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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

15 Nov

Un acte de guerre commis et revendiqué par Daesh.

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Réflexions - Conférences - TBO

Un acte de guerre commis et revendiqué par Daesh.

Ce vendredi 13 devait être la Journée de la Gentillesse. Il se terminera en cauchemard sanglant. Chacun de nous, en région parisienne et bien au delà, connaît un proche, un ami qui déplore l'une des 480 victimes quand ce n'est pas directement l'un des siens. Respect pour leur douleur.

 

Paris, à nouveau la cible d'attentats dans la soirée de ce vendredi 13 novembre 2015, pleure 129 morts et plus de 352 blessés dont 99 en état "d'urgence absolue"... "C'est une horreur" dit le Président de la République. Les écrans de télé en affichent les images.

 

Plus le temps s'écoule depuis ce vendredi soir, plus ces mots finissent par résonner, au fil des informations qui courent sur les médias, à l'unisson de ce qu'il annonce ensuite : "C'est un acte de guerre qui a été commis par DAESH contre les valeurs que nous défendons." Ce que confirmera samedi matin l'organisation terroriste en revendiquant ces actes dans un texte en arabe et en français. Un texte qui s'appuie sur une citation tronquée d'une Sourate du Coran, qui "omet" deux versets, les versets 1 et 3, pour ne retenir que celui qui permet l'interprétation la plus erronée.

 

En visite à Paris ce samedi, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, déclare : "Paris, la ville des Lumières est victime d'agissements barbares, c'est la lutte de l'obscurantisme contre les Lumières". Et il ajoute que  "La réponse doit être une réponse collective, une réponse solidaire". On se souvient des deux tireurs armés d'une kalachnikov, sur la plage de Sousse et au Musée du Bardo...

 

Et en effet, les capitales dans le monde se parent de bleu, de blanc et de rouge venant à l'appui de leurs messages de solidarité et de soutien.

 

 

A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.
A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.
A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.
A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.
A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.
A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.
A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.
A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.

A voir sur la page Facebook d'Anne Hidalgo, Maire de Paris.

Photo postée par le groupe AC/DC

Photo postée par le groupe AC/DC

 

La France serait donc en guerre...

En janvier, les assassinats à Charlie, à la porte de Vanves, à l'hypercasher de la porte de Vincennes ciblaient des intellectuels, des représentants de la force publique, un lieu fréquenté par une communauté religieuse. On déplorait des victimes, des individus, identifiables en tant que tels. 

 

Le 13 novembre, ce sont des actions de terrorisme aveugle, qui visent des moments de vie, un match de foot, un concert de rock, des terrasses de café, bref, une manière de vivre librement ses propres choix... Elles se déroulent lors de rassemblements populaires colorés d'un véritable multiculturalisme, que ce soit au Stade de France, au Bataclan ou aux terrasses des cafés des 10° et 11° arrondissements. 

 

Et depuis vendredi soir, chacun y va de son couplet sur l'état de guerre dans lequel la France serait entrée.  

 

L'emploi du conditionnel n'est pas ici une pudeur ou pire une prudence, c'est le doute devant les conséquences que peut induire ce concept. L'état de guerre n'est pas anodin pour les libertés publiques, pour l'exercice des libertés individuelles, du libre-arbitre... Le courage ne réside-t-il pas davantage dans la réflexion que dans la passion souvent aveugle du "va-t-en guerre"...

 

La phraséologie employée.

Depuis la première allocution du Président Hollande, vendredi soir, c'est celle de la montée vers la guerre. Elle utilise les mots clés qui préparent à accepter les mesures restrictives des libertés publiques que requiert toute situation de conflit. 

 

D'abord la multiplication de la parole présidentielle et l'occupation de l'espace de communication par les leaders politiques. En quelques heures, François Hollande parlera 3 fois. Dans l'intervalle, le ministre de l'intérieur, le ministre de affaires étrangères mais aussi les responsables de l'opposition vont aller de médias en médias pour donner leurs commentaires.

 

Et sous les propos tenus se profile déjà une surenchère, notamment sécuritaire, où vont s'affronter deux conceptions politiques : l'universalisme des valeurs de la République et l'identitarisme de la société française fondée sur les valeurs chrétiennes.

