Prosélytisme évangélique en pleine gare Saint-Lazare...
Christ est amour. Allelujah, Allelujah... !
Dans une église, un temple, une salle de prière, un lieu de culte, ce serait complètement banal. Dans une gare - qui plus est la plus fréquentée - un samedi après midi, c'est étonnant et même carrément inadmissible !
Le Piano à disposition de tous, chouette trouvaille de la SNCF pour animer les grands halls de ses gares, était détourné ce samedi 20 aout à Saint-Lazare, par un groupe d'évangéliques ! Une trentaine de fidèles, coordonnés par l'un d'eux, au centre, entonnaient des chants religieux et essayaient de les faire reprendre par les voyageurs un tantinet héberlués par le spectacle...
Me dirigeant vers les escalators conduisant aux étages inférieurs vers le métro, je suis tombé nez-à-nez avec cette manifestation d'un culte en plein espace ouvert au public !
Provocation ou simple manifestation publique d'un culte,
cet "incident" marque l'état d'esprit qui règne aujourd'hui. On se demande comment la SNCF, et notamment le directeur de ses lignes, peut tolérer de telles manifestations en ne donnant pas de directives claires, précises et sans ambiguité aux agents dont il a la responsabilité...
Je doute que ces hommes et ces femmes aient été en possession de la moindre autorisation de manifester ainsi leur foi. C'est pourtant ce qui découle de la loi de 1905 ! Elle garantit le libre exercice des cultes dans le respect de l'ordre public. Je me suis dirigé vers des agents de sécurité (aux gilets orange) pour m'étonner qu'ils tolèrent cette manifestation d'un culte en ces lieux. Et c'est par un "la SNCF est prévenue mais ils ne font rien" que notre bref entretien s'est conclu ! Je me suis donc rendu au commissariat de police de la gare où j'ai déposé cette main courante.
En sortant du commissariat, j'ai pu constater que la dernière phrase de ma déposition était suivie d'effet. Un cordon de sécurité se formait autour de ce groupe pour faire cesser cette intempestive célébration cultuelle.
Une vigilance de tous les instants est décidément nécessaire.
Faire respecter la plus élémentaire des règles : la liberté de conscience dans les espaces publics, même si ceux-ci sont juridiquement des espaces privés. Encore faut-il bien préciser que de tels espaces sont, manifestement, dédiés à l'exercice de missions de service public, tout comme leurs propriétaires qui en reçoivent délégation de la part de l'Etat !
Laisser faire ce genre de manifestation revient à laisser progressivement s'estomper les bornes de l'exercice de la liberté de conscience. Toujours se remémorer, toutes choses étant égales par ailleurs, le poême du pasteur Martin Niemöller...
Une opération à préserver.
Ce triste épisode est d'autant plus regrettable qu'elle jette le discrédit sur cette opération "A vous de jouer !" qui est l'occasion de rencontres tout à fait intéressantes et riches.
Par exemple, au même endroit, ce piano permet les improvisations et les variations de jeunes pianistes, même si en l'occurence Elise devient Marie... Le Conservatoire National Supérieur de Musique n'est pas loin.
Au chapitre des rencontres musicales, celle-ci, au plus grand plaisir des voyageurs-spectateurs d'un instant, à la gare d'Austerlitz...
Gérard Contremoulin
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