Pinok et Matho : Une saga du Mime
Pinok et Matho connaissent tout particulièrement l'art du mime qu'elles pratiquent depuis plus de 40 ans ! Elles ont réalisé un ouvrage aussi documenté que captivant sur son histoire, des origines aux années 1970, qu'elles nous présentent en souscription.
Qu'elles aient choisi de parler de "Saga" montre à quel point cet art n'est devenu majeur qu'à la suite d'une longue période d'évolutions, de brassages entre différentes cultures et enfin de maturation.
Le Mime doit ses lettres de noblesse à Jacques Copeau et son école du Vieux Colombier puis à Etienne Decroux qui l'a doté d'une codification, véritable grammaire gestuelle : "le mime corporel".
Etienne Decroux
Des élèves prestigieux.
Son propre fils d'abord, Maximilien, qui sera l'interprète et le partenaire de son père avant d'ouvrir sa propre école et fonder sa compagnie.
Et puis, Jean-Louis Barrault et Marcel Marceau...
Et Pinok et Matho...
Deux jeunes sportives de l'ENSEPS de Chatenay-Malabry en 1959, vont rejoindre, entre autres, Etienne Decroux. Elles vont devenir "Pinok et Matho", un duo de mimes qui a largement parcouru les scènes et contribué à faire aimer leur art.
Extraits du livre :
"Pinok et Matho ont étudié le mime avec Étienne et Maximilien Decroux, ainsi que la danse avec Mireille Fromantel, Karin Waehner, Yuriko et Pearl Lang (école Graham), René Deshauteurs (jazz), et le solfège corporel avec Valérie Roth (méthode Dalcroze).
Elles se rencontrent à l’École normale supérieure d’éducation physique et sportive (ENSEPS) de Châtenay-Malabry en 1959. L’une comme l’autre n’étant pas issues d’un milieu d’artistes, rien ne laissait prévoir leur destinée. Cependant, on pourrait déceler dès l’enfance et l’adolescence quelques traits, penchants et signes avant-coureurs qui sans nul doute entrèrent en compte et déterminèrent, sinon une vocation précoce, au moins l’envie d’envisager le corps comme un révélateur d’expression et non seulement sportif ou athlétique."
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"Les mimes, jusque-là, ne nous habituaient pas à de telles variations de registre. Insolites, drôles, intenses ou dérangeantes, elles nous entraînent dans un univers où cohabitent la dérision, l’humour, le cauchemar, la tragédie, le rituel théâtral. Elles nous invitent à traverser les apparences jusqu’à l’intimité obscure de l’être, vers les gouffres du sommeil, jusqu’aux portes de la mort."
"Jean-Louis Barrault les découvre au théâtre des Nations (théâtre Récamier) lors du montage présenté par Nicolas Bataille où Pinok et Matho jouent Totem et Temps distillé. Il préface alors leur press-book : « L’art du mime est constamment menacé par deux dangers : le jeu des métiers et l’infirmité vocale. Trop souvent, hélas ! il tourne à la devinette : – Qu’est-ce que je fais là ? – Vous êtes dans un bateau. – Et là ? – Vous rabotez du bois, etc., ou bien par le langage anecdotique du geste il ferait dire au spectateur : Il ne lui manque que la parole. Pour remédier à ces deux inconvénients, le mime doit donc créer un climat où il soit nécessaire de s’exprimer par le corps et pas autrement. Cela exige une intériorité exceptionnelle."
J'ai eu le grand bonheur de les rencontrer dans une "performance" dans les années 64-65, à l'occasion d'un stage d'art dramatique organisé par le metteur en scène Armand Dreyfus qui y avait également invité Etienne Decroux.
Quelle n'était pas notre surprise de jeunes élèves comédiens façon conservatoire, de découvrir tout le potentiel du corps, dépourvu de la voix (!), dès lors qu'il devient un outil parfaitement maîtrisé...
Et puis, ce permanent dialogue avec la ... pesanteur. Partenaire inséparable du mime, la pesanteur lui permet de donner de la consistance à son personnage, presque de l'affect. Il n'est que d'observer dans la vie comment elle nous enveloppe et dessine nos réactions vis-à-vis de nos sensations, nos peines, nos joies...
Et quelle poésie !
Pinok et Matho donnaient à leurs personnages, à partir de situations sommes toutes assez classiques, parfois banales, des perspectives inouies où l'évocation par le geste et par l'attitude redonne à l'être humain sa dimension poétique, une ouverture vers l'universel.
Mieux que la voix, peut-être, la gestuelle corporelle invite à la méditation, à la réflexion et transmet cette part particulière de la pensée que chaque être humain partage avec ses semblables. Et très certainement mieux que les mots, le mime nous parle de symboles !
Transmettre.
Pinok et Matho semblent considérer, dans une perspective humaniste et progressiste que l'art, sans disciple n'est qu'une partie de lui-même, une avenure inachevée. Aussi ont-elles toujours conjugué création, représentation et transmission.
Le Tremplin-Théâtre.
Au delà, en octobre 1990, elles créent le "Tremplin-Théâtre". Une salle d'une cinquantaine de places, conçue pour accueillir les "créateurs qui souhaitent se manifester devant un public, en somme un tremplin au service d’œuvres inédites, de nouvelles écritures dans tous les domaines du spectacle : théâtre, mime, poésie, danse, musique, chanson française etc…".
Pinok et Matho, infatigables artistes après plus de quarante ans de créations, de représentations, de formations et de stages, poursuivent la transmission. L'ensemble de leur expérience les place parmi les meilleurs connaisseurs de leur discipline artistique.
Cette "Saga du Mime" va nous permettre de nous familiariser avec les protagonistes, leurs oeuvres, leurs créations. Le témoignage de Pinok et Matho est précieux pour nous accompagner dans la découverte de cette part de l'histoire de l'Art.
Pour souscrire
au prix de 26€ :
Gérard Contremoulin
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