Loïc Nicolas : Charlie Hebdo ou la société malade de son verbe. Réflexions...
Docteur en Rhétorique et chercheur à l'Université Libre de Bruxelles, Loïc Nicolas travaille sur le langage comme véhicule de la pensée dans toutes ses dimensions. Il consacre une part importante de ses recherches aux rhétoriques de la conspiration.
Il aborde le 7 janvier en France dans un article publié dans Charlie-Hebdo :
L’effervescence médiatique est retombée. Mais les attentats de Paris n’en finissent pas de mettre en question nos modes de pensée et même notre langage. Docteur en rhétorique et chargé de recherches à l’Université libre de Bruxelles, Loïc Nicolas diagnostique les maux des mots.
Il développe aussi sa réflexion dans cet entretien :
La théorie du complot est un recours souvent utilisé par les polémistes à court d'arguments. Elle est d'autant plus pratique qu'elle présente l'impossibilité d'apporter la preuve de ce qu'elle avance comme justement la preuve du complot. CQFD !
Aujourd'hui...
Par quel artifice la maladie des mots que décrit Loïc Nicolas ne toucherait-elle pas les préceptes, les devises et notamment la première d'entre elles, celle de la République qui est aussi celle de la franc-maçonnerie ?
Cinq mois après Charlie Hebdo, quelques jours après la tuerie de Charlestone, après la énième manifestation du drame humain qui s'expose sous nos yeux aux portes de l'Europe notamment sur les plages de l'ile de Lampedusa, ou à la frontière franco-italienne de Vintimille, ou encore -horreur dans l'horreur- les homicides commis à l'intérieur même des bateaux de migrants entre membres de communautés religieuses, les uns jetant pas dessus bord les autres, le communiqué de police relatant les accusations pour "homicide multiple aggravé de haine religieuse" !!!
Et la franc-maçonnerie ?
"Améliorer à la fois l'Homme et la Société", ça veut dire quoi dans ce contexte ? Reprendre avec fierté notre devise et le faire régulièrement, ne suppose-t-il pas de s'arrêter sur l'Egalité ? S'y arrêter pour envisager sa déclinaison dans toutes ces situations qui déshumanisent notre quotidien. Pour tenter de sortir de la bulle dans laquelle notre recherche d'amélioration personnelle pourrait nous enfermer. Pour trouver les voies et moyens de faire oeuvre utile et mettre en acte cette "pratique de la solidarité" et la faire quitter le seul domaine du précepte...
Avec Joannis Corneloup pourrions nous dire alors que la Franc-Maçonnerie est nulle part et les francs-maçons partout... Non pas dans la théorie du complot mais dans l'altérité !
Gérard Contremoulin
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