Construire une coalition peut constituer une solution.
Par une mobilisation inédite depuis 1981 (66,63% de participation), les françaises et les français ont eu raison de la menace du RN. Mais ils ont aussi envoyé un message qui force à bouleverser des habitudes de la V° République.
Trois blocs émergent : le NFP, Renaissance et le RN et personne ne songe à s'allier avec lui, sauf peut-être quelques LR.
La majorité absolue est de 289 sur 577 députés. Force est de constater qu'aucun groupe ne l'atteint seul. La situation n'est pas fondamentalement différente de la précédente législature.
Mais là où l'ancienne majorité (relative) n'avait pas réussi à nouer des alliances durables, il semble bien que le changement des rapports de forces va obliger à renouer avec la pratique en vigueur sous la IV° République : la négociation en vue d'établir une coalition. Comme cela se pratique dans d'autres pays, notamment en Europe (Allemagne, Belgique, Suède,...).
Sortir par le haut de cet imbroglio institutionnel.
Pour trouver une issue à la situation politique aux élections législatives, il faut envisager sérieusement de bâtir une coalition. Il n'est plus temps de se lamenter sur les conditions qui nous y ont conduites car la priorité est de trouver une issue et de mettre en place une grande négociation entre les groupes autres que celui du RN.
L'exigence de JLM "d'appliquer le programme du NFP, rien que le programme mais tout le programme" constitue un préalable qui peut paraître contradictoire avec l'idée de négociation. Certes. On remarquera qu'il a prononcé cette phrase vers 20h02, soit quasiment en même temps qu'arrivaient les premières estimations. Chapeau l'artiste : prendre tout le monde de vitesse. A cet instant, chacun comprenait qu'il faudrait probablement négocier...
Mélenchon a toujours commencé une négociation de cette manière. 1° temps : montrer ses muscles ; 2° temps : paraître inflexible ; 3° temps : faire fructifier cette antériorité. Et puis, après ... qui peut savoir ce qu'il en advient ?
On aurait tort de s'étonner du refus du Président de la République d'accepter la démission de Gabriel Attal. En fait, il prend le NFP et plus précisément LFI, de vitesse. Aucun groupe ne lui proposant, encore, un nom pour Matignon, il reconduit le Premier ministre. Certes, ce n'est glorieux pour personne.
Culture d'affrontement/culture de négociation
Le mouvement social en France depuis le XIXe siècle s'est construit sur la culture d'affrontement telle qu'elle est conceptualisée par Karl Marx. Il s'est radicalisé au fil des luttes sociales au cours desquelles se sont affrontés partis politiques et syndicats. Ces affrontements opposaient les "révolutionnaires" et les "réformistes". Ce dernier mot avait toute la charge du mépris dont sont capables, aujourd'hui encore, les militants politiques "radicalisés". Mélenchon et sa garde rapprochée à LFI sont de cette culture ("Le bruit et la fureur").
De son côté, la social-démocratie repose sur une culture où la négociation joue un rôle déterminant dans la recherche d'un compromis entre les différentes parties en présence et n'est jamais vécue comme une compromission. Elle repose sur le respect des différentes instances de dialogues et des partenaires des corps intermédiaires.
La relation entre ces deux cultures est une spirale diabolique où chacun de leurs acteurs s'échangent des anathèmes vengeurs ("traitre à la classe ouvrière", "social-traître" d'un côté, "bolcho", "stalinien" de l'autre), pour se décrédibiliser mutuellement et d'où rien de nouveau ne peut sortir. Or, dans les périodes de crise, c'est justement l'inverse qu'il faut obtenir...
Des négociations ont été entamées...
Elles ont commencé dans l'après midi. Il est bien trop tôt pour percevoir quelques perspectives que ce soit. Mais, d'ores et déjà, il semble bien que LFI fasse les frais des "purges" mélenchoniennes. Un "groupe" serait en constitution à entendre les propos de Raquel Garrido...
Et puis, quelques bruits qui "bien sûr" ne sont pas à prendre en compte puisque l'essentiel selon Marine Tonnelier n'est pas sur le "qui" mais sur le "quoi", mais pourtant, un portrait-robot pour Matignon commence néanmoins à être tiré. Il pourrait peut-être ne pas être dans l'actuelle législature...
Tiens, je me souviens d'être allé à un grand meeting à Créteil, il y a quelques temps... où il y avait là nombre de socio-démocrates français et européens autour de ... Bernard Cazeneuve.
Sauf, "bien sûr", si la statue du Commandeur devait perdurer... Mais, ce serait faire la part belle à la fonction tribunicienne qui ne fait pas une culture de gouvernement.
Gérard Contremoulin
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