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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

17 Dec

S comme Souveraine

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Dico

S comme Souveraine
S comme Souveraine

Le Grand Orient de France est composée de loges souveraines. C'est probablement le mot le plus utilisé, il traduit une spécificité de fonctionnement qui mérite quelques développements...

 

Souverain, indépendant, autonome. Trois qualificatifs qui répondent en écho à un autre précepte tout autant utilisé : "un maçon, libre dans une loge libre". De quoi s'agit-il ?

 

 

Une littérature abondante sur ce thème.

 

Dans son blog, "pmbordeaux" trace l'origine de cette formule et nous explique comment elle est devenue la devise de la Grande Loge Symbolique Ecossaise.
 
 
Roger Dachez lui a consacré un article de son blog Pierres Vivantes. Il y évoque notamment "un arrière-goût de subversion subtile". Sa réflexion est, comme toujours, étayée par l'histoire. C'est ainsi qu'il place le succès de cette formule dans la publicité que lui a assurée Oswald Wirth. Notre amour, qui n'est pas immodéré, pour ce que l'on pourrait nommer la "symbologie", ne nous conduit pas à dévorer les multiples ouvrages de cet auteur. Même si le travail de mes années d'apprentissage m'avait gratifié de leur lecture commentée...
 
 
Je préfère voir dans cette abondance la marque de la multiplicité d'interprétations. Elles renvoient à la complexité de cette référence. Non pour y voir une faiblesse mais plutôt la richesse de la pensée maçonnique. Cette formule résonne en chaque maçon tantôt d'une interdiction, tantôt d'une licence.

Une responsabilité à assumer pleinement aujourd'hui.

 

C'est surtout cela qui est en cause dans cette formule. La franc-maçonnerie libérale adogmatique se revendique comme une maçonnerie tournée vers la société. Son état aujourd'hui ne nous impose-t-il pas de mobiliser nos forces de réflexion et de proposition et de les tourner vers l'action ?

 

La situation syrienne, après les situations tunisienne, lybienne, irakienne, ukrainienne, ... -et la liste est longue- devrait nous conduire à sortir de nos loges pour apporter notre soutien autrement qu'en paroles, autrement qu'en déclarations habituelles et compassées, autrement qu'en protestations solennelles...

 

Etre souverain serait aussi de ne plus attendre de l'obédience qu'elle fasse à la place des loges. On lui reproche assez de le faire en matière de communication qu'il serait spécieux d'attendre qu'elle le fasse dans ce cas. Elle doit faire sa part bien sûr mais pas par substitution des loges !

 

Spectateurs-voyeurs.

 

Les médias et particulièrement les réseaux sociaux nous rendent spectateurs-voyeurs de scènes de guerre atroces. Depuis le petit Aylan Kurdi et les manipulations auxquelles sa mort a donné lieu, jusqu'à l'évacuation d'Alep, nous avons sous les yeux le spectacle de l'horreur. Et dans le même temps, nous sommes soumis aux "explications" géostratégiques mêlant au cynisme de la réalpolitik les bégaiements confus des responsables politiques. Comme si ce discours sur les faits n'avait d'autre but que de nous entretenir dans l'impossibilité de toute réaction, nous confortant ainsi dans l'inaction.

 

Et pourtant, en d'autres temps, nous avons su nous mobiliser. Nous avons su prendre notre place dans les mobilisations contre les inhumanités commises, qu'elles viennent des USA ou de l'URSS, qu'elles se déroulent à l'autre bout du monde (Afrique du Sud avec Nelson Mandéla durant ses 27 ans d'emprisonnement ou au Cambodge des Khmers rouges de Polpot ou encore au Chili du général Pinochet) ou qu'elles soient à nos portes (la Grèce des Colonels ou la Pologne de général Jaruzelski). 

 

Assumer sa souveraineté devra correspondre maintenant à décider d'agir.  C'est ce que les loges souveraines devraient inscrire à leurs ordres du jour. Prolonger leurs "5 minutes d'actualités" par une réflexion sur l'implication collective de leurs membres ; ne plus faire de planches sans en évoquer les prolongements concrets.

Bien sûr, il s'agirait là d'une maçonnerie habitée par un humanisme militant, par cette "laïcité de combat" qu'évoquait l'ancien Grand-Maître Daniel Keller.

 

Etre souverain, c'est accepter d'être pleinement responsable de ses choix...

