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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

15 Aug

L comme Laïcard ou Laïque ?

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Dico

L comme Laïcard ou Laïque ?

La bataille laïque est plus que jamais d'actualité. Particulièrment dans cette période d'activisme djihadisme où les laïcs tentent de soumettre les laïques à la "nécessité" d'une référence divine, sauf à rester "laïcard"...

 

Laïque est tour à tour substantif ou qualificatif mais avec deux significations distinctes, voire contradictoires. Cette polysémie apparaît avec l'utilisation du mot au genre féminin. Une bataille laïque peut être menée autant par des laïcs que par des laïques alors qu'un combat laïque ne peut l'être que par des laïques.

Pourquoi ? 

 

Vous trouverez ici une explication assez complète et qui s'appuie sur plusieurs sources, le Littré, le dictionnaire de l'Académie française ou celui de Ferdinand Buisson...

 

Laïcard est lui aussi substantif ou qualificatif mais est employé péjorativement dans le but de disqualifier un propos, une attitude ou un individu. 

 

 

Symbolique de la laïcité à la française, la devise de la République française sur le tympan de l'église d'Aups, Var.

Symbolique de la laïcité à la française, la devise de la République française sur le tympan de l'église d'Aups, Var.

 

Une différence linguistique et/ou idéologique ?

Il n'y aurait de bons laïques (c'est-à-dire ceux qui échapperaient au tendre sobriquet de "laïcards") que ceux qui accepteraient de se soumettre aux exigences d'une hiérarchie éclésiastique en prenant soin de respecter 2.000 ans d'une histoire de France qu'ils nous présentent comme univoquement catholique...

 

Car les utilisateurs de cette tendresse à l'égard des laïques sont pour la plupart ou catholiques ou "compagnons de route". Mais ils peuvent être aussi francs-maçons, ceux pour qui la croyance en Dieu est une obligation incontournable et qui place dans la Transcendance l’horizon indépassable de leur quête personnelle. S'ils sont majoritaires dans le monde (quoiqu'en forte diminution), ce n'est pas le cas sur le territoire de la République française.

 

Tout se passe comme si, dans la situation actuelle où sont perpétrés les atrocités djihadistes, l'athéisme n'avait pas lieu d'être et que pointer les "détails de l'histoire" du catholicisme équivaudrait à apporter son soutien de fait aux islamistes ! Cela est ridicule !

 

Ce raisonnement binaire ne conduit qu'à une impasse, celle où le fait de ne pas croire serait une quasi infirmité intellectuelle ! Il s'agit surtout de ne pas s'y laisser entraîner. La ficelle est une corde à puits.

 

Le combat laïque n'est pas un combat "contre"... 

Ce n'est pas une guerre, c'est un combat "pour" la mise en place, le fonctionnement et le développement d'institutions établissant les règles du respect mutuel entre les citoyens, indépendamment de leurs opinions, de leurs origines, de leurs orientations philosophiques et de leurs croyances !

 

Accepter de privilégier un culte, confondre les autres avec leurs fondamentalistes en prenant la précaution de minimiser les siens relève du tour de passe-passe, de la méthode de l’amalgame. N’est-ce pas ce à quoi on assiste lorsque que l’on confond l'Islam avec les djihadistes ?

 

Ce serait la même méthode que celle qui consisterait à confondre Civitas ou les commandos anti IVG du professeur Lejeune avec le catholicisme. En effet, là aucune injonction pour exécuter leurs actions n'émane de Rome. En revanche, il n'en était pas de même de l'Inquisition ou de la St Barthélémy. Il existait bel et bien, alors, une police des mœurs (les procès en sorcellerie, quoiqu'en pense Marion Sigaut !) et de la pensée que Giordano Bruno ou Galiléo Galiléi durent subir.

 

Et il n'est pas inutile d'observer que le site d’extrême droite « Egalité et Réconciliation » d’Alain Soral, parle à propos du procès de Galilée de « mystification anticléricale » toujours sous la plume de Marion Sigaut… pour qui :

« Dans son mode de fonctionnement, l’Inquisition instruisait à charge et à décharge dans le but d’un apaisement »

Apaisement ! Fichtre... On pense à la "Question" ordinaire et extraordinaire !

