Brexit : 51,9%. To a new european deal ?
To leave or not to leave ? that was the question...
When 51,9% of english people answer "Leave", that's clear !
Difficult to see another meaning that an echo many years after to Margaret Thatcher "I want my money back !".
And, the last but not the least, United Kingdom football' team obliged to leave (too !) the Euro competition, punished by the small Iceland 2-1 !!!
On ne peut pas, à proprement parler, parler de surprise. Mais le Brexit provoque un rendez-vous avec l'histoire de la construction européenne. Il va jouer le rôle de révélateur de l'état des relations entre les peuples es états membres et l'appreil bruxellois. Il va tester la capacité des signataires du Traité de Rome à relancer ou non une nouvelle dynamique politique et surtout SOCIALE, d'où les peuples ne seraient pas exclus ...
60 années pour essayer de construire un instrument de Paix...
L'idée de construire une entité politique susceptible d'enrayer la dynamique de guerre entre les ennemis "héréditaires" allemands et français nait de la volonté particulièrement intelligente de faire travailler ensemble les industries qui avaient fourni le matériel de guerre.
La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) fera faire les premiers pas à cette construction imaginée par les français Jean Monnet (1888-1979) et Robert Schuman (1886-1963) et l'italien Alcide de Gaspéri (1881-1954) et qui se concrétisera par deux traités signés le 25 mars 1957, le Traité de Rome et le Traité EURATOM.
Il n'est pas inutile, aujourd'hui, de se rappeler qu'il fut signé par l'Allemagne, la France, l'Italie et les trois pays du Bénélux (la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas) alors que seest tenu à Berlin, lundi 27 juin, un "sommet" post Brexit.... avec les trois premiers d'entre eux et le président du Conseil européen Donald Tusk !
A la légitime aspiration des peuples qui venaient de vivre deux conflits mondiaux, à vivre les diférentes dimensions de la Paix, cette construction européenne lui a progressivement substitué une logique de libre échange strictement économique. Le territoire européen est devenu une zone de suppression des contraintes, notamment douanières... Et les peuples, relégués au rang de simples agents économiques, sont devenus concurrents ! On se souvient du "plombier polonais" et de la directive "Bolkenstein"...
Les mots rendent bien compte de cette mutation. Lorsqu'on parlait de Liberté d'aller et de venir au sortir du régime totalitaire imposé par le nazisme, on parle aujourd'hui de liberté de circulation des ... marchandises et des capitaux ! L'Europe d'aujourd'hui voudrait nous habituer à prendre le libéralisme pour la Liberté...
La démocratie fragilisée.
Le scrutin du 23 juin traduit aussi le danger de la fragilité de la démocratie lorsqu'elle se confronte aux populismes, aux simplifications de la pensée, à l'embrigadement des consciences par des politiciens peu scrupuleux...
C'est ce que traduit -et ce n'est pas le moins surprenant- l'état des questions posées sur Google Trends depuis vendredi 24 après-midi, donc juste APRES le vote...
- What is EU ? (Qu'est-ce que l'Union Européenne ?)
- What does it means to leave EU ? (Qu'est-ce que veut dire quitter l'UE ?)
- What will happen now we've left the EU ? (Qu'est-ce qui va se passer maintenant que nous avons quitté l'UE ?)
Il sera édifiant de revenir sur les contenus de la campagne des partisans du Brexit pour prendre conscience de la manière dont les populismes font leur miel des publications de la Commission Européenne. Telle celle-ci, parue dans les tabloïds britanniques : Euromyths de A à Z.
C'est peu dire que de pointer la déliquescence du projet initial. L'Europe actuelle s'effondrera inéluctablement si elle continue à se tirer de telles roquettes dans le pieds. Avec le Brexit, et après avoir écarté de justesse un Grexit, l'Europe entre dans une crise profonde tant politique que sociale et culturelle. Néanmoins elle peut lui être salutaire.
Cette crise politique touche d'abord l'Etat-membre qui vient de le voter.
"Ununited" Kingdom...
Le Brexit fait réapparaître les tensions historiques au sein du royaume de Sa Gracieuse Majesté. Outre l'opposition grandes villes (favorable au "Remain") - campagne (plutôt favorable au "Leave"), réapparaîssent fortement les tensions Angleterre-Irlande, Irlande du Nord-Irlande du Sud et Angleterre-Ecosse. Et, ilot perdu au milieu d'un océan de "Leave", le Grand Londres !