 

Les mesures conjoncturelles.

 

L'état d'urgence.

C'est un dispositif encadré par la loi qui donne aux pouvoirs publics, dans des circonstances particulières, des moyens d'action spécifiques. Les manifestations publiques, les réunions publiques, les spectacles peuvent être interdits, des perquisitions peuvent être organisées, etc. C'est une première marche dans la restriction de l'exercice des libertés publiques. 

 

La convocation du Congrès à Versailles.

Les deux assemblées seront réunies en Congrès lundi à Versailles. Habituellement, le Congrès est constitutionnellement réuni pour modifier la Constitution. Le réunir, qui plus est, avec une communication du Président de la République, solennise à la fois les propos qui seront prononcés et les commentaires qui s'ensuivront.

 

Précédée par la consultation de tous les responsables politiques, FN compris, par le Président, cette réunion devient un moment décisif dans cette période.  

 

La décision d'un deuil national de trois jours.

C'est un rite républicain qui vise à rendre un hommage national aux victimes. C'est une décision légitime, en parfaite adéquation avec la situation.

 

La référence à l'Unité Nationale.

Concept flou, qui n'est que très rarement défini, il surfe sur les états de crise comme un concept valise permettant de paraître défendre l'unité politique de la Nation. Et l'on assiste à cet exercice périlleux où les deux responsables de l'exécutif en appellent au rassemblement des français, à la force qu'ils représentent lorsqu'ils sont rassemblés, à la France forte de son peuple. Les responsables de l'opposition, à l'exception du bordelais Alain Juppé, s'empressent de marquer leurs différences et de poser leurs conditions à la réalisation d'une unité nationale dont ils soulignent, tous, la fragilité, marquant ainsi son éphémérité, si toutefois elle venait à se réaliser. 

 

C'est la caractéristique du système politique de la V° République de placer la surenchère comme vertu cardinale de l'élection ! Comment, dès lors que l'on est en période pré-électorale (les régionales et la présidentielle), réaliser cette "Unité Nationale" ? 

 

Unité nationale, union populaire ou rassemblement citoyen ?

En fait -et c'est aujourd'hui, un véritable défi pour le personnel politique- l'union du peuple se fait non pas sur une base politique mais sur la base de relations interpersonnelles de solidarité, de compassion, d'entraide.

Témoin ces propositions spontanées des riverains des 10° et 11° arrondissements d'accueillir des gens dans l'impossibilité de rentrer chez eux.

Témoin encore ces rassemblements spontanés de parisiennes et de parisiens, pourtant largement déconseillés par la Préfecture de Police, devant le Bataclan ou Place de la République, la "Place Charlie" ...

 

Lorsque les circonstances imposent le respect des victimes, tombées sous les coups du terrorisme politique, le besoin de se retrouver au delà des différences d'opinion, au delà des options contradictoires, joue comme une force centripète qui nous pousse, qui nous projette les uns vers les autres...

 

Et les réseaux sociaux, signe des temps, ont joué un rôle important dans la circulation de l'information, essentiel pour les propositions d'hébergements. Notamment la possibilité avec Facebook ("Tout va bien ?") de donner des infos sur la sécurisation des situations personnelles.

 

De même, les files d'attente devant les hôpitaux pour donner son sang traduisaient bien cet élan de solidarité, d'autant plus significatif qu'il était spontané, un quasi-réflexe.

 

Alors, est-ce cela l'Unité Nationale ? Pourquoi pas ? Mais elle n'est probablement pas ce que les politiques voudraient qu'elle soit. Ce que nous vivons en ce moment, ce n'est pas un besoin de taire nos différences, c'est davantage celui de les dépasser et de se rapprocher pour dire, pour afficher, pour vivre ce qui fait que nous sommes membres de la même communauté nationale, une communauté de citoyens.

 

Et la "guerre" ?

Dans l'état actuel des réalités politiques et géostratégiques, il est essentiel de ne pas légitimer cette appellation erronée "d'Etat Islamique", Daesh n'est pas un Etat ! Pas de territoire, pas de reconnaissance internationale, pas de langue spécifique, pas de culture... Or, une guerre se déclare entre Etats. Si elle est le moyen, par l'intermédiaire de leurs armées respectives, de modifier une situation où la diplomatie n'a pu aboutir, une guerre commence par une déclaration et se termine soit par un armistice, soit par une situation de victoire/capitulation.