 

Toute le débat aujourd'hui tient dans le fait que l'Islam n'est pas une religion centralisée comme le catholicisme peut l'être avec Rome... De sorte que, en l'absence d'un juge de paix, toutes les interprétations sur la nature de cette religion (violente par essence ou seulement à partir des exégèses de ses fondamentalistes) sont possibles. L'amalgame est un danger car il ne permet pas d'analyser convenablement la situation, de la comprendre et de pouvoir s'orienter vers la méthode ad equat pour tenter d'en venir à bout..

 

Religion et civilisation.

Un autre argument biaisé mais très adroit est celui qui consiste à séparer la religion de la "civilisation" qu'elle aurait générée pour conclure à l’universalité des valeurs chrétiennes et surtout à l’incompatibilité avec celles de l’Islam…

 

Il est particulièrement bien exprimé dans un commentaire apporté à mon article sur « Œcuménisme et/ou République » mis en ligne sur la page d'un groupe dont je ne citerai ni le nom ni celui de l'auteur pour respecter le statut  choisi par son administrateur (ce groupe est "fermé") :

"ne pas confondre religion catholique et civilisation chrétienne, le RER (Régime Ecossais Rectifié, ndlr) est un rituel chrétien , mais n'est pas  catholique. La civilisation chrétienne est celles des valeurs que porte les liens qui "relient " tous ceux : chrétiens ou athées  qui partagent les valeurs annoncées par les évangiles. La pratique ou même les croyances religieuses relève d' une autre couche de la grille de lecture. Jésus peut être le fils de Dieu le père ou tout simplement le défenseur mythique de valeurs universelles de générosités, solidarité, amour du prochain, égalité entre tous, non violence etc...etc... totalement compatibles avec une pensée athée. Mais pas du tout avec une autre " religion-régime politique " du nom d'islam qui n'est pas sur les même fondamentaux. Pas d' égalité, pas de liberté de légiférer (la charia remplace le code civil, pénal, de la famille, du code de procédure etc...) statut différent pour les hommes et les femmes, pour les croyants et non croyants, châtiments corporels, lapidation etc... Pas de problème avec le bouddhisme, le tao, qui sont sur les mêmes fondamentaux que les chrétiens ( démonstration ainsi faite que ce le "christianisme " est universel. jamais eu le moindre problème en Europe avec les bouddhistes, ou les chinois, les Africains animistes ou chrétiens ."

 

On voit bien, par la conclusion, comment fonctionne cet argument.

D'abord disjonction puis mise sur le même plan valeurs des chrétiennes et des valeurs humanistes (tiens, c'était la même figure de style lors du TCE...) et conclusion selon laquelle les athées pourraient s'y retrouver alors qu’ils ne le pourraient pas avec celles de l’Islam. Et le tour est joué ! Cela tient du syllogisme.

Parfois cela marche :

Tous les hommes sont mortels. Or Socrate est un Homme, donc Socrate est mortel.

Parfois cela ne marche pas, surtout lorsqu'il est capillotracté :

Tous les jeunes hommes sont beaux. Or ce vieil homme est beau donc ce vieil homme est un jeune homme !

La différence - et sa pertinence - tient dans le principe posé dans la prémisse majeure : "tous les ..." et sa relation avec la premisse mineure "Or..." et enfin sa conclusion "donc..." qui valide le raisonnement syllogistique.

 

Dans une question complexe, où se mêlent une multitude de facteurs, il ne semble ni possible ni sain de l'utiliser...

 

"Affrontement" idéologique ou "controverse".

Alors il faut tirer les conséquences de ce débat. Ce qui suppose de déterminer sa nature. S'agit-il d'une simple controverse intellectuelle ou bien d'un affrontement idéologique ?