L'Irlande.
Avec un Remain à 55,8%, c'est très légitimenent que s'élèvent des voix qui demandent la réunification de l'Irlande ... pour rester dans l'UE. Et notamment celle du Sinn Féin, ancienne vitrine politique de "l'IRA provisoire" chère à Bobby Sands !!!
La Reine, en visite en Irlande du Nord, après cinq jours de royal mutisme, laissera tout de même échapper à Martin McGuinness (ancien dirigeant de l'IRA) vice premier ministre d'Irlande, "je suis toujours en vie, ha". British humour...
L'Ecosse.
Les électeurs écossais ont amplifié le Remain avec 62%. Cette volonté claire de rester dans l'UE devrait logiquement trouver sa traduction politique. Un nouveau referendum posant la question de l'indépendance pourrait être bientôt organisé, visant à le permettre. C'est le sens des propos de Nicola Sturgeon, Première ministre d'Ecosse. Elle fut très favorablement accueillie au sommet des désormais "27".
Nicola Sturgeon, 1° ministre d'Ecosse
Le Grand Londres.
C'est le 3° territoire favorable au Remain avec 59,9% des voix, là où est installée la City. Le rayonnement international de la capitale britannique qui vient d'élire à sa tête Sadiq Khan, d'ascendance pakistanaise, ne peut se satisfaire d'une sortie de ce qui représente son lien avec le continent, c'est-à-dire sa raison d'être...
Sadiq Kahn et Anne Hidalgo viennent d'ailleurs de réaffirmer leur volonté commune de maintenir les liens entre leurs deux villes-capitales.
Le sort de la City.
Première place boursière dans un monde dominé par le libéralisme, la City de Londres constitue un centre nerveux stratégique qui flirte désormais avec le nervous breakdown...
Capital avait exposé, avant le vote, ce qui lui apparaissait comme les enjeux du scrutin. Et si ce diagnostic n'a manifestement pas convaincu, il permet de comprendre l'une des raisons de la volonté de David Cameron de se donner du temps pour partir après l'annonce de sa démission. S'il ne veut pas être celui qui déclenche l'article 50 du traité de Lisbonne et ses conséquences, malgré sa responsabilité dans la tenue de ce referendum, il veut surtout tenter de limiter les conséquences économiques et financières du vote britannique.
A propos de Margaret Thatcher et de ses successeurs...
Elle fut parmi les premiers ministres libéraux qui auront inoculé à leur pays le virus d'un ultra libéralisme particulièrement destructeur des acquis sociaux obtenus de longues luttes. Elle se sera aussi attaqué aux Droits de l'Homme au pays de l'Habeas Corpus !
Les 80 ans de règne d'Elisabeth 2 auront été les témoins constitutionnellement muets de ces actes d'une rare violence sociale. L'empathie royale britannique, clé de voûte du lien des Windsor avec leur peuple et recours ultime dans les situations les plus graves, ne suffit pas à expliquer comment le peuple britannique a pu être aussi sensible aux arguments populistes du Ukip conjugués à la "grande réserve" du leader travailliste et au pari hasardeux de David Cameron ...
Devenue Premier ministre,
Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la Tamise...
Margaret Thatcher aura réussi à imprimer une défiance institutionnelle des anglais à l'égard de l'Europe. Elle ne fut pas la seule ! La montée des populismes et des extrêmes droites dans les états membres attestent d'une lente dégradation de la volonté initiale de réunir...
Sa politique ultra-libérale, qui n'avait d'égale que celle de Ronald Reagan aux USA, visait à obtenir la défaite du mouvement social organisé, et principalement les syndicats et leurs organisations de solidarité.
Elle s'attaqua aux bastions syndicaux du monde ouvrier britannique. On se souvient du conflit qui l'opposa pendant deux années aux dockers et dont elle n'obtint la défaite qu'en décidant de geler les avoirs de leur syndicat, avoirs destinés à organiser la solidarité financière avec les grévistes !
Elle aura détruit le tissu industriel anglais au profit du développement du secteur tertiaire. Ce qui peut, avec le Brexit, soulever quelques grosses difficultés...
