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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

16 Sep

Beaumarchais et son Barbier de Séville

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Réflexions - Conférences - TBO

Botticelli, La Calomnie d'Apelle (La Calunnia di Apelle) à la galerie des Offices de Florence

Botticelli, La Calomnie d'Apelle (La Calunnia di Apelle) à la galerie des Offices de Florence

Beaumarchais sous-titre sa pièce "La précaution inutile". Comment mieux dire ?

 

"Le Barbier de Séville" est créée le 23 février 1775 dans le contexte encore frais de l'affaire Calas (1761), du procès et de l'exécution supplicielle du Chevalier de La Barre (1765), notamment. Avec elle suivie du "Mariage de Figaro" (pièce écrite en 1778 et jouée seulement en 1784), Beaumarchais se livre à une critique des moeurs de cette seconde moitié du XVIII° siècle qui voit éclore la philosophie des Lumières et le déchainement de passions qu'elle provoque.

 

La calomnie dont il est personnellement victime  donne la matière de ce morceau d'anthologie qu'est le célèbre "éloge de la calomnie" qu'il place dans la bouche de Bazile, personnage que Figaro (Beaumarchais) décrit comme  "un pauvre hère qui montre la musique à sa pupille, infatué de son art, friponneau besogneux, à genoux devant un écu, et dont il sera facile de venir à bout".

Le peu de considération qu'inspire ce personnage donne une idée du projet de Beaumarchais plaçant dans sa bouche l'éloge d'un tel processus. 

 

Bazile, à l'acte II scène 8, déclare :

 

La calomnie, Monsieur ! Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés.

 

Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreur, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville en s'y prenant bien : et nous avons ici des gens d'une adresse ! ...

 

D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné.

 

Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement.

 

Le mal est fait ; il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ;

 

puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil ;

 

elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription.

 

Qui diable y résisterait ?

 

La partition de l'opéra de Gioacchino Rossini, sur un livret de Cesare Sterbini, illustre à merveille ce processus.

Dont on peut plus aisément suivre le fil des mots dans cette vidéo soustitrée :

L'oeuvre de Beaumarchais est un plaidoyer quasiment autobiographique qu'il réalise dans le contexte philosophico-politique de la bataille provoquée par la diffusion de l'Encyclopédie, âprement combattue par le personnage de Bartholo.

 

En prenant connaissance du cours de français en ligne du professeur Bernard Mirgain relatif à cette oeuvre, on trouve un commentaire d'élève dont voici un extrait :

 

.../... La calomnie a fait son oeuvre destructrice... C'est grâce à sa plume, son instrument de combat, qu'il sera réhabilité. La fougue, l'exaltation avec lesquelles l'auteur évoque la calomnie, nous porte à croire qu'il fait référence à son propre vécu.
Dans une première partie, après avoir fait la distinction entre rumeur et calomnie, nous exposerons comment Bazile définit la calomnie et en explique le mode de fonctionnement, rapide et efficace. Dans une seconde partie, nous verrons de quelle manière, après avoir pris racine, le mal sournois subit différentes mutations avant d'exploser, balayant tout sur son passage. .../...

 

Voir la suite à la même URL.
 

 

Gérard Contremoulin

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