 

Rien de tel avec Daesh. Pas d'armée mais des mercenaires embrigadés dans une idéologie totalitaire qui se fixe pour objectif d'étendre le fondamentalisme islamique à toute la planète et sa loi la Charia, à commencer par l'Europe. 

 

Il n'est donc pas exact ici de parler de guerre. Sauf à vouloir développer une idéologie sécuritaire dans laquelle la principale conséquence est la restriction des libertés individuelles et l'intensification des mesures corcitives.

 

Néanmoins, il est tout aussi clair que notre pays doit faire face maintenant et avec la plus grande détermination à des opérations terroristes qui peuvent frapper aveuglément partout, créant une situation permanente de peur et d'effroi et finalement qui vise à diviser notre peuple, c'est-à-dire à le soumettre. 

 

C'est la responsabilité des politiques de ne pas sombrer dans ce piège et c'est aux citoyens, à nous, de ne pas céder à la peur et de continuer à vivre. 

 

 

La responsabilité européenne.

Mais cette situation, si elle conduit les capitales dans le Monde à manifester leur soutien à la France en se parant des couleurs de notre drapeau, braque aussi le projecteur sur les pays de l'Union Européenne.

 

Si on a pu être sensible à la solidarité de David Cameron s'exprimant dans la langue de Molière, aux propos d'Angela Merkel, on a beaucoup attendu ceux de Jean-Claude Juncker, président de la Commission. Et lorsqu'il prend la parole, presque 36 heures plus tard, c'est pour dire que les "évènements de Paris" ne doivent pas modifier l'agenda européen !!!

On peut difficilement être plus réfrigérant !

 

Pourtant, les traités européens prévoient l'aide européenne en cas où un pays membre est victime d'actes de terrorisme (article 42.7 du Traité de l'Union). M. Juncker l'ignorerait-il ou pense-t-il à une alternative ?

 

Solidarité européenne : construire un nouvel humanisme...

Quoiqu'il en soit, les francs-maçons, soeurs et frères, en Europe savent à quoi s'en tenir avec les institutions européennes. Sans nier en aucune manière leur existence et en en respectant les travaux, ils ne sont pas spontanément enthousiastes à l'idée qu'elles seraient les seules architectes de la construction européenne...

 

An contraire, il existe sur la base des contacts entre les peuples, entre les citoyens et pour tout dire entre les francs-maçons, leurs loges et leurs obédiences des relations sur lesquelles s'effectuent des travaux, se développent des réflexions, se construisent des perspectives,  s'affirment des solidarités, tous indispensables à l'émergence d'une véritable identité européenne. On ne peut pas penser qu'elle puisse naître par le seul mérite de textes venus "d'en haut" ! Elle ne peut, éventuellement naître qu'avec le concours actif des peuples sur la base d'un acte fondateur, véritablement issu de leurs rangs.

 

C'est à ce travail que les francs-maçons devraient s'attacher. Et les "évènements de Paris", clairement identifiés comme la volonté d'un groupe surpuissant de fondamentalistes islamistes, sans aucune attache avec la religion musulmane, de s'attaquer aux valeurs portées par notre société, peuvent jouer un rôle fédérateur. Car la logique de Daesh a aussi produit ces actes de terrorisme aveugle en Belgique, en Tunisie notamment et sont ressentis désormais comme une véritable menace.

 

Tant et si bien que la Liberté, l'Egalité, la Fraternité, comme l'a redit, en français, le Président Barack Obama, sont des valeurs universelles. Ce sont aussi celles de la franc-maçonnerie libérale. Reste à comprendre comment elles peuvent être comprises par les peuples des pays de l'Europe, comment elles peuvent résonner dans les consciences individuelles et collectives, comment elles peuvent prendre corps dans leurs cultures. Car il faut en finir avec cette pratique néocoloniale qui consiste à croire que les français auraient les solutions universelles, exportables urbi et orbi !

