RIP Marc Mapingou Mitoumbi
Marc MAPINGOU MITOUMBI, ancien directeur de campagne du président Pascal Lissouba en 1992 est décédé le mardi 5 avril, à l'âge de 63 ans, à la Clinique Ambroise Paré de Neuilly-sur-Seine, des suites du Covid-19 selon sa famille.
Voici trois hommages qui sont parvenus Sous la Voûte étoilée.
Hommage de Bedel Baouna
Sic Transit Gloria Mundi
Cher Marc,
Te voilà désormais à l'Orient éternel : libéré des peines, des soucis ! Te voilà désormais au règne de l'esprit. Mors janua vitae. Que dire de plus ? Dans Loués soient nos seigneurs, Régis Debray - que tu lisais beaucoup - nous révèle que " tout se clôt une aventure arrête toute débandade". Non, l'heure n'est pas à la critique ; elle est au recueillement. Je me joins à la Communauté congolaise pour te souhaiter "bon voyage". Sic transit gloria lundi. Ah !... Le Faucheur, cette fatalité inéluctable, la désillusion, le détachement, le stoïcisme, ou le découragement et le pessimisme.
Nous nous sommes rencontrés pour la première fois dans les studios de ZianaTV. Ce jour-là, nous avons débattu dans une émission. Depuis, nous avons sympathisé. Nous discutions : nous évoquions notre passion commune pour la lecture. Combien de fois n'évoquais-tu pas ta préférence pour l'antiquité gréco-romaine et la Renaissance - cet immense Alléluia pour reprendre l'exclamation d'Albert Camus -, ta passion pour Marc-Aurèle et Erasme ? De Pensée pour moi-même à Eloge de la Folie en passant par Complainte de la Paix, tout y passait. Tu étais très à l'aise dans les écrits dans cette époque-là et, je dois l'avouer, j'étais muet d'admiration. Ces souvenirs resteront à jamais gravés dans le disque dur de ma mémoire, sans le moindre soupçon d'être fait d'une substance moins durable que le temps.
Oh !... Nous n'étions pas toujours d'accord ! D'ailleurs, comment cela serait possible ? Mais tu le disais sans hypocrisie ; de mon côté je te le faisais aussi savoir. Te souviens-tu de cette critique que j'avais émise dans l'émission Décryptage sur la stratégie du Général Jean-Marie Michel Mokoko ? J'avais commencé par étriller le slogan dont tu avais été l'un des artisans : "l'avenir est arrivé" ! Mais jamais, au grand jamais, tu n'avais manifesté la moindre rancune. Bien au contraire, tu exprimais une certaine approbation à mes philippiques dans la mesure où elles étaient constructives. Du moins estimais-tu. Construit intellectuellement tu l'étais ! C'est pourquoi il y avait en toi cette capsule d'altérité et de tolérance. Cette tolérance qui fait grandement défaut chez nos compatriotes. Il ne t'échappait pas que notre époque est propice à la "parole humiliée", à ce que la philosophe Simone Weil appelait La pesanteur et la grâce, "les égarements des contraires". Non pas ces pensées qui se complètent ou se superposent mais, hélas ! se juxtaposent. Surtout au moment où les réseaux sociaux fabriquent les "intellectuels" virtuels à tout-va. Je puis affirmer, ya Marc, que tu as su tourner le dos aux fanges de la parole perdue. Tu étais, à vrai dire, un fil à plomb... Une sublime conséquence de ta construction intellectuelle équilibrée ou, ce qui revient au même, à la rectitude de ton effort spirituel. Tempérance et clémence te caractérisaient. Les quelques années où je t'ai connu, pour employer une image dont tu m'avais parlé au soir du 31 décembre 2018 au moment de nous souhaiter les voeux pour le nouvel an, tu tentais, avec tes moyens, de "sortir de la caverne". "Représente-toi donc des hommes, pour me rappeler cette recommandation de Platon dans La République, qui vient dans une sorte de demeure souterraine en forme de caverne possédant, tout au long de la façade, une entrée qui s'ouvre largement du coté jour ; à l'intérieur de cette demeure ils sont, depuis leur enfance, enchaînés par les jambes et par le cou, en sorte qu'ils restent à la même place, ne voient que ce qui est avant d'eux, incapables d'autre part, en raison de la chaîne qui tient leur tête, de tourner celle-ci circulairement. Quant à la lumière, elle leur vient d'un feu qui brûle en arrière d'eux, vers le haut et loin." Merci, grand frère, de me l'avoir rappelé. Cette image, j'en fais mienne ! Non, je ne l'oublierai pas. Je lis et relis La République de Platon grâce à tes conseils.
