M. le ministre, vous vous trompez.
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, projette d'installer place Beauvau une "instance informelle de dialogue et de concorde". Ce projet prend place dans ce qu'il appelle une "laïcité de liberté".
Il se trompe de mot, d'idée et de régime politique.
S'il est effectivement ministre "des cultes", c'est en relation avec les territoires où règne le processus concordataire, et pour ces seuls territoires. Ailleurs, c'est-à-dire sur le reste du territoire national, il est comme tous les ministres, un ministre chargé du respect de la Laïcité !
Faut-il une énième fois rappeler que chaque fois, à droite comme à gauche, que l'on veut adjectiver la Laïcité, c'est pour la réduire à la seule dimension d'une opinion. Or, "La Laïcité n'est pas une opinion, c'est la liberté d'en avoir une", pour reprendre la devise du Comité Laïcité République.
Faut-il rappeler au ministre que tout dialogue inter-religieux ne peut exister qu'avec l'acceptation préalable par les représentants des cultes du principe de liberté absolue de conscience. En République, ce principe existe d'abord et avant tout. C'est lui qui garantit à tous les citoyens la liberté de croire ou de ne pas croire et non l'inverse.
Penser que la croyance serait un avantage dans une vie d'homme, comme l'exprimait Nicolas Sarkozy à propos de l'instituteur et du curé dans son discours du Latran, est un non sens républicain.
Les religions ont droit de cité dans la République à la condition d'en accepter et d'en respecter les principes. L'Etat est garant de l'ordre public défini par la loi. Il n'est pas dans son rôle de se préoccuper des relations qu'elles peuvent entretenir ou non entre elles.
Gérard Contremoulin
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