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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

03 May

Il y a 84 ans, le Front Populaire.

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Mémoire, #Réflexions

Il y a 84 ans, le Front Populaire.

Le 3 mai 1936, la gauche remporte les élections législatives.

 

Au second tour des élections, une majorité de français vote en faveur de l'alliance entre les socialistes, les radicaux socialistes et les communistes. Le Front Populaire compose le gouvernement.

 

Léon Blum devient Président du Conseil (équivalent de Premier ministre). Il mettra en oeuvre les mesures phares du programme du Front Populaire : les congés payés (quinze jours) et la réduction du temps de travail à 40 heures.

 

Léon Blum dirige le premier gouvernement de la gauche. 

 

Le 6 juin 1936, Léon Blum s'adresse ainsi à la nouvelle assemblée des députés.

 

Pour précision le député auteur de cette attaque antisémite, Xavier Vallat, était membre des Croix de feu, alors que d'autres criaient "A Moscou".

 

 

Séance du 6 juin 1936, Léon Blum présentant son cabinet devant la Chambre Agence Meurisse

Séance du 6 juin 1936, Léon Blum présentant son cabinet devant la Chambre Agence Meurisse

Le Gouvernement du Front populaire.

Le Gouvernement du Front populaire.

Ni électrices ni éligibles, trois femmes entreront au gouvernement.

 

Cécile Brunschvicg (1877-1946)

Sous-secrétaire d'Etat à l'Education Nationale. 

Elle avait du passer son brevet supérieur clandestinement pour ne pas mécontenter son père. Elle consacra sa vie à l'action féministe, notamment en présidant l'Union française pour le suffrage des femmes et en dirigeant le journal "La Française".

Elle était membre du Parti Radical.

 

Suzanne Lacore (1875-1975)

Sous-secrétaire d'Etat à la Santé publique, chargée de la protection de l'enfance dans le 1° gouvernement (4 juin 1936-21 juin 1937)

Directrice d'école primaire, elle institue les visiteuses sociales et s'attache à développer la formation des jeunes salariées.

 

Irène Joliot-Curie (1897-1956)

Sous-secrétaire d'Etat à la recherche scientifique, elle est la fille de Pierre et Marie Curie.

 Elle démontre avec son mari Frédéric Joliot, l'existence du neutron et découvre la radioactivité artificielle. En 1935 elle partage avec lui le prix Nobel de chimie.

 

Et puis deux ministres pour des départements ministériels clés pour l'avenir : Jean Zay et Léo Lagrange.

 

Jean Zay (1904-1944)

Ministre de l'Education Nationale a qui l'on doit, notamment, le Festival de Cannes. Je lui avais rendu hommage ici, alors qu'il entrait au Panthéon.

 

En charge également des "Beaux Arts", département gouvernemental qui deviendra "les Affaires Culturelles" avec André Malraux et "la Culture" avec Jack Lang, Jean Zay souhaitait promouvoir l'Education Populaire, ses méthodes pédagogiques et les disciplines d'expression artistique.
 
Le cinéma, qu'il va vouloir "pour tous" participe de ses projets. Il existe un grand festival international de cinéma en Italie : la Mostra de Venise. En 1938,  Mussolini nomme le sinistre Dr Goebbels à la présidence de la Mostra ! Ce qui plonge Jean Zay dans une profonde colère et structure chez lui un projet de résistance à cette mainmise nazie sur le 7° Art.
 
On lui doit d'avoir institué les trois degrés de l'enseignement, l'unification des programmes, la prolongation de l'obligation scolaire à quatorze ans, les classes d'orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, le sport à l'école, les oeuvres universitaires et au titre des Beaux Arts, le CNRS, le musée des arts et traditions populaires, le musée d'art moderne, la réunion des théâtres lyriques nationaux.
 
Il sera assassiné le 20 juin 1944 par trois miliciens de Darnand au fond de la clairière de Cusset.
 
Ses cendres seront transférées au Panthéon le 27 mai 2015.
 
Il était membre (et l'orateur) de la loge "Etienne Dolet" du GODF à Orléans.
 
 

Léo Lagrange (1900-1940)

Sous-secrétaire d'Etat aux Loisirs. Il met en place une politique novatrice en direction des mouvements d'éducation populaire et de jeunesse. Il voit dans l'organisation du "Temps Libre" un atout pour révéler la dignité de l'Homme.

