Le sexisme "ordinaire"...
Existe-t-il un sexisme "ordinaire" ? Il y aurait danger à le penser vu le peu de réactions que suscitent ces remarques aussi sottes que nauséabondes !
Non, il n'y a pas, impunément, de sexisme "ordinaire". Ce serait laisser penser qu'on pourrait être "un peu" sexiste. Or, il n'y a pas de penser ordinaire en matière d'inégalité.
Surtout lorsqu'une phrase finalement assez stupide, est prononcée par un élu dans l'exercice de ses fonctions au Sénat. Le sénateur "Les républicains" (ex-UMP) Jean-François Mayet, s'est laissé aller ainsi que le révèle la presse (par exemple, le Huffington Post, RTL).
Estimer que les femmes "sont quand même là pour faire des enfants" dans le contexte d'une discussion sur la féminisation d'une profession et qui plus est, qui se raréfie, n'est pas seulement stupide. C'est aussi la profession de foi de ceux qui veulent assigner à résidence les femmes dans la seule fonction qu'ils leur reconnaissent : la maternité ! Franchement, c'est à vomir...
La réplique de la sénatrice Chantal Jouanno, UDI : Elles ne sont pas là "pour" faire des enfants ; elles font des enfants, c'est différent !, est restée bien isolée... Pourtant, elle ne manque ni d'a-propos ni de pertinence. Comme si, finalement, tout le monde avait estimé que cette remarque était naturelle. Le bon-sens est le ressort dont il faut toujours se méfier, tant il est exemplaire de l'idéologie dominante... C'est la phrase qui échappe par la force de l'habitude... C'est surtout la marque que cette manière de considérer la femme n'émeut que ... quelques femmes !
Oui, quelques ! Car les femmes elles-mêmes peuvent se livrer elles-mêmes à ce genre de déclarations. Et lorsque ce sont des élues, cela devient tout simplement consternant.
Ainsi Valérie Pécresse, qui pense probablement faire de l'humour, dans cette vidéo :
Valérie Pécresse, députée "Les Républicains (ex UMP)
Mais l'Assemblée Nationale n'est pas en reste. Ce genre "d'humour" est aussi pratiqué par le député Philippe Le Ray (UMP) qui en 2013 croit spirituel de caquetter pour couvrir la voix de Véronique Massonneau, députée EELV et chercher à la déconcentrer.
Véronique Massonneau, députée EELV
C'est aussi les broncas que les députés de droite organisent lorsque Christiane Taubira prend la parole à l'Assemblée. Celle-ci est l'une des plus virulentes et le président devra suspendre la séance pour calmer les esprits !
Pour faire bonne mesure, j'ajoute qu'on se souvient, à gauche du "Liliane, fais les valises" de Georges Marchais, du "l'élection présidentielle n'est pas un concours de beauté" de Jean-Luc Mélenchon quand Ségolène Royal se porte candidate à la primaire socialiste ou du "Qui est-ce qui va garder les enfants ?" de Laurent Fabius alors que Ségolène Royal annonce sa candidature à la présidentielle...
Toutes ces phrases et quelques autres ici.
En mai 2015, 40 femmes journalistes publient dans Libération un texte dans lequel elles dénoncent le sexisme des hommes politiques, de la remarque déplacée au harcèlement sexuel !
Que ces propos émanent d'hommes politiques, de droite comme de gauche, plutôt enclin à ménager l'électorat, notamment féminin, et donc à ne pas le choquer, est affligeant !
Le contexte jihadiste.
Aujourd'hui, des millions de femmes sont directement concernées par l'application de la Charia. Que leurs droits les plus élémentaires sont bafoués, l'éducation, le travail, la libre circulation, la majorité légale...
Résolution.
Dans un tel contexte, il faut certainement se méfier du discours à double entrée que constitue l'humour. Bien sûr, le principe de la liberté de penser ne doit pas être remis en cause. Le droit qu'il génère, la liberté d'expression, est imprescriptible. Mais il n'exempte pas de la réflexion sur les conséquences d'une mauvaise compréhension. La loi de 1881 sur la liberté de la presse nous montre, par ses multiples évolutions, non seulement que la volonté populaire est d'encadrer ce droit mais que c'est encore une tâche bien délicate et ô combien complexe...
S'agissant du sexisme, est-il convenable de jouer sur un hypothétique 2° degré de compréhension :
- alors que l'égalité homme-femme est encore sur la planète le véritable enjeu des droits de l'Homme ?
- alors que le principe même de cette égalité est contestée par la Charia et donne lieu à une véritable bataille idéologique qui se prolonge sur le terrain politique par le terrorisme ?
- alors que sur le fond, c'est l'existence même d'un 2° degré qui est contestable... En quoi le fait de déprécier la place de la femme dans la société en lui confiant les tâches subalternes au travail, voire à considérer qu'elle n'a pas à travailler puisque son rôle premier sinon essentiel serait de "faire des enfants"... serait-il un trait d'humour ?
Le moment est venu d'envisager qu'en cette matière l'humour n'a pas sa place.
Qu'en fait ce n'est pas de l'humour !
C'est oublier que l'humour, c'est faire rire de soi-même, pas des autres !
C'est là tout juste une manière de dissimuler une pensée, et en fait une opinion condamnable sur les rapports humains.
Gérard Contremoulin
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