C'était l'engagement pris le 28 mai 2015 au GODF, les 2° Rencontres Maçonniques La Fayette entre le GODF et la GLNF se dérouleront le 9 juin prochain au siège de la GLNF, rue Christine de Pisan.
Les docteurs Tant Pis de la franc-maçonnerie - et il en existe ! - vont sans aucun doute trouver là l'occasion de gloser ! Il y aura pourtant bien une suite à cette grande première qu'avait été ces rencontres, pour le moins étonnantes depuis la brouille de 1913.
Deux ans et un siècle sans se parler autrement qu'en termes d'anathèmes, 102 ans passés à ne pas se "considérer", 102 ans à finalement oublier l'essentiel de la maçonnerie. Le temps était venu de réexaminer la situation, du moins de réévaluer les conséquences produites par la rupture de 1913.
Cette 103° année du "temps de l'après" voit se confirmer une volonté de rapprochement entre les "frères ennemis". C'est déjà une bonne nouvelle. On nous avait tant prédit que cette deuxième édition n'aurait pas lieu... Tellement qu'il était inévitable de ne pas s'apercevoir combien cette brouille faisait les affaires de beaucoup de structures maçonniques qui y voyaient le terreau de leurs futures prospérités. Sans parler des fols espoirs placés dans les graves difficultés qu'eu à affronter la GLNF pour lui dérober la reconnaissance londonnienne de "Régularité maçonnique".
2016, la confirmation d'une ambition nécessaire.
Eh bien, 2016 réaffirme "qu'après la pluie, le temps est beau !" et qu'il faut préparer toutes les conditions, donner tous les outils à une "jeune garde" pour qu'elle puisse relever le gant de l'histoire...
Cet tâche essentielle ne pourra se réaliser qu'à deux conditions :
- Bien identifier les différences qui caractérisent désormais les deux systèmes maçonniques, en mesurer les conséquences et évaluer comment elles impactent les panoramas maçonniques national, européen et international.
- Avoir la volonté de trouver au milieu de ces différences et de leurs conséquences, la voie qui assure le rayonnement des valeurs et des idéaux maçonniques.
Cette ambition est d'autant plus nécessaire alors que l'évolution des situations européenne et internationale profanes se caractérisent par la montée des populismes, où les revendications nationalistes et protectionnistes en s'affirmant, réduisent d'autant le champ des perspectives humanistes dans les sociétés.
Certes, l'une des différences majeures, sinon essentielle entre ces deux systèmes maçonniques, réside dans le sort réservé au traitement en loge des questions de nature "politique". C'est un bon exemple pour montrer qu'un approfondissement est nécessaire entre les deux obédiences. On peut bien évidemment comprendre qu'engager de tels débats peut conduire à "rompre l'harmonie" au sein d'une loge. Mais on doit pouvoir comprendre tout autant qu'il s'agit peut-être de considérer non pas la nature du sujet mais la nature de la façon de le traiter. Comprendre ou juger, parler pour expliquer ou parler pour convaincre, telle est le débat sur ces différences de nature. Ne s'agit-il pas entre francs-maçons, quelle que soit notre obédience, de mettre en avant le respect de l'autre... Le reconnaître, c'est accepter l'utilité de cet approfondissement.
Le programme nous y invite...
Cette deuxième édition confirme la volonté de jeter les bases de la reprise du dialogue entre les deux obédiences. C'est déjà une bonne chose. Mais il faudra songer à prendre quelques engagements substantiels. Il faudra notamment songer à inscrire ce dialogue dans d'autres espaces que le cadre très institutionnel du siège des obédiences et l'étendre, bien au delà des seuls dignitaires.
Peut-être faudra-t-il songer à se voir... Oh, je ne songe pas, du moins pas encore, à parler d'intervisites... L'obédience de "Bro Edward" y verrait quelques inconvénients, mais à d'autres initiatives... C'est aux frères et aux loges qu'il reviendra de le nourrir et de le péreniser...
Alors, inévitablement on entendra parler, beaucoup parler et jaser...
Bisounourserie ou fraternité ?
La polémique voudrait que nous amalgamions l'un et l'autre dans une confusion des contenus. Gardons nous d'y céder. Laissons ce soin aux docteurs Tant Pis, à celles et ceux qui veulent ne voir en ces Rencontres qu'une opération de communication. Laissons les user des éléments de langage convenus qui servent à justifier qu'il faut surtout que rien ne change.
Ainsi donc, imaginer qu'il pourrait y avoir un bon de sortie de l'ornière de cette opposition GODF-GLNF totalement stérilisante, serait aussi irréaliste que de croire au Père Noel. Pourquoi refuser cette perspective ?
Quant à convoquer la Fraternité pour évoquer les relations entre frères de ces deux obédiences, cela leur apparaît dans ce contexte "d'affrontement fraternel" comme une bisounourserie.
Alors, face à ce type d'argumentation, il est utile de penser la situation en termes aussi simples que possible.
Poser le respect comme principe premier de tout échange entre maçons n'équivaut pas à dire que l'on sera a priori d'accord, quoi qu'il puisse être dit. Mais c'est se dire que chacun pourra exprimer son point de vue dans la perspective de se faire comprendre et non d'être jugé. C'est le défi de la maçonnerie, c'est ce qui en fait l'intérêt et la différence avec tout autre organisation profane, parti politique, syndicat ou autres associations...
Quelles leçons tirerons-nous de ces 103 ans pendant lesquelles le continent européen a vécu et continue de vivre tant de catastrophes, où la franc-maçonnerie a bati tant de projets sans pouvoir assurer la pérennité d'aucun... Cela ne peut laisser aucun franc-maçon indifférent !
Alors, il faut s'engager dans la réflexion proposée par les Rencontres Maçonniques La Fayette avec une arrière pensée : celle de vouloir réussir !