« Notre souci est moins de créer des champions et de conduire sur le stade 22 acteurs devant 40 000 ou 100 000 spectateurs, que d’incliner la jeunesse de notre pays à aller régulièrement sur le stade, sur le terrain de jeux, à la piscine ».

 

Fervent partisan de l'organisation de jeux olympiques alternatifs (Jeux antifascistes) à ceux de Berlin qui devaient se tenir à Barcelone. Le pronunciamento militaire de Franco (18 juillet) et le vote d'une majorité de députés pour la participation aux jeux de Berlin feront avorter ce projet. 

 

Le sentiment revanchard.

 

Depuis la sinistre manifestation de février 1934 où les ligues d'extrême droite, l'Action Française de Charles Maurras, les Camelots du Roi, les Jeunesses Patriotes de Pierre Taittinger, les Croix de Feu du Colonel de la Rocque ou La Fédération des contribuables marchaient sur la Chambre des députés le soir du 6 février.

 

Et même si Charles Maurras donnera l'ordre de dispersion de ses partisans place des Invalides, à deux pas du palais Bourbon, vouant à l'échec la tentative de renversement du pouvoir, cette rancoeur se structurera dans un mouvement qui utilisera tous les moyens pour tenter d'éviter l'arrivée du Front populaire au gouvernement.

 

Charles Maurras donnera la pleine mesure de son antisémitisme et de son antimaçonnisme,  y compris par des appels à la violence et au meurtre, comme on le voit dans le récapitulatif du site "Les crises".

On se souvient, à propos de Léon Blum,  de son : "C'est un homme à fusiller, mais dans le dos" !

Il y a 84 ans, le Front Populaire.

Ce qui sera suivi d'effet puisque, le 13 février 1936, des militants de l'Action Française attentent à la vie de Léon Blum.

Il y a 84 ans, le Front Populaire.
Il y a 84 ans, le Front Populaire.

La presse se déchaine.

 

Contre la politique du Front Populaire, les organes de la presse défavorable au Front Populaire, Gringoire, Je suis partout, l'Action Française, mènent une campagne ignoble de diffamation, de mises en causes personnelles calomnieuses particulièrement violente. 

Il y a 84 ans, le Front Populaire.
Il y a 84 ans, le Front Populaire.
Il y a 84 ans, le Front Populaire.
Il y a 84 ans, le Front Populaire.
Il y a 84 ans, le Front Populaire.
Il y a 84 ans, le Front Populaire.

 

Roger Salengro sera conduit au suicide.

Le ministre de l'Intérieur, Roger Salengro, fait l'objet d'une campagne ignoble de calomnies de la part de "Gringoire" de Chiappe. Il y était notamment sordidement accusé d'avoir déserté pendant la première guerre. Il se suicidera le 17 novembre 1936.

Roger Salengro était membre de la loge "La Fidélité" de la Grande Loge de France à Lille.

Il y a 84 ans, le Front Populaire.

Après deux gouvernements, plusieurs crises, l'hostilité permanente de la droite et de l'extrême droite, d'une presse peu regardante aux moyens et la perspective de la guerre, Léon Blum sera contraint de quitter le gouvernement le 10 avril 1938. Il sera emprisonné par le régime de Vichy et traduit devant un tribunal fantoche. Il sera déporté à Buchenwald. Libéré en avril 1945, il prendra la tête du gouvernement provisoire qui pendant ses deux mois (décembre 1946-janvier 1947) préparera les institutions de la IV° République.

Surviendra la seconde guerre, la défaite de l'armée française,  et Pétain sera porté au pouvoir.

 

La propagande de sa "révolution nationale" s'articulera autour de la dénonciation des responsables de la défaite et leur procès. Le complot "judéo-maçonnique" y occupera une place centrale. Pour Pétain "si un juif n'est pas responsable de sa naissance, un franc-maçon l'est de ses choix".

Par ordre du maréchal Pétain, les journaux reçoivent la consigne d'annoncer, en gros caractères et sur 5 colonnes, le châtiment des responsables présumés de la défaite (octobre 1940).

Par ordre du maréchal Pétain, les journaux reçoivent la consigne d'annoncer, en gros caractères et sur 5 colonnes, le châtiment des responsables présumés de la défaite (octobre 1940).