 

Si l'on retient le seul aspect descriptif, on est sensible à ses orientations philosophiques où à partir d'une même origine, l'affirmation de l'existence d'un dieu dont le fils est visible, deux conceptions se développent : Jésus fils de dieu, instituteur d'une religion ou Jésus, défenseur de valeurs universelles acceptables par tous, dès lors bien sûr qu'on n'est pas musulman ! Michelet s'était déjà livré à cet exercice...

 

Si l'on retient en revanche la violence que cette exception quasi sectaire représente ou celle qui peut suinter actuellement des échanges sur les réseaux sociaux, on peut alors parler d'affrontement idéologique. Un affrontement auquel nous conduisent, une fois de plus, les tenants du fait religieux, quels que soient leurs cultes !

 

Et cette manière de voir les choses leur occulte même la possibilité de ne pas croire. Les athées et les libres penseurs ne sont pas dans leur champ de vision. Pour eux, ils n'ont aucune existence réelle en tant que tels ! Pour eux, il faut, nécessairement, s’en remettre "aux valeurs annoncées par les évangiles".  Peut-être les agnostiques trouvent-ils grâce à leurs yeux et certainement prient-ils pour eux avec compassion afin qu’ils trouvent une issue à leur doute…

 

Reste toujours et encore la Laïcité !

 

L comme Laïcard ou Laïque ?

On est loin des conditions du vivre ensemble de la Laïcité telle qu'elle apparaît dans la loi de 1905 qui ne mentionne pourtant jamais son nom. Car la Laïcité n'est pas une valeur, c'est un concept politique, institutionnel, un principe sur lequel les hommes, raisonnables, peuvent ériger une société de respect mutuel, que l'on croit ou que l'on ne croit pas. La Laïcité ne connaît ni apostat ni bannissement, tout au plus déplore-t-elle ses renégats !

 

En revanche, toute religion compte dans ses rangs son lot de fondamentalistes dont certains sont en voie de radicalisation qui commettent ou font commettre à des paumés au service d'une cause qu'ils ne connaissent souvent même pas... les crimes et les atrocités que l'on déplorent actuellement.

 

Or, la République française est un Etat de droit. Il garantit, notamment, la liberté de penser. Il ne s'intéresse pas au contenus des différentes pensées mais aux actes commis (soit en leurs noms soit par des militant se revendiquant de l'une d'elles) et les sanctionne dès lors qu'ils contreviennent à la loi républicaine. 

 

Dans ce contexte, ce n'est pas moins mais davantage de Laïcité qu'il faut à notre société pour triompher de la barbarie de Daesh. Et c'est aussi comprendre qu'il ne sert à rien d'incriminer l'Islam en général, c'est-à-dire l'ensemble des musulmans dans l'origine de cette vague d'attentats mais de poursuivre et mettre hors d'état de nuire des délinquants ! C' est d'une autre nature que de "faire la guerre".

 

L comme Laïcard ou Laïque ?

Comprendre le "cancer généralisé de l'Islam".

L comme Laïcard ou Laïque ?

Abdennour Bidar peut nous aider à comprendre cet Islam qui suscite peur et violence au coeur de notre République.

Dans "Trois choses à faire face au terrorisme" (et quoique je récuse ici l'emploi de ce dernier terme), il s'emploie à décrire comment le wahabbisme de l'Arabie saoudite ("épicentre du cancer") a contaminé l'ensemble du monde arabo-musulman. Ce qu'il y dit, et que confirment les différentes enquêtes judiciaires, c'est que ces actes sont commis par ...

"...ses éléments les plus pathogènes. Chez les plus fragiles psychologiquement, comme du coté des régions du monde musulman les plus déstabilisées par les affrontements entre volonté de puissance locales et occidentales, le cancer de l'Islam trouve le terrain le plus favorable pour déchaîner son appétit de destruction."

 

Il évoque des pistes à travailler tant en tant que musulman qu'en tant que français. 

réinventer de fond en comble une authentique culture spirituelle - de paix, de non violence, de fraternité universelle, de liberté de chaque conscience face aux dogmes, aux normes et aux mœurs de la tradition, et enfin d'égalité entre les femmes et les hommes.

