Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant
Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)
08Nov
Montpellier, retour d'un serpent de mer et renfermement. 2/2
Publié par Sous la Voûte étoilée
Les crises qui frappent notre société, auraient-elles pour effet d'anesthésier les volontés et la détermination qui sont pourtant indispensables à la réalisation du projet maçonnique du Grand Orient de France ?
"Le monde d'Après", thème de réflexion incontournable de cette année, aura pour conséquence de redéfinir les conditions de la perpétuation de l'idéal Grand-Oriental.
Un article du "Journal de la FM sous tous ses angles" 450FM, Interrogations existentielles, aborde sans détour une hypothèse assez préoccupante et pour tout dire, si elle se vérifiait, assez suicidaire.
Le "grand renfermement".
Le GODF repartirait dans une phase de repli sur le symbolisme, où la seule perspective réellement ouverte aux maçons serait celle de l'amélioration personnelle.
"Ceretourversuncheminsymbolique setraduitparune acceptationde plusen plus large deréflexions qui n’auraient jamais trouvé pignon sur rue au GODF. Bien sûr, une grande partie du travail reste à faire, mais l’interrogation existentielle est bel et bien en marche, menée par les hauts-grades, présents lors du Convent avec leurs stands, tentant de séduire tous ceux qui veulent bien écouter."
Uneproblématiqueessentielle.
Elle touche à la nature même de l'obédience dont les membres doivent, selon l'article Premier de sa Constitution, "travailler à l'amélioration matérielle ET morale, au perfectionnement matériel ET social de l'Humanité". Cette prescription, que nous devons à Louis Amiable dans sa réforme de 1886, définit les deux vecteurs du projet "Grand Oriental" : le travail sur soi-même ET sur la société, simultanément.
En trois siècles, le GODF a connu plusieurs séquences de cette nature. Dans les phases de doutes sur les objectifs maçonniques, de troubles émanant de la société civile, de débats sur la régularité maçonnique par rapport au tropisme londonien .
En 1849, lorsque le Frère Charles Duez réussit à faire inclure l'obligation de croire en Dieu dans l'article 1 de la toute nouvelle Constitution du GODF qui en était dépourvue jusque là.
En 1913 avec le départ des loges "Le Centre des Amis" et "L'Anglaise 204" pour fonder la future GLNF, reconnue quinze jours plus tard (!) par la GLUA.
Dans les années 1950, le rapport Bédarrides soutenu par le Supreme Conseil du REAA, tentant d'influencer l'écriture de la version Groussier du Rite Français vers un retour d'avant 1877 ;
En 1968, René Guilly et la création de la LNF.
Sans parler - on me pardonnera la prétérition - des cinquante années de la convention Viaud, véritable anesthésie du Rite Français qui ne prendra fin qu'avec la Grande Maîtrise de Philippe Guglielmi et sa volonté de faire cesser la suprématie du REAA sur les autres rites présents au GODF.
Le symbolisme est un moyen, non une fin.
Ce rôle du symbolisme dans la Franc-maçonnerie libérale a-dogmatique du GODF est la clé de voute de l'identité Grand Orientale depuis les deux grandes décisions fondatrices : 1877 (Desmons) et la version Amiable du Rite Français (1886) qui représente un changement du paradigme maçonnique. La référence suprême n'est plus une transcendance, dans une "vérité d'ordre supérieur" mais l'Humanité. Le Rite Français rompt alors, et définitivement, avec les attaches chrétiennes ou plus exactement "christiennes[1] de la rédaction de 1786. Le bonheur de l'Homme n'est plus dans un au-delà hypothétique mais se construit sur terre, ici et maintenant.
Il ne s’agit plus de se référer aux vertus théologales d’origines christiques, mais de construire une société où l’homme est la mesure de toutes choses.
Que l’homme soit LA mesure de toutes choses et non « A » la mesure de toutes choses exprime bien ce renversement humaniste du paradigme chrétien avec la philosophie des Lumières et particulièrement depuis ces deux décisions fondamentales. L’homme n’a plus à compter avec la soumission religieuse ni avec une prédestination sociale. Il est maître de son destin. Il est désormais être de raison, autonome... libre.
Enfin, lorsque l'article cité en référence fait peser sur les "Hauts-Grades tentant de séduire tout ceux qui veulent bien écouter" la responsabilité de cette orientation, il est peu probable que les oreilles du rédacteur aient été attentives à "tous les angles", notamment à ceux des Ordres de Sagesse du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France, juridiction du Rite Français des grades après la maîtrise.
