Les droits des femmes sont bafoués. Que faisons-nous ?
Les droits des femmes sont remis en question là où l'on pensait qu'ils étaient acquis. Erreur, grossière erreur que d'imaginer les misogynes vaincus.
De président du syndicat des obstétriciens en subventionnements publics de l'association du professeur Lejeune, les réactionnaires remontent en puissance et regagnent du terrain.
De quoi s'agit-il ?
Le président du syndicat des gynécologues-obstétriciens, Bertrand de Rochambeau, choisit cette rentrée où se profilent la révision des lois de bioéthique pour lancer un pavé dans la marre. Il déclare en forme de dialogue, "à titre personnel" (mais de qui se moque-t-on ?) :
"Nous ne sommes pas là pour retirer des vies" a déclaré sur TMC le médecin pour expliquer son choix de ne plus pratiquer d’IVG.
Alors que la journaliste lui fait remarquer que "ce n'est pas un homicide de faire une IVG",
il répond : "Si, Madame."
"Toutes les femmes ne considèrent pas qu'avoir un embryon dans le ventre, c'est une vie", insiste la journaliste.
Le gynécologue lui rétorque que c’est "son opinion : Moi, en tant que médecin, je ne suis pas forcé d'avoir votre opinion. Et si je ne l'ai pas, la loi me protège, et ma conscience aussi."
La messe est, pour ainsi dire, dite. Revoilà la clause de conscience. C'est un détournement manifeste de la loi.
Puis, sur le même thème, une curieuse mais non surprenante suite à cette déclaration vient augmenter la pression.
Spectacle du Puy du Fou, création du vicomte Philippe Marie Jean Joseph Le Jolis de Villiers de Saintignon
L'association culturelle du "Puy du Fou", créée et développée par le vicomte (mais c'est nous dit-on, un titre de courtoisie) Philippe de Villiers le Jolis de Saintignon, décide, alors que ce n'est pas son objet social, d'accorder sur son budget une aide financière de 50.000 € à l'association du professeur Lejeune.
Le professeur Lejeune est un acteur bien connu de la lutte anti IVG, qui s'est illustré par la mise en place de commandos anti IVG allant jusqu'à intervenir à coté des blocs opératoires de cliniques pour rendre impossible la pratique d'IVG. Ces commandos de sinistre mémoire ne commettaient rien d'autre que des actes de terrorisme, absolument illégaux.
Illégaux au regard de la loi des hommes mais - et toute la question est là - pas au regard de ce qu'ils estiment être la "loi de dieu". Nous en sommes revenus là ! On peut en retrouver les traces sur les réseaux sociaux, d'ailleurs accompagnées, notamment, de Civitas...
M. de Rochambeau excipe de ce qu'il pense être son droit moral et qui l'autoriserait à fuir son obligation de médecin. En d'autre temps, nous aurions parlé "d'ordre moral". Aujourd'hui, il nous faut ne pas sous estimer l'ampleur de l'assaut. La clause de conscience ouvre la voie qui permet de satisfaire à la revendication réactionnaire anti-IVG. Nous devons la dénoncer en tant que telle.
Les droits des femmes sont plus que jamais menacés. C'est une preuve manifeste de la réalité de cette lutte : secouer le joug d'un ordre de soumission. Peu de luttes pour l'égalité des droits auront eues cette perspective. La lutte pour les droits des femmes est au coeur de l'égalité des droits et de l'émancipation des êtres humains.
Les francs-maçons recherchent en toutes circonstances la Dignité. C'est le rendez-vous que leur donnent les réactionnaires. A l'image d'un Frédéric Desmons qui proposait dès 1869 l'entrée des femmes au GODF, il est indispensable que nos loges, qu'elles soient mixtes ou qu'elles ne le soient pas (encore), abordent dès cette rentrée, et en adoptant la programmation de leur travaux, inscrivent, systématiquement, une réflexion au cours de ce trimestre sur l'indispensable égalité des droits entre les hommes et les femmes.
Puis, une fois la conclusion des travaux intervenue, que nous puissions proposer à la société une initiative visant à promouvoir cette égalité.
Alors, rêvons un peu : si chaque Grand-Maître, si chaque exécutif se saisit de cette problématique, alors nous aurions la possibilité de rassembler "La Maçonnerie Française" sur cet objectif...
N'est-ce pas la priorité de ce trimestre ?
Gérard Contremoulin
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