Déclarer la fraternité au lieu de déclarer la guerre, c'est-à-dire refuser le piège de la haine entre les identités et se solidariser dans l'affirmation de nos valeurs sans se laisser désunir par rien de ce qui nous agresse. Avoir le courage et la force de lutter non seulement contre la radicalisation des candidats au terrorisme mais interdire et punir sur notre territoire toute manifestation publique d'un islam intégriste, dont le critère simple est la contradiction avec notre culture - valeurs, lois, art de vivre.

 

Resterons-nous sourds à cet appel au courage ?

L comme Laïcard ou Laïque ?

Gérard Contremoulin

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J
Il s'agit là encore d'une dépravation du débat, y compris maçonnique, au nom d'une utilisation imbécile d'un "antipolitiquementcorrect" (ainsi toute affirmation décalée, subversive, réactionnaire, agressive qui excite les pires instincts deviendrait légitimée ..).<br /> Alors, y compris par des FM le débat se limite à ajouter un "ard" a vocation péjorative à "Laic" pour prétendre à argument. Il est vrai que la FM(une partie) s'est aussi dépravée dans un abétissement où les symbôles judeo-chretiens énoncés par la FM seraient une vulgarisation d'une religion suprême et comme on l'entend dans certaines loges largement tmbées dans cette dépravation, le message maçonnique pourrait se limiter à "aimez-vous les uns les autres" ...(oubliant y compris la suite du verset évangélique qui concerne bien plus les FM !<br /> Donc, oui la laïcité est profondément maçonnique, pas seulement oeuvre d'un GODF tant détesté, trop gauchisant, trop societal ...<br /> La laïcité est déjà dans les principes Newton-Desaguliers et écrits par Anderson.<br /> Donc oui, elle doit être au centre de nos travaux, y compris dans les loges asservies à allégeance (qui se clament "régulières", ce qui est vide de sens).<br /> Par contre, nous ne devons pas craindre de la "désanctuariser", d'en énoncer des valeurs contenues déjà ou à développer, à étendre sur l'Europe. Il est encore temps de sortir de la crainte et d'une forme de "conservatisme de 1905". Enonçons donc des enjeux pour la laïcité. Tendre la main aux croyants n doit pas tomber dans la faiblesse ou la complaisance, mais un acte defraternité profonde. On devrait savoir faire en tant que FM, non ?
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M
Je reviens sur une vieille antienne, qui est de dire qu'on peut parler de laïcité sans parler de religion.<br /> <br /> La seule hypothèse qu'il nous faut intégrer pour cela est celle de la République, associée aux valeurs de la notre, de République, à savoir : droits de l'Homme et démocratie.<br /> <br /> Le principe qui permet d'introduire la nécessité de la laïcité est relativement simple : il faut que les lois soient légitimes. Point.<br /> <br /> Dans le détail, on distingue 3 sortes de légitimation :<br /> - la conséquences des valeurs de la République (droits de l'Homme, ordre public, pérennité),<br /> - les décisions prises par les représentations institutionnelles,<br /> - et, enfin, la démocratie elle même.<br /> <br /> Un principe qui « tomberait » du ciel n'a pas sa place s'il n'est pas légitimé. Mais un principe qui, tombant du ciel, sans aller contre les principes de base de la République, trouve un écho dans la population et génère un vote favorable : pourquoi pas.<br /> <br /> Les modalités d'organisation de la vie commune ne sont pas toutes rationnelles : le concept d'ordre public, d'atteinte aux bonnes moeurs, etc, sont autant de règles se basant sur l'époque, les us et coutumes en cours pour être interprétées.<br /> <br /> Si demain une grande majorité de la population décide de transformer une contrainte morale en loi, sans que cette règle porte trop atteinte aux droits de l'Homme, au concept d'espace public commun, à l'indivisibilté de la République ou la prévisibilité de la loi, qui peut s'y opposer ? Et si cette règle est issue de considérations religieuses, qu'est ce que cela change sur le fond ? Nous en avons déjà plein le code pénal (pensez à l'égalité homme / femme quant aux atteintes aux bonnes mœurs, à la déambulation torse nu, etc).