La tradition du Poisson d'avril reste un exercice de style où son auteur choisit parfois l'humour comme vecteur. A n'en pas douter c'est le cas, cette année, à la Grande Loge de France avec ce "communiqué du Suprème Conseil de France".
Jugez-en par ce texte :
A L G D G A D L U, Ordo ab chao, Deus meumque jus, au nom et sous la juridiction du Suprême Conseil des Souverains Grands Inspecteurs généraux du 33e et dernier degré du REAA pour la France.
COMMUNIQUÉ À TOUS LES MEMBRES DE LA JURIDICTION
Paris, le 1er avril 2016
A vous tous Mes Très chers Frères, en vos grades et qualités,
Jusqu'en 1894, le Suprême Conseil de France gouvernait tous les Ateliers du Rite Écossais Ancien et Accepté du 1er au 33e degré. Depuis cette date, les Ateliers des trois premiers degrés du Rite sont placés sous l'administration de la Grande Loge de France. Cette rupture s’est faite sous les pressions de mécréants et anarchisants qui ont entrainé des Loges à se soustraire à l’autorité du Suprême Conseil de France.
Notre puissance maçonnique indépendante et souveraine a continué d’exercer sa juridiction exclusive et sans partage sur les Ateliers du 4e au 33e degré. Cependant la séparation en deux puissances maçonniques du gouvernement du Rite Écossais Ancien et Accepté, opérée sur un plan purement administratif et non pas initiatique, n’a nullement constitué une remise en cause de l'unité du Rite du 1er au 33e degré dont le Suprême Conseil est conformément aux textes fondateurs du Rite, le seul conservateur et seul gardien de sa Régularité pour la France.
Cette séparation de 1894 a toujours été considérée comme illégitime par tous les Frères réellement attachés au Rite Écossais Ancien Accepté. Il fallait donc bien qu’un jour l’unité se fasse.
Cela était d’autant plus impératif que la Grande Loge n’a eu de cesse depuis 1894, de « tordre » les rituels dans tous les sens au point de les dénaturer au fil du temps ! A confondre mauvaises habitudes et justes pratiques, le Rite a perdu peu à peu de sa portée initiatique pour n’être plus que gesticulations théâtrales. On a constaté les dérives successives de nos pratiques qui, à force d’ajouts ou de suppressions risquaient de faire de nos Rituels des coquilles vides et nos Loges initiatiques d’aimables coteries de gens bien nés. Les membres de la GLDF ne comprenaient pas et ne comprennent toujours pas que la démarche initiatique inspirée par notre Spiritualité Écossaise exige la pratique rigoureuse du Rite Ecossait Ancien et Accepté transcendée par l’intervention verticale du Grand Architecte de l’Univers, s’appuyant sur la Bible.
Il nous fallait « recoller » à la Tradition ce qui a motivé depuis 2009, les travaux de la Commission Paritaire créée en 2009, grâce à l'impulsion d’un Très Illustre Frère, Grand Maître de la Grande Loge de France. En ayant la conduite des travaux de cette Commission nous orientions les Loges initiatiques vers des pratiques bien comprises, et les incitions à revenir au bon chemin en évitant de se perdre dans le « labyrinthe de l’erreur » Mais hélas l’absurde système démocratique de la GLDF conduit à réclamer l’adoption des modifications aux rituels par vote des Députés et cela peut conduire à des refus qui sont inacceptables pour l’intérêt de notre Ordre Écossais.
Enfin depuis 1964, toutes les tentatives d’acquisition de la Reconnaissance auprès de la GLUA ayant échoué faute du respect absolu des Règles de Régularité que cela implique ce qui a encore été refusé par les députés de l’obédience en juin 2014. La GLDF, telle une rivière voulant rejoindre le fleuve de la grande famille de la Franc-Maçonnerie Régulière est sortie de son lit. Ce fiasco a dégradé l’identité de la Grande Loge de France, et ce n’est pas une politique pro-active de Communication qui va rétablir son image.
Le Suprême Conseil ne peut couvrir plus longtemps les errements de la Grande Loge de France à laquelle on le regarde comme lié. En effet le Suprême Conseil jouit d’une grande considération qui lui permet de faire figure de représentant de la Maçonnerie française dans l’ensemble de la Maçonnerie mondiale et elle ne peut pas perdre ce privilège.