[1] Voir l’analyse de Jean-Charles Nehr dans la Revue Joaben n° 13 de juillet 2019, pp.11 et suivantes.
Le GODF a historiquement eu des relais dans certains partis afin de porter une certaine vision de la société. L'obédience fait de la laïcité un de ses sujets clefs. Bilan : le PS n'existe presque plus, la gauche est en ruine. Une certaine gauche défile avec les islamistes du CCIF sans y voir le moindre problème. Lepen et / ou Zemmour sont au plus haut dans les sondages. La laïcité est attaquée.... Alors quand je lis un compte rendu de convent, je ne peux m'empêcher de penser que les maçons du GODF sont hors sujet, hors sol, ... alors tant mieux si certains passent 3, 4, 5 soirées en tenue par semaine. Entre leur Loge bleue, les HG, les commissions, les congrès, les réunions de préparation, etc. Ils sont contents, ils ont des cordons ou ils en auront, ils s'autocongratulent, ... C'est bien mais sans intérêt.
Le relation que vous faites entre l'engagement du GODF sur des principes tels que la Laïcité et la dégringolade du Parti Socialiste est un modèle du genre ! De même à propos de l'islamo-gauchisme, de J.L. Mélenchon défilant aux cotés du CCIF : n'avez vous rien lu ni rien retenu de l'analyse que j'ai fait paraître dans ces colonnes sur l'islamo-gauchisme ?<br />
A propos du convent de Montpellier, ce que j'ai publié n'est en rien un compte rendu. J'ai porté une appréciation sur quelques éléments qui me paraissent graves quant aux orientations, notamment ce risque d'un renfermement sur le symbolisme d'une part et d'autre part, sur la régionalisation.<br />
Que ces questions vous paraissent "hors sol" est votre droit le plus strict. Et peut-être avez vous en partie raison...<br />
Alors qu'attendez-vous pour vous investir dans ce qui pourrait être une nouvelle orientation ?<br />
B
bertrand
13/11/2021 12:14
Merci mon F:. Gérard d'être un si ardent (et convaincant) défenseur du modèle "grand oriental". <br />
Cette histoire de "remettre du symbolisme et de la tradition" dans le GODF, je ne vois pas d'où elle vient. Nous planchons sur le symbolisme à chaque tenue. Notre spécificité se loge dans cette analogie bien connue : si le symbole était un panneau d'indication routier, nous ne nous contenterions pas de nous demander en quoi il est fait, comment il a été choisi, quelles sont ses dimensions, à quelle tradition il renvoie et dans quelle langue il est écrit. Nous déciderions d'emprunter (ou pas) le chemin qu'il nous montre. Le symbolisme pour l'action, sur soi et en dehors du Temple, me semble la voie tracée dès le 18e siècle par les fondateurs de l'ordre. Mais je ne suis qu'au GO, en Loge bleue, en province et dans un milieu très populaire. Aussi, je ne suis peut-être pas équipé pour comprendre.
Il est dommage pour un franc maçon de perdre du vue la nécessaire conciliation des apparentes contradictions. Vouloir changer l'humanité de l'extérieur par des lois ou des modifications de paradigmes sociétaux a conduit le XXème siècle aux abominations nazies, staliniennes ou des khmers rouges. On ne peut changer que de l'intérieur soi même pour soi même. Seule l'exemplarité peut entrainer l'adhésion volontaire de l'Autre. Rêver un retour aux affaires d'une FM "éclairée" est anti démocratique et correspond à tous les errements de l'antimaçonnisme. Comment un FM pourrait vouloir imposer son point de vue ?@
Mon Très Cher "Aixcalibur",<br />
Décidément nous avons du mal à nous mettre équerres toi et moi.<br />
Tu postules qu'"On ne peut changer que de l'intérieur soi même pour soi même. Seule l'exemplarité peut entrainer l'adhésion volontaire de l'Autre. "<br />
Ce postulat justifie le fait de ne pas s'engager dans la société et d'attendre que, par capillarité (l'exemplarité), les individus changent. Je me situe aux antipodes que cette position attentiste, spiritualiste.<br />
J'ai commis un bouquin "L'Homme debout, la République pour un nouvel Humanisme" chez Détrad qui développe la position de la Franc-Maçonnerie libérale a-dogmatique.
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