<br /> <br /> En résumé, la laïcité est la nécessité de rendre politiques les décisions relevant de la morale. Ce qui est bien ou pas relève de l'appréciation individuelle; seule la loi tranche ce qui est autorisé ou pas. Faire qu'une règle soit imposée aux autres doit passer par la case politique.<br /> <br /> En adossant la définition de la laïcité à l'impact politique de la religion on commet souvent la faute intellectuelle de confondre « libre pensée » et « laïcité ». La libre pensée est un combat idéologique qui soutient la nécessité pour l'Homme de se débarasser des contraintes irrationnelles. Il est à rapprocher de ce que j'appelle l'« athéisme militant ».<br /> <br /> La laïcité n'est pas un courant de pensée : elle permet de justifier les règles de vie commune dans un espace précis (ici : celui de la République), et son seul dogme est celui de la République.<br /> <br /> Les adversaires de la laïcité n'ont de cesse de faire croire à cette confusion et ne sont jamais plus heureux que lorsque nous leur permettons de faire l'amalgame : la libre pensée est un courant de pensée, donc au même niveau que les dogmes religieux ou toute autre spiritualité, donc, par association inverse, la laïcité ne devrait pas être un courant de pensée favorisé par rapport aux religions.<br /> <br /> C'est exactement ce qu'on voit quand certains exigent que les religieux soient entendus au même titre que les FM lors de consultations. Ou quand certains se font traiter de « laïcard », ou d'extrémistes de la laïcité, alors qu'il ne peut y avoir d'extrêmisme dans la défense des principes de la République.<br /> <br /> Je pense, donc, que la République Française est une civilisation à elle seule, ou tout du moins une amorce de nouvelle civilisation. Elle a une « nature » différente : ses principes sont choisis, et assumés. Qu'ils soient vrais ou non (a t-on réellement la liberté de penser ? Naissons nous vraiment libres et égaux, même en droit ?), aucun projet politique ne peut se former en justice sans ces postulats (imagine t-on un projet politique qui tiendrait compte de ce que nous sommes différents à la naissance ?).<br /> <br /> La laïcité est la partie visible de cette nouvelle manière de penser. Elle va au delà de la simple démocratie et impose ses normes au même niveau que la constitution, tout simplement parce qu'elle est fondamentalement dans la République. Et à ceux qui me diront que dans d'autres pays on a plus de libertés, je suis prêt à débattre, et de la définition de liberté, et de ce que cela implique en société.
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M
Cher Joaben,<br /> si tu attribues ma sensibilité à un caractère féminin, outre un petit coté sexiste qu je te pardonnerais volontiers, sache que j'en suis flatté mais que tu te trompes :)<br /> <br /> Sinon, sur le fond, oui, je pense que la laïcité n'est pas possible dans une monarchie, qu'elle soit constitutionnelle ou non. Seules les républiques, qui partagent une « chose commune », peuvent développer la laïcité, quitte à le faire au détriment de la démocratie (les républiques « populaires » d'Europe de l'Est étaient très laïques par exemple).<br /> <br /> Et quand je dis république, j'exclus les régimes anglo-saxons (RU + US), qui n'en sont pas, comme tu le fais justement remarquer. Un point intéressant est de comparer les concepts de sphère privée / espace publique dans ces pays avec les notres.<br /> <br /> La laïcité se visualise très bien quand les religions l'attaquent, mais elle n'y est pas cantonnée ! Ses impacts concernent tout le champ moral de notre vie publique et tout ce qui est « tolérable ». Elle permet de déterminer à quel moment l'arbitraire doit entrer en jeu (le moralement inacceptable ou le trouble à l'ordre public), et de quelle manière (par la loi par exemple).