Franc-Maçonnerie et Covid
Comment maçonner avec la Covid ?
Dans le contexte d'une reprise de la transmission du virus, en forte accélération depuis quelques jours, on se demande si on pourra parler de la Maçonnerie de l'après Covid ou s'il va falloir s'habituer à vivre la Maçonnerie sur fond de Covid ? La pandémie est-elle une simple séquence ou va-t-elle s'inscrire dans la durée ? Est-ce une affection unique ou annonce-t-elle d'autres attaques virales d'ampleur comparable ?
Ces questions ne sont pas de vaines supputations. Elles se posent avec une grande acuité alors que les dernières mesures des pouvoirs publics ouvrent la perspective d'un nouveau confinement.
Présentialité.
La Covid a importé un néologisme dans nos habitudes de vie : on est en "présentiel" ou on n'y est pas. Au delà de la seule présence physique dans un lieu donné, cette notion renvoie à la responsabilité prise par les organisateurs des réunions "en présentiel". Les pouvoirs publics mettent chacun d'eux devant une responsabilité lourde de conséquences : ouvrir ou fermer les lieux de réunions des associations.
C'est le sens des dernières mesures prises comme le relate Le Monde.fr, en date du 23 septembre.
Paris.
Une mesure doit retenir toute notre attention :
La question se pose donc très concrètement à propos des sites maçonniques parisiens, qui sont aussi, pour la plupart, les sièges des obédiences.
Et parce qu'il faut aller au bout des raisonnements, les exécutifs des différentes obédiences devraient suspendre les activités des loges dans les sites maçonniques parisiens. Cette mesure devrait également être prise là où les conditions sanitaires l'obligent selon la carte établie et mise à jour par les pouvoirs publics.
Covid et démarche scientifique.
Les différentes disciplines de la science médicale déploient des trésors d'activité pour trouver des éléments de réponses. Les chercheurs font un travail d'ingéniosité et de rapidité, inédit en pareil cas.
Mais une atmosphère d'incrédulité entoure leurs travaux.
Les "débats" populistes qui sont organisés par les chaînes d'infos en continu ; l'impact de l'activité des réseaux sociaux où ont soudainement surgi des milliers de virologues, d'infectiologues, d'épidémiologistes, d'urgentistes, de spécialistes de tout et en tout genre, y ont leurs parts de responsabilité.
On a assisté à un étrange débat où la validation "populaire" (pression médiatique, sondage, voire référendum) d'un traitement (HCL) était exigée comme une évidence là où, dans le même temps, le processus scientifique (séries contrôlées et évaluées d'essais et de tests cliniques) était vilipendé car trop long et incertain...
Peur, angoisse, ignorance, manque de distance ? Probablement un peu de chaque, attisés imprudemment par quelques blogueurs angoissés mais sincères ou volontairement par quelques populistes irresponsables.
Axel Kahn, généticien et président de la Ligue contre le cancer explique dans ce tweet :
La Covid s'installe dans la durée
Certaines estimations envisagent un retour à la "normale" pour septembre 2021. En ce cas, les loges seraient restées plus de dix-sept mois sans possibilité de se réunir dans des conditions satisfaisantes. C'est une situation que la Franc-Maçonnerie n'a connu qu'en temps de guerre, avec les conséquences, terribles, que l'on sait.
Nous allons devoir chercher les voies et les moyens pour surmonter ce handicap qui risquerait, sans cela, d'être dévastateur.
On ne peut plus différer de traiter la question de la Franc-Maçonnerie en mode numérique.
Il faut prendre au sérieux ce qui apparaît encore comme invraisemblable, insensé : nous ne reprendrons pas le cours normal de nos activités avant un "certain" temps.
Et l'on ne pourra rester aussi longtemps sans maçonner. D'autant qu'apparait progressivement un pernicieux conflit intergénérationnel. Il confronte les plus de 65 ans, sujets "à risques", très réticents à une reprise rapide des travaux en "présentiel" d'une part et d'autre part les plus jeunes qui demandent cette reprise. Il ne faudrait pas laisser se développer une telle opposition, tout à fait suicidaire pour notre institution.
Alors, une question, qu'il devient urgent de traiter, et restée quasiment tabou jusqu'à présent : peut-on poursuivre les travaux maçonniques en mode virtuel ?
La part occupée par le numérique dans notre vie quotidienne prend des proportions de plus en plus considérables. Le développement à grandes dimensions du télétravail, en est la dernière manifestation.
On peut concevoir que cette question révulse un certain nombre de francs-maçons, très attachés aux contacts que permet la fraternité de la Chaine d'Union et le déroulement du rituel.
Mais, on peut également avoir ces attachements sans s'interdire d'imaginer une issue à cette situation restrictive. Peut-être en essayant de sortir de la culture du mieux-sinon-rien. Mieux vaut certainement trouver une formule numérique intermédiaire qui permette des échanges fructueux et fraternels, une formule qui puisse respecter notre méthode de triangulation, parfaitement réalisable en visioconférence. D'autres possibilités sont imaginables...
C'est pourquoi il faut que nous mettions à profit toutes les ressources tant intellectuelles que techniques, que matérielles présentes dans nos obédiences.
Le débat doit s'ouvrir et le plus tôt sera le mieux.
Gérard Contremoulin
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