Aujourd'hui, ya Marc, tu es "fini". "Fini", cet adjectif polysémique - "C'est seulement à notre propre mort que nous sommes finis". "Fini" renvoie à la finition d'un objet, d'un projet, voire à la mise en oeuvre de sa perfection et "Fini" comme mort. Ainsi l'adjectif "Fini" devient polysémique. Un seul signifié : "Fini" et au moins deux signifiants : "Fini" comme aboutissement d'un projet et "Fini" comme mort".
Une fois de plus, je me souviens de cette discussion à la veillée en mémoire de Nzongo Soul. C'était à Sevran Beaudottes. Non, ya Marc, je ne romprai pas cette Chaîne d'union qui nous liait aussi bien dans l'espace que dans les temps.
Accolades... cher grand-frère !
Hommage de Ouabari Mariotti
membre de l'UPADS
Adieu Marc .
Triste, je mêle mes larmes de peine qui n'arrêtent pas de couler aux milliers d'accents qui s'élèvent au Congo, en Europe et ailleurs, dans le monde, pour rendre hommage à mon Frère Marc Mapingou qui nous a quittés, ce 5 mai 2020, dans un hôpital parisien.
Malade, depuis près de deux mois, nos vœux pour son rétablissement n'ont pu détourner le coup fatal qui l'a frappé.
Marc Mapingou s'en est allé. Trop tôt, trop vite. Sa disparition nous rappelle une évidence que nous sommes, finalement, bien peu de chose, sur terre. Elle nous convainc davantage du néant des grandeurs humaines, du vide des honneurs que l'ambition recherche et dont la vanité s'enivre.
Il était un grand esprit, Marc Mapingou. Une figure bien connue qui privilégiait les idées positives et faciles à comprendre. Ne s'amarrant qu'à ce qui est conforme à la raison, au bon sens, à la droiture et au cri de la conscience.
Là où le mensonge, la ruse et la violence primaient, Marc Mapingou savait s'en éloigner. "Tous les hommes sont nés pour la vérité et la lumière. Mais, tous ne sont pas préparés à la recevoir, ni, par conséquent, à en faire bon usage", aimait il répéter.
Militant des causes justes, combattant de la liberté, homme de solides convictions, Marc Mapingou laisse, derrière lui, l'image d'un politique engagé, attaché aux valeurs de la République.
Par son expertise dans la communication, Il a assumé, avec adresse et patriotisme, pour le compte du Congo, son pays, deux missions, tout à fois, ardues et nobles.
En 1992, Marc Mapingou contribue à l'éclatante victoire de Pascal Lissouba aux élections présidentielles démocratiques congolaises, en qualité de Directeur de campagne.
Puis, en 2016, depuis Paris, comme son Représentant Personnel, Marc Mapingou accompagne le candidat Jean Marie Michel Mokoko, au scrutin présidentiel anticipé du mois de mars. Une tâche qu'il endosse, jusqu'à ses derniers jours, en s'associant, parallèlement, à la diaspora congolaise, combattante de Paris, dans sa lutte légitime, pour une alternative nouvelle au Congo, au lendemain de la victoire contestée de Mr Sassou Nguesso.
De là où il est injustement détenu, à Brazzaville, Jean Marie Michel Mokoko, le cœur serré, a les pensées tournées vers son ami Marc Mapingou qu'il ne reverra plus, lui qui avait, encore, tant de projets à construire avec Marc Mapingou.
