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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

29 Sep

La lettre ou l'esprit : le dilemme de tout exécutif.

Publié par Sous la Voûte étoilée

La lettre ou l'esprit : le dilemme de tout exécutif.

 

 

La Lettre tue mais l'Esprit vivifie écrivait Paul dans une lettre aux Corinthiens (2 - 3.6).

 

Une citation tirée d'un auteur d'Epîtres est peu habituelle dans ces colonnes, et son (contre)-emploi n'est destiné qu'à souligner à la manière de Voltaire, la puissance, la supériorité de la Raison sur toute autre considération "extérieure" à l'Homme.

 

Tout exécutif est confronté à la nécessité de choisir de respecter la lettre ou l'esprit d'un texte, d'une norme qu'il est chargé d'appliquer.

 

La lettre est le sens littéral ou apparent d'un texte.

Elle exprime le stade final, la transcription d'un raisonnement achevé. Elle présente le mérite et acceptons de le dire, le confort d'être le plus souvent immédiatement opérationnelle. On recherche souvent de telles réponses aux questions que pose le fonctionnement habituel d'une institution. 

 

Mais, une lecture littérale peut conduire à des absurdités, à des aberrations comme l'actualité nous en fournit des exemples avec les différentes formes du Créationnisme ou avec les intégrismes religieux, l'islamisme, les fondamentalismes chrétiens (aussi bien dans le catholicisme que dans le protestantisme) ou les sectes.

 

L'Esprit, c'est l'idée générale qui a présidée à la rédaction du texte et qui continue de l'animer. Lorsque le sens littéral ne suffit pas à donner une solution, il est nécessaire de revenir à l'idée générale du texte pour l'interpréter et comprendre comment l'appliquer à une situation précise, non prévue. Cet exercice est celui du discernement, moins confortable. Il est créatif.

 

En matière juridique, il conduit à dire le droit sur la base d'un raisonnement intégrant les différentes normes déjà écrites et hiérarchisées quand la loi est muette à propos d'un cas particulier ou d'une situation inédite. La force d'un Etat où le droit est écrit, comme la France, permet l'universalité républicaine (le droit est le même pour tous) par différence avec le droit américain ou anglais où la notion de droit est essentiellement jurisprudentielle.

 

La vie citoyenne et associative.

 

Les lois, les réglementations fixent donc un cadre à l'intérieur duquel  se règlent les détails de la vie quotidienne du citoyen. De même sommes-nous habitués à respecter celles que nous nous donnons à l'intérieur de nos institutions associatives : statuts, règlements intérieurs, etc.

 

Ce fonctionnement est la base de la vie démocratique, dans la société en général et dans nos obédiences en particulier.  

 

Pour les francs-maçons, on parlera plutôt de constitution, de pacte social ou de règlement général. Quel qu'en soit le nom, ces textes rythment nos vies internes et expriment la volonté exprimée par nos diverses assemblées générales.

 

Privilégier l'Esprit à la Lettre : pas si simple.

 

Aujourd'hui, dans les jours et les toutes prochaines semaines, le respect des traditions démocratiques au GODF, tel que le Règlement Général les exprime, exigent que les mandats électifs de tous les niveaux (de la loge au instants nationales) soient renouvelés.

 

Le calendrier est draconien. En effet le Règlement Général prévoit que les mandats n'excède pas l'année, c'est la lettre.

 

L'annualisation des mandats est une décision qui date de la réforme de Montmorency-Luxembourg en 1773.  Chacun comprend l'importance et l'attachement à ce principe tricentenaire, c'est l'esprit.

 

En temps "normal" le respect "à la lettre" du Règlement Général ne pose strictement aucun problème. Mais, la pandémie et les conditions sanitaires qui l'accompagnent viennent percuter son bon déroulement.

 

Problématique pour cette année "COVID" :

 

1/ Chaque Vénérable va devoir organiser les "élections générales" dans sa loge d'ici la fin octobre. Il a la responsabilité (statutaire) de convoquer tous les membres.

Cette expression peut surprendre mais les loges sont des associations de la loi de 1901 et le vénérable en est le président.

 

2/ Les dispositions sanitaires prises par les pouvoirs publics, (Préfet de la Seine et d'Ile-de-France, Préfet de police de Paris, Ville de Paris), en fonction de la reprise de la pandémie et dans la perspective d'en réduire la propagation, limitent tout rassemblement associatif à trente personnes.  

 

De quoi parle-t-on : des sites obédientiels dont Cadet ou bien des temples où se réunissent les loges ?

 

S'il s'agit des sites, comment assurer qu'aux horaires d'entrée et de sortie, il n'y ait aucun rassemblement de plus de trente et que les distances pourront être respectées ?

 

S'il s'agit des loges, une question se pose pour celles dont les effectifs sont (nettement) supérieurs, comment effectuer ce qui se vivra comme une sélection au mieux, comme une rupture inter générationnelle au pire ?

 

Un récent communiqué de la Ville de Paris rend public une règle pour la période allant jusqu'au 9 octobre :

Les salles de fêtes et les salles polyvalentes accueillant des activités festives et associatives seront fermées à compter du lundi 28 septembre

 

Le classement ERP (Etablissement Recevant du Public) intègre le site Cadet dans  la catégorie des "salles polyvalentes" et l'obédience comme les loges sont des associations. 

Mais une dérogation semble avoir été accordée au GODF, compte tenu des mesures prises dans les temples. 

 

Une telle dérogation à la règle générale n'est pas judicieuse et surtout, elle vient brouiller encore un peu plus le message des pouvoirs publics qui n'en avait pas vraiment besoin...

 

3/ La charge virale potentielle dans les espaces clos augmente en fonction de la durée des réunions et de la capacité de renouvellement de l'air ambiant. D'expérience, il est difficile de maîtriser autant l'une que l'autre.

 

Alors, chaque vénérable est confronté au respect de deux lettres : celle du Règlement Général : organiser les élections selon le calendrier et celle des pouvoirs publics : pas plus de trente avec les gestes barrières (dont les distances). 

 

On peut comprendre une certaine hésitation chez celles et ceux qui ont à prendre la responsabilité de signer une telle convocation dans ce contexte. Facteur aggravant, évoqué dans mon précédent article, la pyramide des âges est inversée et la moyenne tourne autour de 65 ans, âge à partir duquel on devient potentiellement "sujet à risque". 

 

En recherchant l'esprit qui a présidé aux élaborations de chacun des textes : exigence de démocratie élective et d'annualité des mandats pour la première et limitation de la propagation du virus pour la seconde, on peut trouver une solution qui fasse  synthèse à propos de l'organisation des votes.

 

Soit dans le vote par correspondance avec le système de la double enveloppe et du dépouillement en deux temps, soit dans le vote numérique, plus rapide mais sans possibilité, là, d'assurer le secret du vote. 

 

On peut comprendre les réticences dès lors que l'on évoque les notions de numérique ou d'internet. Il faudra s'habituer à faire la part des choses et retenir les possibilités qu'offrent les moyens numériques.  

 

Et prenons garde, comme à chaque fois en pareil cas, que la recherche du "mieux" à faire ne corresponde à la conclusion du "rien" n'est possible ...

 

Gérard Contremoulin

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