En matière de droits de l'Homme, elle fut particulièrement sourde aux revendications et notamment avec son refus de reconnaitre les droits des prisonniers politiques qui ne constituaient pour elle que des détenus de droit commun. On se souvient de Bobby Sands, décédé après 66 jours de grève de la faim à la prison du Maze.
Bobby Sands
Elle en fut néanmoins partisane alors que, jeune militante du parti conservateur, elle faisait campagne vêtue d'un tee-shirt assez explicite ! Il s'agissait certes de se mesurer au refus catégorique de la France du Général pour qui la Grande Bretagne bénéficiant déjà avec le Commonwealth d'un statut particulier par rapport aux pays signataires du Traité de Rome, constituait un point de tension important et une divergence certaine sur ce qu'elle pouvait attendre de l'Europe.
Ses successeurs auront fait assaut de libéralisme, y compris le travailliste Tony Blair qui donnera son nom à une version particulièrement libérale de la socialdémocratie.
Premiers ministres britanniques après Margaret Thatcher : John Major, Tony Blair, Gordon Brown et David Cameron
Tentative d'inversion ???
Une pétition visant à exiger l'organisation d'un autre référendum aurait recueilli près de 4 millions de signatures...
L'Europe en panne ?
Lorsque les 6 signataires du Traité de Rome prennent l'initiative de se réunir, à part, c'est un signal fort. Et même s'il était plus ou moins dans les cartons, son annonce est déjà un signal fort.
Faute d'avoir appronfondi les raisons qui poussaient les premiers signataires avant d'élargir, on a rapidement élargi sans beaucoup d'exigences... Les adversaires d'une construction européenne sociale et émancipatrice des peuples ont vite compris combien il pouvaient attendre d'une telle stratégie... Ne faire de l'Europe qu'une zone de libre-échange !
L'Europe ne peut plus n'être que cela. Elle peut pas être non plus Bisounoursland !
Vers un "plan B" franco-allemand ?
A moins d'une réelle prise en compte de la demande des peuples, il n'y aura pas grand chose à attendre du sommet réunit actuellement. Car la question qui se pose aujourd'hui et que nous renvoient les électeurs britanniques est proche de celle de mai 2005, lors du référendum en France sur le "Traité Constitutionnel Européen" : quelle Europe voulons-nous ?
Les français l'avaient rejeté à la suite d'une campagne dont le mérite avait été d'éplucher le texte du projet lors de milliers de réunions publiques. Ce qui n'était manifestement pas du gout des organisateurs qui avaient publié un document particulièrement rébarbatif et très complexe à lire, donc peu incitatif à analyser... Et la participation (69%) avait montré qu'une information digne de ce nom est l'indispensable condition d'une forte participation...
Ceux qui, à l'époque, ont pris le risque de ne pas respecter le sens de ce référendum, dont l'actuel président de la République, ou ceux qui ont choisi de le contourner par la voie législative comme Nicolas Sarkozy, ont largement porter le discrédit sur l'Europe mais aussi sur la politique et finalement, sur la démocratie...
Une opportunité de relancer l'Europe sociale !
Il faut profiter de toutes les crises pour en sortir par le haut ! C'est très certainement encore la cas ici. Quelles que soient les décisions et les initiatives qui sortiront du dernier somment des 27, il est indispensable que les citoyens des états membres reprennent le pouvoir de décider.
L'Europe doit impérativement rompre avec toutes les procédures antidémocratiques qui sont actuellement quasi consubstantielles de son fonctionnement.
Cela passe évidemment par le fait que les citoyens puissent de se faire entendre pour manifester leur droit à exister, quelle soit leur origine, quel que soit leur couleur, quelles que soient leurs orientations, politiques, sexuelles, religieuses.
Le droit d'initiative citoyenne européenne doit être vivifié, popularisé et facilité.
En matière sociale, l'une des mesures les plus indispensables est de lutter contre toutes les formes de dumping social auxquelles nous avons été confrontés. Cette lutte passe d'abord par la reconnaissance et l'adoption d'un Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance Européen ! Elle passe également par la reconnaissance d'une durée maximum de travail européenne.