84 ans après...

 

Pour beaucoup, nous sommes issus de cette gauche unie qui a su renouer avec le pouvoir en 1981. Elle a permis de reprendre le cycle des politiques sociales, elle a aussi retrouvé l'hostilité constante des milieux réactionnaires au progrès social qui avait lourdement pesé sur le Front Populaire.

 

L'exercice du pouvoir ne l'a pas exemptée de ses démons originels. Elle s'est engluée dans son débat interne où se sont toujours opposées ses deux cultures : la contestation radicale ou la social-démocratie, la révolution ou le réformisme. 

 

Depuis, de timidités en renoncements, de divergences stratégiques en concurrences électorales, elle se sera progressivement délitée pour ne devenir, au gré de ses divisions, qu'une pale ressemblance de ce qu'elle était avant 1974, une nostalgie plus ou moins lyrique, un souvenir plus ou moins effacé. 

 

Au point qu'elle n'aura pas pu opposer la moindre résistance au tourbillon novateur, aux yeux d'une opinion spectatrice d'une campagne de communication sans concession qui portera un nouveau président à l'Elysée. Ce n'est pas tant son habileté que la vacuité de la gauche qui en sera la raison.

 

Inutile que ses leaders dissimulent leur incapacité à constituer une opposition crédible (comme François Mitterrand avait su le faire dès 1965 et plus particulièrement à partir de 1974), inutile qu'ils  se réfugient dans une attitude revancharde, dans l'expression du bruit et de la fureur ou dans une expression d'autant plus violemment qu'ils sont d'autant plus faibles politiquement ou intellectuellement, le rideau est tombé, la pièce est jouée.

 

Il faut construire l'avenir.

 

Il n'y aura d'alternative que dans l'innovation.

 

De même que le Front Populaire avait su s'appuyer sur un programme novateur et une stratégie (que lui avait imposé la mobilisation des forces sociales et syndicales) ; de même que François Mitterrand s'était appuyé sur un programme (Changer la Vie), une organisation susceptible de conduire le projet (le parti socialiste d'Epinay - juin 1971) et une stratégie (l'union du PS, du PCF et des Radicaux de gauche du MRG) soudée autour du Programme commun de Gouvernement ; de même serait-il sage de rechercher des perspectives de reconstruction d'un projet alternatif crédible.

 

Le confinement imposé par la lutte contre le COVID-19 fait apparaître nos incapacités à faire face à cette crise sans précédent. Il nous place devant nos contradictions : exiger le retour d'un "Etat-providence" qui aurait dû tout prévoir, quel que soit d'ailleurs ce "tout", et dénoncer en même temps les mesures qu'il prend comme intentatoires aux libertés, comme "dictatoriales" issues d'un pouvoir "fasciste". 

  

Une situation "tragique".

 

Racine et Corneille ont démontré majestueusement, après Eschylle, l'impasse de la tragédie. Le héros n'a de choix qu'entre le pire et le pire. D'une certaine manière, le confinement expose les responsables politiques à ce dilemme.

Réussir le processus de déconfinement représente probablement l'exercice de gestion collective le plus complexe. Toute mesure à son revers, toute décision n'est que désavantage.

 

Il dessine cependant les contours d'une nouvelle manière de vivre la démocratie et le développement économique. Nous prenons aussi conscience qu'un environnement peut redevenir plus sain, plus agréable au prix d'une modification substantielle de nos productions et de nos échanges. Certes, la démonstration est presque celle de l'absurde. Néanmoins, cette rupture totale des pollutions, que le confinement a rendu possible, contient des enseignements que nous devrons intégrer pour le redémarrage.

L'innovation est indispensable. Elle est le prix à payer pour pouvoir se réinscrire dans un processus de vie sociale.

 

Le COVID-19 est d'abord un défi scientifique. Mais il peut prendre sa place dans la liste des moments essentiels qui ont modifié en profondeur la vie sociale, politique, culturelle, scientifique non plus de notre pays mais de la planète.

 

Reste à faire entrer nos neurones dans le mouvement qui ouvre cette perspective.

Comme le disait le président John F. Kennedy lors de son discours d'investiture :

 

Ne te demande pas ce que ton pays est prêt à faire pour toi,

Demande toi ce que tu es prêt à faire pour ton pays. 

 

Gérard Contremoulin

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