2/5 - Les relations maçonniques internationales : un peu d'histoire.
A/ un courant nationaliste.
L’exaltation du patriotisme apparaît, simultanément aux appels au pacifisme. Observons les mots :
- Le GODF adresse aux loges le 18 mars 1913, une circulaire dénonçant « les excitations chauvinesd’où qu’elles viennent», mais précise sa cible en faisant appel « au patriotismeet à la sagesse du Parlement».
Les élections législatives, gagnées par la gauche, vont porter René Viviani, républicain-socialiste à la présidence du Conseil. Il est maçon.
- Le 4 août, au lendemain de la déclaration de guerre, le Conseil de l’Ordre adresse le télégramme suivant à René Viviani : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que le Grand Orient de France, interprète fidèle des sentiments patriotiquesde la Franc-maçonnerie française, vous renouvelle l’assurance de son entier dévouement au Gouvernement de la République. Comme il l’a fait en 1870, il met ses locaux à la disposition du Gouvernement ».
Au cours des premiers mois de guerre, Viviani met en place un cabinet d’« union sacrée », avec quatre maçons sur quatorze ministres. Il est ensuite élargi à deux socialistes SFIO : Jules Guesde et un Conseiller de l’Ordre du GODF, Marcel Sembat (ministre des Travaux Publics),
Le GODF soutient.
Les ordres du jour des loges parisiennes s’adaptent : « L’armée et la République », « La dernière des guerres », « Les orphelins de la guerre », « Le socialisme et laguerre », « De la liberté de conscience dans les hôpitaux militaires » et … « Des femmes, des jeunes filles violées par les Allemands sont enceintes de leurs œuvres. Que faut-il faire ?».)
L’attitude de la Maçonnerie allemande est stigmatisée par le Conseil de l’Ordre le 13 décembre 1914 ainsi que celle du gouvernement du Reich. Les Maçons allemands sont accusés d’avoir déshonoré « notre belle Institution », ce qui les met au ban de la Maçonnerie universelle.
Les premières actions humanitaires maçonniques se mettent en place.
- Un service médical de consultations gratuites qui a reçu au cours des trois premiers mois 7.000 personnes (et 80.000 jusqu’en 1918) est installé au siège rue Cadet.
- Des centres de soin sont fondés par des loges. Le plus important est l’hôpital de Toulouse.
- Des réfugiés des zones occupées sont hébergés par des Frères.
La GLDF organise un service de ravitaillement aux prisonniers, ouvre, avec le Frère Nicol, une maison de convalescence pour les Frères malades ou blessés.
B/ Le courant de l’internationalisme.
Les prémisses d’un internationalisme maçonnique vont se réaliser sur le dos de l’Allemagne et du Grosslogenbund(l’Alliance des Grandes Loges allemandes).
- Le GODF adresse le 26 avril au GO d’Italie un « salut affectueux » ajoutant : « Luttant côte-à-côte contre la barbarie et pour le triomphe du Droit et de la Civilisation, la France et l’Italie vont affirmer de nouveau, sur les champs de bataille et dans la victoire, leur union à jamais indissoluble».
Si le GOI le remercie le 23 juin, il n’y aura de rencontres qu’avec les conférences de 1917 puis au lendemain de la victoire quand le GODF ouvre en loge un débat sur la politique économique et financière des deux pays.
Par le Grosslogenbund, les obédiences allemandes contrattaquent et soutiennent que l’Italie est entrée en guerre à cause de l’influence de la franc- maçonnerie italienne qui, inspirée par la française, a fait pression sur le gouvernement Salandra.
- Le Grand Orient Lusitanien Uni (GOLU), dans une correspondance au GODF, précise que« la race latine qui a toujours lutté pour la liberté ne pouvait manquer de s’unifier pour combattre l’ennemi commun : les barbares du Nord».
La riposte viendra par un télégramme au Kaiser qui taxe les Maçonneries des pays engagés contre l’Allemagne d’« associations secrètes dégénérées».
On assiste à une escalade des communiqués.
C/ Le courant du pacifisme ou l’utopie pacifique.
Le BIRM (Bureau International des Relations Maçonniques)
En 1889, le Grand Orient de Franceavaitproposé de créer une fédération maçonnique internationalepour « favoriser le développement des idées pacifistes ».
C'est chose faite lors du congrès maçonnique international de Genève,le 18 mai 1902 (jour anniversaire de la Conférence de la Paix de La Haye, en 1899). Les obédiences nationales, régulières, n’y participent pas.
Un bureau international des relations maçonniques est ouvert à Neuchâtel en Suisse et placé sous la direction d'Édouard Quartier-la-Tente,alors grand maître de la Grande Loge suisse Alpina (GLSA).
La dynamique pacifiste est lancée.
... à suivre
Gérard Contremoulin
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