Il faut également donner une force exécutoire à la charte des droits fondamentaux. Notamment le principe d'égalité entre les hommes et les femmes doit être reconnue et appliquée dans chaque état, chaque profession, chaque activité.
Et de ce point de vue la "crise des migrants" devra servir de révélateur. On ne peut pas se satisfaire des réponses, si tant est qu'elles en soient, qui sont apportées par l'Europe.
L'exercice du pouvoir doit être redéfini et des moyens réels doivent être donnés pour faire émerger une politique européenne. Doit-elle être fédérale, confédérale, le débat doit s'ouvrir et être conduit très sereinement. L'objectif est à la fois de garantir la souveraineté des peuples et l'existence d'un pouvoir européen susceptible de se faire respecter tant par les autres puissances politiques (USA, Russie, Chine, Inde) que les puissances économiques internationales.
En matière économique et financière, il ne peut y avoir de désintérêt de la puissance publique vis-à-vis de la création de richesses. Il est nécessaire d'assurer le contrôle notamment des transactions.
Un Europe à plusieurs niveaux d'intégration.
Ces exigences ne sont pas compatibles avec les pratiques observables dans tous les actuels états membres. C'est un point de clivage qu'il ne faut pas craindre. Construire une Europe sociale, une Europe des peuples passe par une redéfinition des critères d'adhésion et nécessairement par une différenciation des niveaux d'intégration entre les 27 !
Et les Francs-maçons ?
Dans ce contexte, les francs-maçons se retrouvent face à l'éternelle question des conditions de la réalisation de la fraternité des peuples. Particulièrement sur le vieux continent où leurs initiatives ont été nombreuses pour tenter d'enrayer les réflexes nationalistes, les chauvinismes, les intérêts particuliers tout au long du XX° siècle.
Au moment où l'on réfléchit à la célébration de cette année 1717 où se créa la première obédience maçonnique à Londres, il est difficile de ne pas penser à nos Frères de la GLUA. Même s'ils s'interdisent d'évoquer, es qualité, les sujets politiques, même s'ils ne nous reconnaissent pas comme maçons, nous savons, nous francs-maçons libéraux adogmatiques, que le Brexit ne peut les laisser indifférents. Et difficile de ne pas penser non plus aux conséquences de cette "rupture" sur les relations au sein des obédiences de la Régularité en Europe.
Peut-être faut-il alors revenir aux principes maçonniques fondamentaux, ne serait-ce que pour conclure qu'ils devraient pouvoir nous réunir...
N'oublions pas que tous les francs-maçons sont issus de cette initiative des quatre loges qui ont décidé de se réunir ce 24 juin 1717 dans la taverne "Goose and Gridiron" (L'Oie et le Grill) à Londres... Et il n'est pas inutile de prendre conscience que ce sont leurs disciples qui, à partir de 1728, sont arrivés en France avec leur manière de travailler, leur "craft", c'est-à-dire leur rite. Et c'est finalement parce qu'il sera traduit en ... français, qu'il en prendra ultérieurement le nom.
Pour une Europe humaniste.
Faire de l'Homme la mesure de toute chose, principe dont la philosophie des Lumières éclaire les consciences depuis le XVIII° siècle, demeure un précepte fondamental. Il mérite qu'on lui accorde la plus grande attention.
Il faut réaffirmer la prééminence de l'Etre humain sur toute autre préoccupation. C'est s'engager pour faire respecter, partout où nous sommes, le principe d'Egalité entre tous. Certes entre homme et femme ; et c'est là une lourde tâche. Mais c'est aussi le faire respecter contre tous les racismes.
Réaffirmer cette prééminence, c'est encore lutter, là où nous sommes, contre les populismes et les nationalismes. Une "peur des étrangers" s'est réinstallée. Elle est le moteur de l'émergence des extrêmes droites en Europe. Elle a été utilisée très largement par les pro Brexit.
Stéphan Zweig, lorsqu'il indique "cette plaie des plaies, le nationalisme, qui a empoisonné la fleur de notre culture européenne" (Souvenirs d'un Européen), désigne l'une des causes du drame qui se joue sous nos yeux : le nationalisme. Et lorsque Sartre estime que l'on est responsable de ce que nous ne cherchons pas à éviter, tous deux nous intiment l'ordre secret de l'examen de conscience...
Gérard Contremoulin
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