtant, la stratégie de communication de l'Etat Islamique dans cette affaire peut être lue différemment.
Vers une clarification du rôle des Imams au Maroc.
De ce point de vue, il faut saluer le récent Dahir royal (décret) n° 1.14.104 du roi Mohammed VI qui redéfinit les missions des imams et qui, notamment, leur interdit toute activité politique ou syndicale (ici, ici et là)...
Est-ce un nouveau pas vers la Laïcité au royaume chérifien ?
C'est en tous cas une nouvelle et forte affirmation que l'Islam peut ne pas être un projet politique !
A suivre.. (évidemment).
Gérard Contremoulin
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