Quel rôle peut (doit ?) jouer la maçonnerie libérale et le GODF aujourd'hui ?
Devant les problèmes que rencontre notre société (attentats, racisme, antisémitisme, etc.), le rôle de la franc-maçonnerie libérale et du GODF en particulier est de s'attacher à lui permettre de les comprendre.
Plutôt que d’élaborer des solutions, ce qui était institutionnellement le rôle des organisations de la vie civile (partis politiques et syndicats), l’obédience doit s’appliquer à analyser les problèmes qui se posent à la société et à les reformuler dans une perspective humaniste pour les faire comprendre à l'opinion publique.
C'est le rôle essentiel de notre franc-maçonnerie que de décrypter les tendances lourdes qui sont à l'oeuvre pour les rendre intelligibles. Alors que les analyses qui sont portées par les médias émanent le plus souvent de cabinets aux perspectives obscursies par la pensée technocratique, il revient à la franc-maçonnerie de contre-proposer des analyses où l'Homme reste indéfectiblement au coeur de la démarche.
Que ce soit dans les domaines de la bioéthique, du transhumanisme, de la recherche de la paix au proche et au moyen Orient, de l'égalité entre les hommes et les femmes, de la déradicalisation ou encore de la lutte contre le terrorisme, la tradition de la maçonnerie libérale doit s'exprimer et éclairer la réflexion dans nos démocraties et dans la République.
Alors que nous constatons une grande vacuité du politique et la grande faiblesse des organisations de la société civile, il revient aux défenseurs des institutions et des principes républicains que sont les francs-maçons de sortir de leur réserve et de proclamer haut et fort qu'il existe une alternative au "politiquent correct".
Ils doivent s'engager résolument dans le traitement de la question sociale en restant suffisamment à distance des préoccupations partisanes et offrir à nos concitoyens les bases d'une réflexion prospective ouvrant la voie à la participation citoyenne. On ne peut accepter, pour quelque raison que ce soit, une diminution de l'exigence démocratique. Nulle raison ne peut être évoquée pour restreindre les pouvoirs de la délibération collective des citoyens. Et notamment pas les raisons de sécurité.
"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre et finit par perdre les deux".
Lorsque Thomas Jefferson, philosophe et président par deux fois des Etats Unis d'Amérique, très influencé par la philosophie des Lumières, écrit cette proclamation, il exprime l'expérience d'un rédacteur de la Déclaration d'indépendance (4 juillet 1776) qui prescrit l'inaliénabilité de la liberté et surtout pas au prix d'une meilleure sécurité.
Les francs-maçons se reconnaissent dans cette pensée émancipatrice qui reste très contemporaine et même d'une singulière actualité. Le travail de notre maçonnerie aujourd'hui est de déterminer l'équilibre que toutes les initiatives politiques doivent impérativement trouver et respecter entre liberté et sécurité. En tout état de cause, la seconde ne peut pas exiger de sacrifier tout ou partie de la première.
Tel est le signal que doit lancer notre maçonnerie. Faute de cela, notre situation de pôle intellectuel, social et moral s'en trouverait dangereusement menacé.
Le GODF, aujourd'hui, en exerçant pleinement sont rôle de vigie et de réflexion prospective peut constituer un pole de stabilité au service des principes de la République.
Gérard Contremoulin
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