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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

20 Mar

Les responsabilités d'une maçonnerie sociétale souveraine...

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Valeurs républicaines

La Marianne de Jacques France

La Marianne de Jacques France

L'élection présidentielle, sous la V° République, est le moment-clé des périodes politiques, la clé de voûte des institutions (... actuelles). A ce titre, c'est un moment essentiel et toutes les forces vives sont concernées, le GODF aussi...

 

Résonnent alors les propos d'un ancien Grand-Maître pour qui l'obédience était "un corps intermédiaire de la République" ! J'avais eu l'occasion, siégeant au Conseil de l'Ordre à cette époque (2011), d'exprimer mon désaccord avec cette vision qui me paraissait contradictoire avec les combats saillants de l'obédience, même si elle fut dans l'histoire, (trop) souvent, légitimiste.

 

Le Grand Orient de France n'est, et doit probablement le rester, l'intermédiaire d'aucun pouvoir, d'aucune institution. Le Grand Orient de France est "souverain" ! Aujourd'hui, dans cette période civiquement hasardeuse, il doit apparaître souverain, indépendant, prospectif. On peut même ajouter qu'il constitue probablement  la seule "force vive" à même d'assumer le rôle de vigie de la République. C'est donc sa responsabilité, c'est-à-dire celle à laquelle chacune et chacun de ses membres doit réfléchir et méditer...

Souverain.

 

Le Grand Orient de France se définit comme une obédience libérale (adogmatique) souveraine. A ce titre, elle affirme le caractère spécifique de son statut par rapport aux différentes instances et Institutions de la République. Cette distance dans laquelle elle se tient, statutairement, à l'égard tant des corps constitués de la Nation que de ses forces vives, l'oblige à un impératif catégorique : rester en deça de tout engagement privilégié, respecter la souveraineté des loges qui la composent et des décisions de son Convent qui exerce deux grandes compétences : décider des grandes options en matière administratives et institutionnelles, en matière initiatique (disons plus simplement : maçonnique). 

 

La souveraineté que ses textes accordent au Convent institue une situation où seules les lois de la République d'une part et d'autre part les textes fondamentaux de la maçonnerie tracent le champ d'intervention des francs maçons.

Indépendant.

 

Le Grand Orient de France, puissance "indépendante", illustre trois siècles d'expérience d'une vie institutionnelle où se sont confrontées liens privilégiés avec le pouvoir (particulièrement aux moments de l'Empire puis de la 3° République) et affirmation d'une personnalité morale distincte (et distante) du pouvoir d'Etat (comme avec Paul Gourdot, cf. sa lettre au Président François Mitterrand). C'est de cette histoire dont nous avons à rendre compte aujourd'hui pour affirmer l'identité d'une obédience qui exerce au sein de la République un magistère plus éthique que moral. Le GODF, qui se veut vigilant, doit être une cellule de veille en matière de Laïcité, de Droits de l'Homme et de respect des principes républicains.

Prospectif.

 

Le Grand Orient de France, première obédience tant historiquement qu'en terme d'effectifs, doit reprendre l'offensive en terme de prospective. Dire cela, c'est admettre qu'elle ne la tient pas complètement aujourd'hui !

 

Comme Frédéric Desmons au Convent de 1877, il faut que la maçonnerie, et il s'agissait dans son esprit du Grand Orient de France :

(...) reste ce qu'elle doit être, c'est-à-dire une institution ouverte à tous les progrès, à toutes les idées morales et élevées, à toutes les aspirations larges et libérales (...)

 

Cette aspiration à être un laboratoire pour la République, un creuset dans lequel se forgeraient les lignes de forces de la société de demain constitue un trait majeur de l'identité de la maçonnerie sociétale, notamment du GODF.

 

Ce fut par exemple l'adoption en 1773 des principes de l'élection des Vénérables et de l'annualité des mandats (réforme proposée par Montmorency-Luxembourg, seize ans avant la Révolution), jusque là les charges se transmettaient par cession ou par héritage. Plus proche de nous, la bataille d'Henri Caillavet et de Pierre Simon (GLDF) pour la contraception (qui aboutit à la loi Simone Veil) ou encore le droit de mourir dans la dignité...

 

Dans la dernière période, ce furent encore le Laboratoire d'idées lancé par le Grand-Maître Philippe Guglielmi (1997-1999), le redéploiement international avec Alain Bauer (2000-2003), les Chantiers de la Laïcité ouverts par Jean-Michel Quillardet (2005-2008) dans un travail interobédientiel, les perspectives ouvertes par le développement vers l'Amérique latine avec Pierre Lambicchi (2008-2010), puis Les Utopiales, Les Engagements d'Humanisme, Les Chantiers de la République mis en place sous Daniel Keller (2013-2016). Ce fut aussi, dans le milieu des années 2000, le travail lancé par le congrès régional des Loges d'Ile-de-France sur le Revenu Universel.

 

Reste à construire les conditions d'un vrai travail de prospective où les loges se saisiront d'un thème, le travailleront selon des modalités spécifiques permettant de faire converger vers le convent l'ensemble des contributions et d'y tenir un débat ad hoc conséquent. Il deviendrait alors possible de doter l'exécutif (le conseil de l'ordre) d'une feuille de route en adéquation avec les travaux des loges.

Les responsabilités d'une maçonnerie sociétale souveraine...
Les responsabilités d'une maçonnerie sociétale souveraine...
Les responsabilités d'une maçonnerie sociétale souveraine...

Pour bien se comprendre.

 

D'un point de vue maçonnique, il existe une différence fondamentale entre le politique et le sociétal.

 

La franc-maçonnerie libérale adogmatique n'a pas vocation à se transformer en une quelconque organisation politique. En revanche, elle ne s'interdit aucun débat. Elle accepte donc le challenge de traiter en loge des questions de société. Les exemples cités plus haut situent cette différence. Ils montrent un travail de réflexion, en amont des programmes politiques, lesquels ne sont évidemment en rien tenus par cette réflexion. De sorte que la maçonnerie ne joue en réalité aujourd'hui, qu'un rôle d'éclaireur, d'évocateur des pistes que la société pourrait emprunter...

 

Nous ne sommes plus au temps de la 3° République où les grandes lois de la République furent conçues dans les loges... Ces temps sont révolus. Ils montrent cependant ce que la République doit à la maçonnerie (les lois adoptées entre 1880 et 1905) et dans le même temps, ils nous désignent notre héritage, non pour le dilapider mais pour le défendre !

 

Enfin, l'évolution sémantique du contenu du mot "politique" avec la grave déconsidération qu'il a subi, oblige à un recentrage sur l'objet même.

Face aux grands défis devant lesquels l'évolution du monde nous place, il va falloir réinventer le contenu d'une nouvelle citoyenneté, d'une nouvelle manière de "faire société".  Les principes qui guident les francs-maçons, et notamment celui de "réunir ce qui est épars", mais aussi la laïcité, la Liberté absolue de conscience sont disponibles...

 

Et, ... nous n'aspirons pas au repos !

 

Gérard Contremoulin

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K
Une obédience "LIBERALE" étrange?<br /> J'aurais préféré Libre...
Répondre
S
Le qualificatif "libéral" est à prendre ici au sens originel en maçonnerie, c'est-à-dire celui du XVIII° siècle. Ce sens rejoint complètement votre souhait... Et lorsqu'en 1999, Philippe Guglielmi, alors Grand-Maître, se vit opposer fraternellement le sens économique que ce qualificatif a pris aujourd'hui, il prit la décision de lui en accoler un autre : "adogmatique". On parle depuis du GODF comme une obédience libérale adogmatique...

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