 

On voit bien que la guerre, si guerre il y a, contre le terrorisme ne peut pas se gagner par les armes classiques des armées. Le terreau sur lequel tout terrorisme se développe est d'une autre nature. Et là, les seules armes qui vaillent ne sont pas celles du nouveau "Balardgone". Certes, elles permettront de réagir face aux actes de terrorisme eux-mêmes.

 

Mais celles qui sont susceptibles de permettre l'éradication du terrorisme, de l'éradication de ses racines, sont de nature beaucoup plus complexe et le débat entre Dominique de Villepin et Hubert Védrine dans la vidéo ci-dessus en donne un aperçu. La complexité de ces causes ne permet pas de penser qu'on pourra venir à bout de ce terrorisme-là par une confrontation armée. Surtout lorsqu'elle ne repose que sur un seul pays puisqu'aucun accord international ne vient "autoriser" la constitution d'une telle force. Les français sont effectivement bien seuls !

 

Parmi les causes de cette complexité, on ne peut écarter le terreau sur lequel il peut prospérer. Si la situation économique et sociale de certains quartiers en France en constitue un élément, il n'est pas le seul et la radicalité jihadiste se retrouve également ailleurs. De sorte que la lutte contre la radicalité doit s'adapter à une réalité mouvante afin d'en épouser tous les contours. Là encore, les armes ne peuvent pas être seulement militaires... Ce n'est pas avec elles qu'en démocratie, on lutte contre une idéologie. Et c'est bien là sa grosse difficulté.

 

 

Devant la réalité idéologique du discours de radicalisation, ce sont celles de la conviction, celles de l'intelligence... Et là, en dehors de l'augmentation d'un budget de la formation de la conscience citoyenne, point n'est besoin de grossir celui de l'état-major des forces armées...

 

 

 

Place de la République, le 11 janvier 2015...

Place de la République, le 11 janvier 2015...

Gérard Contremoulin

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J
Soyons lucides ! Nous sommes en guerre. Mais ne nous trompons pas de cible. Notre ennemi n'est pas une civilisation, encore moins une religion ou une ethnie.L'ennemi est une bande de voyous sans foi ,ni loi, qui sous couvert d'intégrisme religieux de façade tue celle ou celui qui lui barre le chemin avec pour seul but de détruire toute forme de culture, de lumière rationnelle qui lui diffère...et ces voyous lâches et meurtriers disposent de moyens financiers énormes et recrutent dans la crédulité de laissés pour compte d'une société exclusivement tournée vers la rentabilité , l'argent et le pouvoir.<br /> Alors il faut nous rassembler avec nos valeurs républicaines, notre seule vraie identité à tous,quelques soient nos choix différents et combattre ces voyous.Exiger que tous les pays d'Europe se joignent à nous, mais aussi Américains, Russes, Anglais, Israéliens et bien d'autres encore pour éradiquer ces meurtriers fous épris d'obscurantisme et de sang.JFVC
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S
Oui, soyons lucides !<br /> Cette "bande de voyous" ne doit pas nous faire confondre un état de guerre et la volonté de l'empêcher de nuire... La conséquence n'est pas la même en matière d'exercice des libertés publiques. Or ce sont elles qui représentent le mieux cette manière de vivre, cible de Daesh... Ils auraient parfaitement atteint notre objectif si nous acceptions de laisser ce réduire nos libertés publiques. Or c'est ça la conséquence de l'état de guerre !<br /> Alors, oui, soyons lucides !
M
Belle analyse, mais de la réflexion à l'action ce n'est pas gagné, compte tenu de la diversité des orientations des francs-maçons eux-mêmes qui fait autant leur force que leur faiblesse ; mais n'est-ce point là leur vocation même, voire leur génie ? Mamine.
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D
Personne ne sait avec précisions les buts des hauts dirigeants de DAESH.<br /> Il semble d'après certains témoins les ayant connus dans une "autre vie" (avant l'écroulement du BAAS de Saddam Hussein) qu'ils étaient des gradés de l'armée de Saddam.<br /> Utilisation d'un cathéchisme coranique rudimentaire pour galvaniser la chair à canon ?<br /> Autre but en réalité qu'un simple but musulman ?<br /> Rappellons nous que nous ne connaissons pas tout sur les années 90 de l'Algérie.
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