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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

01 Mar

Quelques jours pour comprendre l'urgence !

Publié par Gérard Contremoulin  - Catégories :  #Europe et International

 

Trump joue avec les alliances internationales issues de la seconde guerre mondiale.

 

"Vous ne respectez pas les États Unis. Si vous ne signez pas l'accord (sur les terres rares), nous vous quittons."

 

 

Quelques jours pour comprendre l'urgence !

 

 

Durcir pour faire monter les enchères.

 

"Trump fait le sâle boulot de Poutine". Ce propos prêté à un démocrate américain, beaucoup peuvent le reprendre depuis l'opération d'humiliation de Zélenski par le président américain, dans le bureau ovale .

 

Pour la comprendre, faut-il chercher dans ce "kompromat" dont parlent Antoine Vitkine et Caroline Fourest ?

 

Autant Trump admire le virilisme de Poutine et sa capacité à décider seul, autant il éprouve de la haine contre ce président ukrainien qui ose le défier.

 

Zélensky, homme d'honneur

 

Volodymyr Zélensky ne s'est pas laissé faire. Il a tenu face à l'attaque conjointe de Trump et du vice-président JD Vance, dont la présence dans le bureau ovale constitue une grande première en pareille circonstance. Seul contre l'élite libertarienne présidentielle américaine, il s'est montré digne du combat qu'il mène avec son peuple contre la Russie.

 

Mais, dès cet instant, il devient clair que les USA de Trump ont renversé les alliances en adoptant le "narratif" poutinien.


Oui, Poutine est un "tueur". Il convient de remarquer que ce propos de Zélensky constitue une riposte au traquenard que lui avait organisé les trumpistes pour installer les conditions d'un incident diplomatique.

 

 

Verbatim

 

Trump : " Vous ne savez pas. Ne nous dites pas comment on doit se comporter. On essaie de résoudre un problème.Ne nous dîtes pas comment on doit se comporter. Aucune légitimité pour ça. .../... Vous vous êtes mis dans ne très mauvaise posture. Vous n'avez pas les cartes là, sans nous vous n'avez pas les cartes. Vous jouez avec des vies de millions de personnes, vous jouez avec la troisième guerre mondiale et ce que vous faites est très irrespectueux pour notre pays."

 

Trump en colère : "On vous a déjà donné, à cause du stupide président (Joe Biden), 350 milliards (de dollars) d'équipement militaire. Vos hommes sont courageux mais ils utilisent notre équipement, si vous ne l'aviez pas, cette guerre aurait été finie en deux semaines. Deux jours."

 

 

L'Europe doit monter en première ligne.

 

La réponse à cette volte-face américaine est, désormais, dans le camp européen. Le sommet de Londres de ce dimanche à l'invitation de Keir Starmer, le premier ministre britannique, est crucial.

Quelques jours pour comprendre l'urgence !

 

 

 

Ce sommet arrive à point nommé pour structurer une initiative européenne nouvelle, à la mesure de la situation : créer une défense européenne unie. Mais rien ne se fera sans que les opinions nationales comprennent et acceptent ce tournant stratégique en référence à la nouvelle donne mondiale.


 

Mais quelle Europe ?

 

Manifestement, elle ne sera plus celle des 27.

 

Orban s'est précipité pour remercier Trump en ces termes :

"Les hommes forts font la paix, les hommes faibles font la guerre. Aujourd'hui le président Donald Trump a défendu courageusement la paix. Même si c'est dur à digérer pour beaucoup. Merci, M. le Président !"

 

Ce n'est une surprise que pour ceux qui n'auraient pas été attentifs à son évolution vers l'il-libéralisme. Viktor Orban, Premier ministre hongrois depuis 2010, a théorisé cette orientation idéologique dans un discours fondateur en juillet 2014 devant son parti, le Fidesz.

Il y affirme vouloir construire « un État non libéral ». Il appelle à :

« comprendre des systèmes qui ne sont pas occidentaux, qui ne sont pas libéraux, qui ne sont pas des démocraties libérales, peut-être même pas des démocraties. » .../... « Nous devons rompre avec les principes et les méthodes de l’organisation libérale et, d’une manière générale, avec la conception libérale de la société (…) il faut restaurer les devoirs de l’État qu’ignore l’ordre économique qui prévaut en Europe de l’ouest ».

 

L'universitaire Oana Andreea Macovei résume l'orientation du discours de Viktor Orbán comme « la source privilégiée pour esquisser les contours de l’illibéralisme » : 

Elle précise :

« En tant qu’objectif pour répondre à un besoin de compétitivité économique à l’échelle internationale, l’État il-libéral présente un nouveau pivot identitaire, la Nation, dont la protection des intérêts justifierait une limitation, voire un détachement par exemple des libertés fondamentales ou de l’État de droit ».

 

Jusqu'au retour au pouvoir en 2024 comme premier ministre de Donald Tusk (ancien président du Conseil européen), la Pologne suivait cette ligne idéologique tout comme son actuel Président, Andrzej Duda.

 

 

 

A contrario, les britanniques semblent vouloir inverser la logique du Brexit. Les allemands devraient se doter dans les prochaines semaines d'un nouvel exécutif autour de Friedrich Merz (CDU-CSU) qui semble avoir définitivement écarté l'extrême droite néonazie de l'AfD et devrait amplifier leur contribution à la défense de l'Ukraine.

 

La nouvelle donne va faire apparaître la nécessité de relancer rapidement une politique d'armement de grande ampleur, y compris dans la conjoncture budgétaire contrainte actuelle.

 

 

La question de l'arme nucléaire.

 

Depuis la seconde guerre mondiale, le nucléaire structure les réflexions sur la défense et la sécurité du continent européen face aux grandes puissances, dotées de l'arme nucléaire. A l'exception de la France du Général De Gaulle qui sut imposer la création d'une "force de frappe autonome", les autres pays dépendent de la bonne volonté des autorités américaines pour leur protection. Cette alliance s'est construite autour des valeurs que "le monde libre" partageait face au monde soviétique.

 

La chute du Mur de Berlin et l'effondrement de l'URSS ont complètement changer la donne mondiale. Des équilibres nouveaux ont essayé de se mettre en place. L'Europe a continué de s'élargir, sans pour autant accorder de l'attention à la constitution d'une défense commune, puisque les USA jouaient, certes de moins en moins, leur rôle initial.

 

Recomposition mondiale.

 

Un certain aveuglement, voire une réelle incrédulité, ont masqué l'ascension de Poutine et l'émergence de plus en plus nette de sa volonté de reconstituer l'empire soviétique qu'il avait connu lorsqu'il était jeune officier du KGB.

 

Le retour de Trump à la Maison Blanche fait apparaître la réalité cynique de l'idéologie du capitalisme libertarien. D'un coté le rôle prééminent de l'argent dans toutes les relations, où tout s'achète (y compris l'accès à Mar-a-lago, la résidence personnelle de Trump) et de l'autre l'équivalence entre vérité et mensonge, ce qui importe étant ce qui apparaît crédible.



Dans ce contexte, la France qui détient l'arme nucléaire, sans aucune contrepartie (à la différence des anglais) offre une perspective de leadership que nous devrons assumer.

 

Le sommet de ce jour à Londres et celui de Jeudi à Bruxelles constituent deux moments historiques pour l'Europe.

A suivre...

 

 

Gérard Contremoulin

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