Vincent Lambert, enjeu d'un sinistre combat intégriste...
Un nouvel épisode s'ouvre dans la situation de Vincent Lambert ! Il est révoltant.
Si je me permets ce qualificatif qui prend ouvertement parti, c'est compte tenu des derniers développements où en plus de l'affrontement des membres de sa famille, ce qui était déjà amplement critique, des fondamentalistes catholiques font irruption et profèrent des menaces d'enlèvement !
Ces pressions sont exercées au moment où l'équipe médicale se réunit pour un nouvel examen des suites à donner à la situation de Vincent Lambert, tétraplégique depuis 6 ans et dans un état végétatif. Devant ces pressions, le corps médical décide de ne pas décider et de s'en remettre aux juges...
Rachel Lambert, l'épouse de Vincent Lambert, n'a plus que des larmes pour évoquer la perspective qu'ouvre cet épisode et quelques mots : "Je se sais pas si on peut avoir encore l'espoir que Vincent soit entendu."
De son coté, Viviane Lambert, la mère de Vincent Lambert, mène un combat dont on peut se demander la nature réelle. On connait son attachement à la Fraternité Saint Pie X, communauté intégriste catholique fondée par l'archevêque Marcel Lefebvre. Elle menace de porter plainte pour "tentative d'assassinat" !
Elle est maintenant conseillée par Mme Isabelle Muller, "une proche de l'Opus Dei"...
Révoltant.
Des convictions religieuses et les moyens d'actions mises en place par les militants qui s'en réclament ont réussi à supplanter dans la réflexion du corps médical les recommandations et l'avis de la CEDH !
Cet épisode ouvre une phase très critique qui réinstalle la conviction religieuse, qui doit rester dans une société laïque du domaine de la conscience individuelle, à égalité avec une décision de justice, qui doit s'imposer à tous puisqu'elle représente la société...
Débat de société ?
La situation de Vincent Lambert ouvre évidemment le débat. Il met aux prises des convictions certes profondément ancrées dans nos habitudes de penser, dans nos représentations de la vie et de la mort et convoque notre propre positionnement devant elles...
S'agit-il pour autant d'un débat de société au nom duquel s'affronteraient des tendances irréconciliables ? C'est ce que voudraient nous imposer les tenants d'une cosmogonie où le transcendental serait la norme de la pensée, relégant la raison humaine dans un rôle second, subalterne.
Ce n'est pas ma façon d'envisager les choses. Mais il est indéniable que c'est une menace...
Le droit de mourir.
La question de la vie et de la mort est une question profondément humaine. Elle ne me semble pas devoir être référée à d'autres principes que ceux du raisonnement humain. C'est de la responsabilité de l'Homme de décider et, tout comme la femme s'est battue pour finalement obtenir le droit de décider elle-même, en conscience, de donner la vie sans autre considération que son propre choix, il appartient à l'être humain de décider -lui-même- de sa propre mort, soit qu'il se la donne, soit qu'il décide de se la faire donner !
Dans l'un et l'autre cas, il s'agit du respect que l'on doit à la personne humaine. Et rien n'est plus important que la personne humaine. Aucune considération, de quelque nature qu'elle soit, ne peut s'interposer entre l'Homme et sa propre décision dès lors qu'elle est prise ou transmise dans des conditions définies et contrôlées par la loi de la République.
Car il faut une loi qui -explicitement et sans détours ni faux semblant - reconnaisse un tel droit, l'encadre et en contrôle l'exercice.
Gérard Contremoulin
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