 

 

S comme Souveraine

 

Gérard Contremoulin

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K
J'ai déjà utilisé la métaphore de l'édifice, je vais en prendre une autre. L'utilité d'une table c'est d'être un plateau à la bonne hauteur. Pour ce faire, on adjoint au plateau 4 pieds qui permettent au plateau d'être à la bonne hauteur, mais ce qui est vraiment utilisé, c'est le plateau, pas les 4 pieds. La Grande Loge de 1717 c'est le plateau, les 4 pieds ce sont les 4 loges qui s'y sont agrégées, ou plus exactement, il y avait un pied porteur, "A la coupe et aux raisins" et 3 autres pieds pour donner une impression de stabilité.
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J
Pour taquiner ... 3 piliers assurent une stabiliét. Geometriquement, un quatriême est forcément intrus, plus ou moins intégré.<br /> La création de la GL de Londres, mythique ou pas, peu importe, est justement la condamnation des approches descendantes contre-maçonniques de "loges émanant des obédiences "... Alors oui, ca ne fait pas plaisir aux pouvoirs obédentiels... <br /> L'edifice est décrit, mais la franc-maçonnerie comme les modèles de construction dispose comme les pierres des edifices fameux leur "liant" sans le moindre besoin de "lieurs" intéressés. Ce liant est parfaitement inclus dans les rituels.
K
Ce que Desaguliers à la demande de son mentor Newton a voulu créer c'est l'obédience, novation juridique et symbolique destinée à diffuser les idées de Newton sur le théisme expérimental et la religion naturelle (la seule religion qui ait tenu ses promesses!) sous la métaphore de la construction d'un édifice, symbole (largement utilisé à l'époque) de la construction d'une société nouvelle.<br /> Les pierres n'ont pas besoin en soi de former un édifice, mais la qualité d'une maison se mesure à son architecture et pas aux pierres qui la composent.
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M
"Le Grand Orient de France est composée de loges souveraines." ?<br /> Pas si sur.<br /> Jusqu'à preuve du contraire, et ça va être difficile, les Membres du GODF sont des personnes physiques.<br /> Qu'ils soient regroupés en unités géographiques appelées "Loges", souveraines ou non, est un autre problème.<br /> Si tu n'es pas convaincu, relis le dernier jugement de la CSJM dans l'affaire DARAUD
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J
Peut être venir en parler à la Grande Tenue des loges européennes pour l'année du tricentenaire le 7 janvier : <br /> http://glefu.org/grande-tenue-2017.html<br /> Il y a un aspect contradictoire dans le discours tendant à justifier le rôle de l'obédience :<br /> <br /> En 1717 DES LOGES CREENT UNE OBEDIENCE. Pourquoi, en 2017, donc vouloir inverser le processus et prétendre que l'obédience crée des loges ?<br /> En 1717, la GL de Londres créée par des loges a apres validation par les loges défini des constitutions auxquelles adhèrent (ou pas) des loges. Les loges n'ont nul besoin d'obédience pour être crées ni pour vivre. Par contre l'obedience apporte des services, permet de fédérer, mutualiser, animer. L'obédience a souvent usurpé une prérogative des loges et leurs VM : savoir qui entre en loge, au point que dans les obediences les plus dictatoriales cette usurpation est abusivement considérée comme inhernete à la vie maçonnique !
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J
Je reprend ton image, Michel ...<br /> Les édifices les plus réputés et fameux (Pyramides, Sacsuaman, ...) n'ont pas de ciment, justement. Les pierres s'imbriquent parfaitement, sans besoin de quelque fourniseur de ciment. La simple observation montre que les obédiences ne lient pas, mais divisent, excluent, séparent, éparpillent les FM. Et bien sûr, passent des accords au sommet ensuite pour etablir d'autres liens que ceux de la FM.
M
C'est le vieux débat de l'œuf et de la poule. Un édifice est fait de pierres, mais ce ne sont pas les pierres qui font l'édifice: C'est l'architecture qui les ordonne et le ciment qui les unit.
M
La franc-maçonnerie, c'est l'indépendance dans l'interdépendance. En 1717, c'est l'obédience qui a été créée et qui a agrégé des loges maçonniques qui avaient auparavant un statut corporatiste dépendant des cités. L'obédience a promulgué des constitutions qui garantissent leur indépendance aux loges tout en assurant la cohérence d'ensemble: C'est l'ordre maçonnique. Comme l'explique Roger Dachez, une loge régulière est une loge constituée, c'est à dire qui a été créé par une obédience reconnue et qui en a accepté les Constitutions.<br /> D'où l'importance des Constitutions de 1723 promulguées par Desaguliers à la demande du Duc de Montagu. Desaguliers qui était Docteur en droit a fait de l'obédience maçonnique un modèle d'organisation juridique garantissant les droits et les libertés de la cellule de base tout en assurant la solidité et la pérennité de l'ensemble. Cette construction juridique dont il a été l'architecte était conforme aux droit positif anglais de l'époque très en avance sur le droit divin qui régnait en Europe. Desaguliers a même écrit dans un ouvrage de 1727 que ce modèle était celui du système solaire de Newton où le soleil unit les planètes tout en leur laissant pleine autonomie.
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