En conséquence le Suprême Conseil a décidé de reprendre son absolue autorité sur les Loges symboliques.
Je vous informe donc que le Suprême Conseil en sa réunion du 31 mars 2016, a pris un décret en quatre articles.
DECRET
Article 1er :
Les décrets des 7 novembre 1894, 26 juillet 1904 et 22 juillet 1927 sont abrogés.
Article 2 – La Grande Loge de France perd le droit de se dire au Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Article 3 – Le Suprême Conseil de France reprend sous sa Juridiction les Loges des trois premiers grades symboliques de la Franc-Maçonnerie qui étaient sous autorité administrative de la Grande Loge de France
Article 4
« Tout Franc-Maçon du Rite Écossais Ancien et Accepté a le devoir de respecter les 7 Principes du Rite, à savoir :
1. la croyance en Dieu de sa Vérité révélée
2. l’engagement solennel à se conformer strictement et scrupuleusement aux décrets et arrêtés émanés ou à émaner du Suprême Conseil reconnu pour seul et légitime autorité auquel il est promis fidélité et soumission entière
3. la devise du Rite est « ordo ab chao deux mumque jus »
4. la présence sur l’autel des serments de la Bible par référence à la Tradition catholique et Livre sacré porteur de la Vérité révélée
5. l'adhésion au principe de la non-mixité, conformément au texte des Anciens Devoirs
6. l’interdiction à l’appartenance ou la fréquentation d’ateliers « irréguliers »
7. le respect absolu de la démarche initiatique, de la préservation et la conservation des rituels, expression orale et gestuelle du Rite, et leur parfaite exécution du 1er au 33e degré. »
Le Suprême Conseil impose la stricte observance des principes intangibles du Rite à l'ensemble des membres ainsi que le respect scrupuleux de ses rituels et des serments solennels qu'ils ont prêtés aux degrés auxquels ils ont été élevés. Ceux d'entre eux qui ne voudront pas respecter, ne fût-ce qu'à un seul des principes, doivent quitter l’Ordre. Les temples ne doivent plus être fréquentés par des non croyants quelque puisse être leur fonction au sein de l’obédience, si importante soit-elle.
Par ailleurs le Suprême Conseil démolira les loges qui ne respecteront pas scrupuleusement les principes du Rite en se prêtant à des pratiques déviantes.
A partir de cette décision historique traduite par ce décret, le Suprême Conseil pourra légitimement affirmer ses ambitions historiques. Nous souhaitons notamment constituer un espace de « régularité écossaise », où les Frères et les Grandes Loges qui se reconnaissent exclusivement dans ce Rite, se parleraient d’eux-mêmes à eux-mêmes, sans être forcés de parler aux autres, en France comme à l’étranger. Nul doute que le Suprême Conseil de France par son indiscutable antériorité et compétence en ce domaine, serait conduit à y jouer un rôle prépondérant.
Pour réussir la restauration de cette Souveraineté pleinement retrouvée sur la totalité des degrés du Rite et des projets historiques qui en découlent, le Suprême Conseil doit s’appuyer sur la puissance de l’Armée des adeptes du Rite. Cette Armée se compose de la totalité des membres de l'Ordre, répartis par degrés initiatiques et constituant, sur le plan de chaque degré, autant de phalanges auxquelles sont dévolues des tâches particulières en concordance avec le caractère et les enseignements du grade.
En conséquence chaque membre doit être soumis entièrement aux valeurs et aux dignitaires de l’Ordre. Il doit être, tel un Chevalier sacré armé du glaive flamboyant qui, entre ses mains comme la lance de Saint-Georges, doit servir pour mener le combat assurant le triomphe de notre mission civilisatrice. Notre démarche inspirée de Spiritualité Écossaise doit nous permettre de reprendre en mains la destinée du monde et d’être les Guides spirituels du troisième millénaire.
Il appartient désormais à notre Ordre, et à lui seul, d’agir pour le Grand Œuvre voulu par le Père.
Soyez assurés, mes Très chers Frères, de nos sentiments affectueux et fraternels.
Le Souverain Grand Commandeur
Hubert Grelin
Bravo pour ce morceau d'architecture qui ne prendra que les rides de la nostalgie chez ceux qui auraient préférés que ce ne soit pas un bon et gros Poisson...
Gérard Contremoulin
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