Les archives russes, la mémoire spoliée...
Persuadés que la franc-maçonnerie dissimule des secrets qui donnent à ses membres des pouvoirs de domination sur le monde, les nazis, mais les staliniens aussi, ont passé la seconde guerre mondiale à traquer les francs-maçons et leur très fantasmé "secret". Depuis, les amoureux de la théorie du complot s'en donnent à coeur joie...
Cette traque fut même la première décision du régime de Pétain à Vichy, érigée en politique d'Etat par la loi du 13 aout 1940 qui interdisait le GODF et la GLDF puis ensuite le DH. Elle s'abattit également chez nos frères de Belgique...
Mais, dès juin 1940, ce sont les nazis qui fracturent les sièges du GODF et de la GLDF pour piller les archives maçonniques. Puis Pétain négociera avec Hitler le soin de s'occuper lui-même de la franc-maçonnerie française et installera rue Cadet le Service des Sociétés Secrètes qu'il confie à Bernard Faÿ, antimaçon notoire. Ces archives, mémoire de la franc-maçonnerie, seront stockées d'abord à Berlin puis, saisies par les soviétiques, elles seront stockées à Moscou, d'où ce nom "d'archives russes".
Recouvrées au début des années 2000, elles constituent une mine d'informations. Certaines remontent au XVIII° siècle avec notamment mention de la Loge des "Neufs Soeurs", célèbre loge du temps des Lumières qui accueillit les plus grands penseurs, savants et politiques du siècle ! C'est la mémoire de la franc-maçonnerie qui peut se reconstituer et qui commence à livrer ses trésors aux chercheurs...
"La mémoire volée des francs-maçons".
est un film écrit par Eric Giacometti et Jacques Ravenne, qui se livrent à une enquête serrée et très documentée sur l'industrie du pillage d'archives auquel s'est livrée l'armée allemande et ses services spécialisés entre juin 40 et février 41, sous la direction d'Alfred Rosenberg, membre de l'Ordre de Thulé, antisémite, anti catholique et anti maçon avéré, directement missionné par Hitler.
Obtenir la restitution de ces archives, dès que leur localisation fut connue, devint l'objectif du Grand-Maître à l'époque, Philippe Guglielmi, auquel il faut associer pour ces restitutions, Alain Bauer.
Et non sans une légitime fierté, les protagonistes de ce retour des "archives russes" livrent leurs témoignages. Il fallait un guide pour nous aider à cheminer dans cette découverte. C'est Pierre Mollier, directeur des archives de la rue Cadet et grand expert en la matière, qui joue ce rôle.
Avec le concours d'historiens...
Le film fait appel à l'éclairage indispensable des historiens qui se sont spécialisés dans cette matière.
André Combes, auteur de "la franc-maçonnerie sous l'occupation", auteur d'ouvrages sur la franc-maçonnerie et les deux conflits mondiaux, apporte l'éclairage indispensable de l'historien.
Sophie Coeuré, auteure notamment de "La mémoire spoliée" et de contributions dans "Les cahiers du monde russe"
Patricia Grimsted, spécialiste des archives maçonniques spoliées, et notamment des archives de l'ex union soviétique.
... et de Grands-Maîtres aussi.
Marc Menschaert, du Grand Orient de Belgique
Philippe Charuel, de la Grande Loge de France,
Daniel Keller, du Grand Orient de France.
Voici le film de Jean-Pierre Devillers :
L'antimaçonnisme.
Il devient une politique de l'état français de Pétain. Le concours de l'industrie cinématographique, ou ce qu'il en reste sous l'occupation, va livrer le seul film de propagande antimaçonnique, avec ce titre "Forces occultes".
Ce "film", ou plutôt cette suite d'images animées, est une infecte propagande qui montre aujourd'hui jusqu'où l'antimaçonnisme est capable d'aller...
Néanmoins, il constitue un acte politique inédit et maudit dont Jean-Louis Coy, écrivain et critique cinématographique et Jean-Robert Ragache, historien et ancien Grand-Maître du GODF, nous décrivent les mécanismes :
Jugez vous-mêmes :
Gérard Contremoulin
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