Montpellier, retour d'un serpent de mer et renfermement. 1/2
Le convent du Grand Orient de France s'est déroulé à l'Aréna de Montpellier, du jeudi 28 au samedi 30 octobre.
Il a permis de renouer avec le grand rendez-vous annuel des loges du Grand Orient de France, "en présentiel".
L'organisation des débats du Convent.
La réunion du Convent est la manifestation de la souveraineté des loges. L'organisation de ses débats est l'exercice majeur où la démocratie maçonnique peut s'exercer pleinement ; qui donne l'opportunité aux délégués des 1.371 loges de l'obédience de pouvoir intervenir et apporter toute la dimension des expressions spécifiques des ateliers.
Les présidents de convents et leurs collèges sont régulièrement confrontés aux difficultés inhérentes à ce type d'assemblée et principalement à la maîtrise du temps qui devient un impératif majeur. Un Convent représente un total d'environ 25 heures disponibles pour traiter un ordre du jour toujours très fourni.
L'organisation de chacun des débats doit concilier la durée prévue pour traiter son sujet et le nombre des intervenants qui s'y inscrit. La variable d'ajustement est le plus souvent le temps de parole accordé à chacun. Réglementairement fixé à 3 minutes, il est susceptible d'être ramené à 2 voire à 1 minute sur décision du convent.
Ce n'est pas le moindre des paradoxes que les délégués qui viennent pour débattre, décident néanmoins de restreindre le temps de parole des intervenants.
Une autre difficulté à surmonter est de s'assurer de la bonne compréhension du sens des votes à émettre. L'utilisation du système du vote électronique en a multiplié le nombre. Par exemple, lors de l'examen des voeux et règlements, ils sont nombreux et concentrés sur une courte séquence.
Comme en loge, le vote est émis pour valider ou non les conclusions rendues par l'orateur. Même les plus expérimentés peuvent s'y perdre.
Le Rapport d'activité.
Après les moments rituels, le premier grand débat du Convent est la discussion du rapport d'activité du Conseil de l'Ordre, présenté par le Grand-Maître. Il permet à chacun de disposer du même niveau d'informations relatives au déroulement de l'année et des actions entreprises par l'Exécutif obédientiel. Les jours qui précèdent se font écho parfois de considérations plus ou moins négatives sur l'action menée, sur la critique de décisions prises par telle ou telle instance.
Las, à Montpellier, le rapport d'activité a été validé par plus de 83% des votes des délégués.
Les élections des bureaux des instances nationales
Dans la soirée du jeudi, après que les nouveaux élus aux instances nationales aient été installés (Conseil de l'Ordre, Chambre Suprême de Justice Maçonnique, Instance Nationale de Solidarité Maçonnique), chacune d'elle se réunit pour élire son bureau et son président.
Malgré une candidature challenger de dernière minute, Georges Sérignac a été réélu par 28 voix Président du Conseil de l'Ordre et reconnu comme Grand-Maître du GODF vendredi matin.
Sur les 37 conseillers de l'ordre, électeurs du Grand-Maître, 8 voix sont allées à son challenger et un bulletin blanc.
"Sous la Voûte étoilée" lui souhaite un mandat de fidélité aux idéaux laïques et républicains, de détermination pour la défense et la promotion de ces idéaux. Nous lui adressons notre plus vif soutien et nos plus larges encouragements pour la sauvegarde de l'identité Grand-Orientale de l'obédience tricentenaire qu'est le Grand Orient de France et dont il est le garant.
Les décisions marquantes.
Le convent a décidé le renvoi aux loges d'un nouveau projet de réforme, une énième réforme.
Rien de plus naturel qu'une telle décision où le second niveau de la souveraineté (les loges réunies en assemblée générale) renvoie au premier niveau (chacune des loges elles-mêmes) le soin d'élaborer une réflexion et des mandats pour le convent suivant.
Le retour du serpent de mer de la régionalisation du GODF.
Il s'agit de rien moins que de créer une véritables instance délibérative, un niveau intermédiaire de souveraineté entre les loges et le Convent. Plusieurs fois écartée par de précédents convents, ce projet refait surface.
Elle renforcerait les compétences des congrès régionaux au détriment de celles du convent, et érigerait les présidents, dont certains se nomment déjà "Président de région", en représentant de l'obédience.
Ce schéma organisationnel ressemble furieusement à celui d'une autre obédience et "Grands-Maîtres provinciaux", la Grande Loge Nationale Française (GLNF). Cette réforme entrainerait de fait une bouleversement de l'identité "Grand-Orientale" en en fracturant le caractère national dans tous les secteurs de ses interventions.
Quid dans ses conditions de la question de l'action internationale d'un GODF ainsi fracturé ?
Les dessins sont de NABLA que vous pourrez retrouver sur son site :
A suivre...
Gérard Contremoulin
_____________________________________________