La Chaîne dUnion n° 86 est parue.
Dossier : Histoire, mémoire et oubli
Le GODF a-t-il vraiment le sens de l'histoire ? par Sébastien Desprairies
1877 quand les francs-maçons écrivent leur histoire, par Gérard Contremoulin
La Franc-Maçonnerie, une mythologie fantasme ? par Philippe Ilial
1877, quand les Francs-Maçons écrivent leur histoire.
Ou comment le convent de 1877 s’est inscrit dans la mémoire du GODF, voire dans celle de la maçonnerie en général.
Lorsque les Francs-Maçons écrivent leur histoire, ils doivent surmonter la plus grande des difficultés : savoir trancher entre ce qu’ils auraient aimé qu’elle fut et ce qu’elle a été, raisonnements et documents à l’appui. Mémoire et histoire, voilà deux « frères » ennemis.
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Une clarification nécessaire
Lorsqu’aujourd’hui les frères de la Grande Loge de France, obédience qui pratique exclusivement le Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA), revendiquent d’être les héritiers directs de la « Première Grande Loge de France » qui apparaît en 1723, ils sont confrontés à une alternative :
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Un XX° siècle contrasté
Du coup d’État du 18 Brumaire au Premier Empire, la maçonnerie va connaître un développement important. Napoléon choisit d’y investir ses hommes de confiance, son frère Joseph Bonaparte Cambacérès et Murat, qui installera le GODF dans l’immeuble de la rue Cadet. En 1814, le GODF passe de 300 à 1.220 loges.
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La Commune de Paris
En mars 1871, Paris se soulève. La maçonnerie se divise entre celle des « blouses maçonniques » (maçons prolétaires et révolutionnaires) qui adhère d'emblée à La Commune, et celle des « habits noirs » (maçons bourgeois républicains et modérés) qui fréquente plutôt les versaillais, comme le Grand-Maître Léonide Babaud-Laribière.
À trois reprises, les loges parisiennes interviendront auprès des frères versaillais
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La décision d'abandonner l'obligation de croire
Au GODF, la question de l’existence de Dieu s’était invitée dans les loges dès 1867. La réception en juillet 1875, d’Émile Littré et de Jules Ferry au sein de la loge La Clémente Amitié atteste de l’intensification du débat au GODF.
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Frédéric Desmons, une figure emblématique
Frédéric Desmons, rapporteur, le défendra le 13 septembre 1877, dans une intervention enflammée, vertueusement lucide, restée célèbre :
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1877 : un schisme profond
Le Convent de 1877 du GODF aura imprimé une inflexion majeure dans le développement et le déploiement de la franc-maçonnerie. Sa vie interne, ses débats, le contexte des révolutions sociale et politique de 1848 et de 1871 attestent de son implication dans la question sociale.
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Deux modèles maçonniques vont dès lors s'affronter
Le diktat de la Régularité
Ce n’est qu’en 1929 que la GLUA va édicter et publier huitBasic principles (Principes de base) dont le respect va conditionner l’attribution de sa « reconnaissance de régularité »à une obédience étrangère, encore aujourd’hui.On s’attardera sur les points 2, 3, 4 et 7.
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L'Esprit du Rite Français
La dénomination "Rite Français" n’est apparue qu’à la fin du XVIII° siècle et s’est généralisée après 1804 avec l’apparition, notamment, du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Elle désigne la seule pratique rituelle en France depuis la création de la Grande Loge de Londres et de Westminster en 1717 et la rédaction des Constitutions de 1723.
Il s’agissait alors en Angleterre, dans le contexte des conflits politiques et religieux (150 ans de pratique du principe « cujus regio, ejus religio»), de parier sur une utopie. Ne plus accepter le dogmatisme et l’intolérance comme une fatalité et affirmer qu’un humanisme, basé sur le respect des autres et la liberté de conscience, permettrait à une Franc Maçonnerie spéculative de devenir le "Centre de l’Union".
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Conclusion.
La décision de 1877 constitue aujourd’hui encore le point de clivage fondamental, la ligne de démarcation entre deux modèles maçonniques, les libéraux adogmatiques et les réguliers, ces derniers ne reconnaissant pas les premiers. Si l’on peut imaginer que la Franc-Maçonnerie soit universelle, on ne peut que constater qu’elle n’est pas universellement adogmatique.
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Le principe fondamental de la Liberté absolue de conscience, a ouvert un vaste champ d’investigation intellectuelle, morale et sociale. En réduisant le concept de « Vérité révélée » au rang de simple croyance, elle ouvre la voie à l’émancipation de toutes les tutelles par le rôle désormais fondamental qu’elle va faire jouer à la Raison et à la suprématie de la volonté humaine.
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Gérard Contremoulin
Dans ce numéro,
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- le dessin de Jiho,
- Matières à débat,
- Etudes et recherches,
- les notes de lecture d'Irène Mainguy.
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Gérard Contremoulin
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