<br /> <br /> Grâce à la laïcité, nous avons pu limiter le jugement du moral à la sphère publique : ce qui relève de la sphère privée ne doit pas être jugé (dans la limite du respect de la dignité humaine et autres détails :) ).<br /> <br /> Cette notion de sphère privée est inexistante aux US par exemple, où la religion, la voiture, les oritentations politiques ou les pratiques sexuelles sont des marqueurs sociaux.<br /> <br /> Et, pour finir, oui, la France est un modèle de la laïcité. Quand celle-ci est abimée chez nous, c'est dans le monde entier qu'elle s'abime ! Quand les religions sont stigmatisées ou présentées en communauté, ce sont les discriminations des autres que nous justifions. Quand des petits tyrans de banlieue ou de plage utilisent la religion pour justifier leur besoin de dominer, au moins localement, un monde qui les cantonne au rôle de victime le reste du temps, et qu'ils sont rejoins par les médias en quête de sensation, c'est la nature même de la République Française que nous abimons.<br /> <br /> Bref, je m'envole, mon menton se lève, ma poitrine se gonfle, mon regard se tourne vers l'avenir tout en fixant l'horizon d'un air pénétré, conscient que je suis que la ferveur républicaine qui anime les vrais défenseurs du peuple libérera les masses opprimées du joug de l'arbitraire. On dirait du Mélenchon :)
J
Oops : Précision : US, Suisse ne sont pas des monarchies ... mais pas de républiques non plus.<br /> D'autre part, nous avons des "républiques islamiques" ou israel.
J
Chère Mong.<br /> Ma remarque est simplement que tu exclus du champ de la laïcité les monarchies parlementaires comme la Belgique, les Pays Bas, l'Espagne, la Suède, le Luxembourg, la Suisse, le R.U, les US.<br /> Sommes-nous modèles en matière de laïcité en république francaise ?
M
Je ne pense pas que la laïcité puisse exister en dehors d'un régime républicain.<br /> <br /> Elle est en effet une sorte de mode de gestion de l'espace public. Ceci impose deux choses :<br /> - que l'espace public existe, ce qui suppose quelque chose proche du concept de République,<br /> - un certain relativisme vis-à-vis des valeurs, relativisme dont les dangers ne peuvent être compensés que par la démocratie.<br /> <br /> Mais, tout comme les DdH, adhérer aux valeurs doit pouvoir être un choix. Dire : "les DdHC sont une réalité universelle" relève du choix, pas du constat de réalité ! C'est donc une valeur, un choix de civilisation que l'on peut vouloir répandre indépendamment de la réalité concrète de leur existence.<br /> <br /> L'universalité de la laIcité suppose que toutes les valeurs puissent se discuter sous l'angle politique, sur l'agora. Or, qui dit politique dit compromis, ce qui est peu compatible avec le concept de dogme...<br /> <br /> A noter : les DdH (et du Citoyen) nécessitent des compromis pour pouvoir s'exprimer dans un régime laïque également ! La CEDH n'est absolument pas le meilleur endroit pour « imposer » la laïcité, car la CEDH est fondé sur un dogme (la nécessaire universalisation des DdH) indépendamment de tout autre concept, ce qui est incompatible sur le fond avec la laïcité.
J
"La Laïcité est fondamentalement dans la République"<br /> D'accord, mais attention ... si nous voulons aller vers une universalité de la laïcité, un tel énoncé nous condamne vis à vis des régimes y compris proches qui ne sont pas dans un système républicain.<br /> Il me semble que comme les DH, un énoncé de la laïcité indépendant du régime politique est possible. Il faut donc travailler çà à la CEDH en priorité, je pense.<br /> Attention à ne pas "franciser" trop la laïcité.
Z
"Laicard" un mot forgé par Charles Maurras, le théoricien antisémite de l'"Action francaise" dans son combat contre le progrès. Cet agnostique qui utilisa le catholicisme pour faire avancer ses positions réactionnaires et rétrogrades haïssait la liberté, il haïssait l'égalité et il haïssait la fraternité. Toutes choses défendues par l'idée même de laïcité.
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