Dans les mêmes lieux où est placé Jean Marie Michel Mokoko, son frère André Okombi Salissa est inconsolable. Tant la disparition de Marc Mapingou l'a foudroyé.
De par sa formation, sa culture, ses idées, ses croyances, ses relations affectives, les valeurs qu'il défendait, Marc Mapingou avait donné un sens à sa vie.
C'était un humaniste, un pacifiste. Il ne s'en cachait pas. il avait confiance en la nature humaine et travaillait à son épanouissement. Toujours penché, vers les autres, à l'écoute de ceux ci.
Ses qualités humaines et son altruisme faisaient que sa compagnie, à Paris, était recherchée et appréciée. D'où la belle aura qu'il s'est bâtie, en milieu jeune de la diaspora congolaise, grâce à son ouverture d'esprit, la facilité de le rencontrer, son humilité et sa générosité.
C'est avec compassion que je présente mes condoléances les plus attristées à son épouse, à ses enfants et au reste de sa famille. Leur témoignant, par ailleurs, l'expression de ma solidarité, en ces moments d'intense douleur.
Là bas, à l'Orient Eternel, repose en paix, Marc.
Je te sens vivant, dans mon cœur, et au travers de nos souvenirs communs.
La vie ne dure qu'un instant. Par contre, l'amour pour les défunts est éternel.
Nous ne t'oublierons jamais. Toi qui savais cultiver l'amour et l'amitié. Ta mémoire sera gravée en nous.
Par ta façon d'être, ton rapport aux autres et ta conception de l'existence, faite de sagesse et de respect, tu as réussi ta vie, quand bien même, elle aura été très courte. Je la salue, à titre posthume.
Adieu Marc.
Paris le 5 mai 2020.
Hommage de Jacques Sima
Adieu Marc...
Samedi 16 mai 2020. Si j'ai bien compris Marc ce serait donc le jour de se dire Adieu de te dire Adieu. Est-ce vraiment vrai !
Comment te dire Adieu, je te le demande parce que j'y réfléchis, depuis ce coup de tonnerre du 5 mai 2020, et je n'y arrive pas. Je ne suis pas le seul, loin de là. Regarde autour de toi Marc. Ici et maintenant, nous nous posons tous ces questions.
Tu étais pour nous un émerveillement une découverte.
Homme pétri de bonnes moeurs, dévoué, courageux, affranchis de toute servitude, dans tes yeux clos, la lumière s'est enfuie.
Comment dire Adieu à l'Etre aussi affectueux. Tu n'as jamais manqué d'un geste, d'un mot, d'une tape ou d'une caresse pour chacun de nous. Et chacun peut se souvenir de son cas particulier.
Tu vois nous sommes avec toi pour témoigner de ton Humanité de ta soif d'universalité pour témoigner de l'Amitié et de la Fraternité que tu as portées à chacun de nous, pour témoigner de l'Amour dans lequel tu étais avec nous et dans lequel nous restons avec toi à jamais.
Oui, la voix est close elle fût faite par ceux qui sont morts et les morts la garde...
Alors je te dédie mon Très Ilustre Cendre Marc ce poème, le Chemin du deuil " Le Voilier"
"Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin,
et part vers l'Océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.
Quelqu'un à mon côté dit : « Il est parti !»
Parti vers où ?
Parti de mon regard, c'est tout !
Son mât est toujours aussi haut, sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
Et juste au moment où quelqu'un près de moi
dit : «Il est parti !»
il en est d'autres qui le voyant poindre à l'horizon
et venir vers eux s'exclament avec joie : «Le voilà !»
C'est ça la mort !
Il n'y a pas de morts.
Il y a des vivants sur les deux rives."
Marc, notre Marc, va en Paix et retrouve la sérénité. Nous, nous restons dans l'Espérance de ta Foi et de ta Fidélité !
Ton Frère Jacques Sima
GC
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