Rite Français : vous avez dit "patente" ?
"La Maçonne" aurait-elle retrempé sa plume électronique dans un baquet "d'anti-GODF-isme"...
Oh, elle n'est pas la seule. Certaines soeurs de la GLFF en sont coutumières dans les pires moments, imitant en cela les "hiérarques d'avant" de la rue Puteaux (GLDF) !
Le symptôme est désormais bien identifié. Il se manifeste soit par l'ingénieux effort qui consiste à réussir à ne jamais mentionner l'acronyme "GODF" (voir son article sur le communiqué commun des 28 obédiences européennes à propos des réfugiés), soit par l'emploi du mot "hégémonie", véritable mot magique décliné dans toutes les formes : substantif, adjectif qualificatif et sur tous les tons, opprobre, indignation (plus ou moins feinte), moquerie (plus ou moins inspirée), dénonciation (carrément assumée), etc.
Là, le point d'application du prurit est une question relative à la patente du Rite Français et notamment une patente qu'elle paraît défendre et qui est un faux !
De quoi parle "La Maçonne" ?
Dans la fin de cet article, elle évoque celui que signe Paul Leblanc, président de la Commission d'Histoire du Grand Chapitre Général du GODF, dans le n° 6 de la revue Critica Masonica, qu'il a intitulé "Le Rite Français, ne varietur".
Particulièrement intéressé par ce dossier, j'ai contacté Paul Leblanc.
S'il se réjouit que La Maçonne soit plutôt favorable à son article, il regrette qu'elle en profite à la fin pour mettre en cause "l'hégémonisme du GODF" à travers la Charte de Lisbonne et prenne la défense de la patente bésilienne et du frère Victor Guerra, à l'origine de cette mystification.
Cette réaction devait m'être confirmée et expliquée par Jorge de Portugal Branco, Grand Secrétaire aux Affaires Extérieures du GCG, dont la mission suppose de trouver avec nos Soeurs et nos Frères des voies authentiques et fidèles à la tradition pour développer le rayonnement des idéaux et des valeurs du Rite Français.
Voici sa réaction :
Il s'agit d'une vieille imposture et notre Soeur blogueuse a plusieurs textes de retard, dont celui de Roger Dachez et Pierre Mollier qui confirment la légitimité de la position du GODF et de son Grand Chapitre Général.
Nous savons depuis longtemps que Victor Guerra fait les citations tronquées qui l'arrangent, raison pour laquelle ni Roger Dachez, ni Jean-Claude Porset, ni Ludovic Marcos ou Pierre Mollier ne veulent être cités par lui. Car il lui arrive, parfois de prendre quelques libertés avec la vérité historique, tout simplement.
La "reconnaissance" par le GODF de la Juridiction du Rite Français au Portugal en juin 2004 s'appuie sur le fameux document soi-disant signé par Jean-Michel Quillardet en qualité de Grand-Maître.
Dommage pour la thèse de Victor Guerra qu'à cette date, cette fonction ait été occupée par Bernard Brandmeyer ! En effet, Jean-Michel Quillardet a été élu Grand-Maître l'année suivante en 2005, au dernier Convent qui se soit tenu à Paris !
Par ailleurs, les travaux de Roger Dachez prouvent que le GODF n'a jamais octroyé de patente des Ordres de Sagesse au Grand Orient Lusitanien. Un Frère portugais, le Chevalier José Hypolito da Costa a bien été reçu au GODF vers 1800, mais c'est tout, la relation s'arrête là.
S'il prend ensuite l'initiative de la faire connaître au Portugal et plus tard au Brésil, c'est de sa propre initiative. Et elle n'a, quoiqu'il en soit, rien à voir avec le GODF.
Dès lors, on voit mal comment une Patente inexistante aurait pu rayonner, au Brésil ou ailleurs.
Vient ensuite l'autre question, la soi-disante "continuité" de la pratique du Rite Français au Portugal. C'est faux et pour deux raisons !
D'abord, parce que cette Patente (inexistante, je le répète !) a été confiée, documents à l'appui, au SC33REAA du Grand Orient Lusitanien en 1939 et formellement rendue en 2004, ce qui représente une interruption de 60 ans au moins, selon les documents même des intéressés.
Ensuite, parce que les deux très prestigieux Frères qui sont censés avoir continué de pratiquer le Rite Français (l'un tout seul et l'autre en exil ?) auraient été centenaires...
Vient ensuite la soi-disante "continuité" de la pratique au Brésil, elle est également fausse. Les Ordres de Sagesse y ont été pratiquées à nouveau (et, je répète, irrégulièrement) seulement à partir des années 1950.
De fait et comme en France, la pratique des Ordres de Sagesse du Rite Français a été suspendue partout au cours du XIX° et de la première moitié du XX° siècle. Mais - et c'est également signalée par Roger Dachez et Pierre Mollier- il est clairement établi qu'au GODF le Rite Français a été conservé au sein du Grand Collège des Rites.
Et que dire de ce propos de "La Maçonne" selon lequel "seuls 11 Chapitres" seraient signataires de la Charte de Lisbonne en 2011... Une connaissance plus approfondie de ce dossier aurait permis à notre Soeur blogueuse de constater qu'il y avait 18 Grands Chapitres Généraux à cette époque et qu'il en existe aujourd'hui 24 dans le monde. Ils sont réunis dans le Comité Ramsay, présidé par Jean-Pierre Catala, ancien Très Sage et Parfait Grand Vénérable du Grand Chapitre Général du GODF !
Quant à la participation du GODF ou de son GCG à l'URMURM,c'est simplement faux - bien évidemment.
Pour ma part, j'ajouterai une question.
Pourquoi notre Soeur déploie-t-elle autant de vigueur (et avec une réelle constance) dans ces questions de patente ? Il existe pourtant une règle assez simple relative à la continuité d'un Rite, quel qu'il soit, et qui en assure la garantie (voir la notion de "garant du rite"), c'est la non cessibilité. C'est-à-dire que lorsque B reçoit une patente de A, il ne peut pas la "céder" à C.
Cette question fut actualisée à la Grande Loge Féminine de France, en juin 2013, à propos d'une dissidence au sein du Rite Français des Grades de Sagesse. Un désaccord avait poussé quelques soeurs de Boulogne sur Mer, suspendues du Grand Chapitre Général Féminin de France, à créer un "Sublime Conseil Féminin du Rite Moderne pour la France ", présidée par Danielle Maerten.
Il leur fallait donc trouver une patente pour espérer pouvoir se faire reconnaître des autres Grands Chapitres. Elles s'en firent remettre une par le Grand Chapitre Mixte de Belgique qui la tenait lui-même d'une juridiction ... brésilienne !!!
"Et voilà pourquoi votre fille est muette", comme aurait dit Jean-Baptiste Poquelin...
Notre Soeur "La Maçonne" aurait-elle quelque intérêt à défendre ?
Au demeurant, une lecture attentive de la présentation de ces "Sublimes Conseils" telle qu'elle est faite ici, montre le fossé qui séparent ces deux conceptions du travail des souverains chapitres...
Gérard Contremoulin
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