Reims, le convent et les dangers de la pipolisation...
Le Convent du Grand Orient de France qui se tient cette année et l'année prochaine à Reims est un moment essentiel dans la vie de l'obédience.
J'avais évoqué le 30 juin dernier, le cadre, le déroulement et les grands moments de ce rendez-vous annuel. J'avoue que mon papier manquait sérieusement de "peps" ! Je ne me faisais l'écho d'aucun bruissement, d'aucun murmure venant égayer "cette période pré-convent sans compétition au sommet"...
Pourtant, un convent du GODF ne peut pas se réduire à ce genre d'initiatives. Et les lecteurs de nos blogs, pour gourmands qu'ils peuvent être de ce type de friandises, se passionnent néanmoins pour ces 3 jours de rencontres et de débats. Au point d'ailleurs que nombre d'entre eux y ajoute cette année un 4° consacré au colloque de la veille, le mercredi 27, c'est-à-dire aujourd'hui.
Car la ville de Reims commençait à voir affluer dès hier soir les "congressistes" et déjà, dans les restaurants, l'on se saluait comme de coutume entre nous. Bref, on renouait avec cette atmosphère si particulière, cette connivence des grands moments de fraternité conventuelle...
Et puis, ce mercredi, outre le colloque, chacun ira "repérer" les lieux et prendre possession, s'il est délégué, de sa "malette" au contenu désormais traditionnel : plan de la ville, informations relatives à l'organisation prévue par les soeurs et les frères du congrès régional, documents réglementaires du convent, complément au rapport d'activité, signalétique personnelle et... le boitier électronique, outil avec lequel chaque délégué va signaler sa présence et émettre ses différents votes au nom de la loge qu'il représente pendant le convent.
Alors, maintenant, que dire "d'affriolant" sur nos travaux ? Pas grand chose.
Car le GODF ne me semble pas avoir l'intention de modifier ses règles d'accueil fraternel envers quiconque, ni de chercher on ne sais où la "reconnaissance" de la régularité de ses travaux. Depuis 1877, chacun est libre de croire ou de ne pas croire, et si l'on croit, c'est une question essentiellement personnelle, intime. Ce qui permet aux loges du GODF qui le souhaitent d'accueillir les membres de toutes le obédiences.
Parce que le GODF est un espace maçonnique de liberté où différents rites se pratiquent, où le principe de souveraineté des loges gouverne les rapports des loges entre elles et avec les différentes instances.
En revanche, oui, le GODF devra engager une réflexion de fond sur ses règles de fonctionnement pour réussir à sortir de la réformite, maladie qui, il est vrai, sévit depuis quelques années. C'est un grand chantier d'abord de mise à plat de nos textes réglementaires, de réflexion ensuite sur ce que nous voulons construire et enfin de réécriture. Beaucoup d'efforts ont été vains jusqu'à présent. Il faudra probablement passer par le courage paradoxal de décider une année de ne rien changer ! En quelque sorte l'adoption d'un moratoire de quelques années pendant lesquelles ce chantier pourrait se dérouler...
Nécessaire aussi d'engager la réflexion de l'ensemble des loges sur les grands objectifs que les frères décident de se fixer sur le court et le moyen termes, tant en France (métro et outre mer) et au niveau international. Un tel débat "d'orientation" semble essentiel pour pouvoir approfondir et faire partager l'avis des francs maçons, soeurs et frères, du GODF sur les thèmes s'orientant vers ces objectifs.
Nécessaire, probablement enfin de réaffirmer sans aucun complexe que le cheminement initiatique proposé aux soeurs et aux frères, sans distinction de sexe, reste avant tout un cheminement d'émancipation, un cheminement qui permet à chacun de découvrir ses propres potentialités et de devenir maître de soi-même...
"Oser penser" comme le souligne le beau titre de l'ouvrage qui rassemble les principales interventions de Charles Porset. "Oser penser", cette préconisation solennelle, cet impératif qui ressemble tant au "Sapere Aude" des Lumières que Kant traduira par "Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Telle est la devise des Lumières".
Peut-être cette année...
D'autant que l'autorité du Grand-Maître Daniel Keller ne peut sortir que renforcée du vote de ce jeudi, au delà des initiatives estivales. Ce qui offre à l'exécutif de l'obédience de la rue Cadet une stabilité qui lui manque depuis quelques années.
Gérard Contremoulin
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