Appartenance, affiliation, électeur, éligible...
Les mots sont de petits êtres qui vivent leurs propres vies, indépendamment parfois des réalités qu'ils sont censés traduire !
A moins qu'ils ne se laissent finalement apprivoiser par des significations voisines, devenant alors sources de mauvaises surprises...
A l'inverse, une même signification peut utiliser des mots différents pour se traduire en réalité. On retiendra (et comprendra) la signification la plus proche de ce que l'on veut comprendre sans mesurer nécessairement l'écart de sens...
Ces significations sont en général précisées dans des documents internes comme les règlements intérieurs, quels que soient les appellations.
Ainsi de l'appartenance et de l'affiliation.
De quoi s'agit-il ?
Prenons le cas de figure où l'on souhaite devenir membre d'une loge.
Une fois le processus accompli, la signification de cette démarche va se traduire par une "appartenance" à cette loge. A moins que, déjà membre d'une loge l'on souhaite être aussi et simultanément membre d'une autre. On va alors découvrir que l'on sera en situation "d'affiliation".
Dans un cas, on pourra voter pour toutes les décisions à prendre concernant tous les aspects de la vie de la loge, intérieurs et extérieurs. Dans l'autre cas, l'affiliation, on ne pourra voter que pour les aspects de la vie intérieure de la loge. On dit alors que l'on est "législateur" dans le premier cas, l'appartenance, et qu'on ne le sera pas dans le second.
Dans le premier on sera électeur et éligible aux fonctions de directions et de représentations de la loge de même qu'aux instances nationales de l'obédience, dans le second cas, on ne sera ni l'un ni l'autre !
Il devrait en être de même lorsque ce choix s'applique à plusieurs loges situées dans plusieurs obédiences. En effet, il est une règle communément admise dans les obédiences qui acceptent la réciprocité des visites, celle qui prévoit de n'être "législateur" que dans une seule loge et donc dans une seule obédience. Des dispositions des règlements intérieurs prévoient d'ailleurs explicitement cette restriction.
Conséquence de cette restriction, la cotisation dûe au titre de l'appartenance représente l'ensemble des charges dûes par les membres, adhésion, participation aux charges immobilières et de fonctionnement de la loge.
En revanche, la cotisation due au titre de l'affiliation est minorée de la part correspondant à l'adhésion.
En s'acquittant de la cotisation (que les maçons nomment la capitation), on devient législateur avec le pouvoir de voter sur toutes les questions concernant l'obédience (questions extérieures à la loge) et éligible aux instances nationales.
Bug !
Si l'on souhaite participer aux travaux de deux loges situées dans deux obédiences, et si l'on est obligé d'être en situation d'appartenance dans les deux loges, cela correspond à l'obligation de s'acquitter des cotisations complètes dans chacune. On acquiert alors les droits attachés à la situation de membre à part entière de chacune des associations et donc le droit de vote sur toutes les questions. On devient "législateur" et de facto "électeur" et "éligible" dans chacune des deux obédiences.
Et ceci en application des règles communes en vigueur dans le droit des associations.
Un jugement du TGI de Nice est clair sur cette question sur la base du principe constitutionnel de "liberté d'association".
Cela pourrait être le cas avec le vote du convent de la GLFF autorisant la "double appartenance" avec le GODF.
Et voilà le bug : être électeur et être éligible dans deux obédiences simultanément !
Corriger le tir est possible.
Voilà un devoir de vacances pour les délégués des loges du GODF avant le convent de Reims à la fin Aout !
Et puisque les soeurs de la GLFF souhaitent "négocier un amendement à la convention de 1982" et bien voilà un thème possible...
Il y a même dans les textes généraux du GODF une disposition qui pourrait parfaitement servir de base à une telle négociation puisqu'elle institue cette différence entre appartenance et affiliation et en décline les conséquences et les modalités de mise en oeuvre, quitte à l'adapter, c'est l'article 81 du RG...
C'est effectivement beaucoup moins "sexy" que les grandes envolées lyriques sur les principes mais beaucoup plus opérationnel pour qui veut rendre réellement applicable ce vote du convent de la GLFF.
Bonnes vacances...
Gérard Contremoulin
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