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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

15 Apr

"En vos grades et qualités" : Tiens, un maçon ?

Publié par Gérard Contremoulin  - Catégories :  #Formation et Histoire maçonnique

"En vos grades et qualités" : Tiens, un maçon ?

 

- "..... En vos grades et qualités"

- Tiens, un maçon !

 

Combien de frères et de soeurs, en entendant cette expression, ont eu l'intime conviction que leur auteur était indiscutablement franc-maçon ?

 

Et pourtant, tel n'est pas, forcément le cas. 

 

Un post sur le groupe Facebook "Sous la voute étoilée - 2010" a alimenté un débat sur cette expression, débat qui laissait poindre beaucoup de questions quant à ses origines.

 

 

"En vos grades et qualités" : Tiens, un maçon ?

 

Je reprendrai le commentaire que Philippe Michel a laissé sur la page du groupe, propos que je partage dans leur intégralité :

 

La réponse à cette question figure dans l'opuscule "Quelques pratiques relatives au travail en loge au Rite de référence du GODF", édition juin 2017 (5.3 Les formules de "politesse").
 
Dans l'édition précédente (2012) c'était encore « Vénérable Maître et vous tous mes Frères et mes Sœurs, en vos grades et qualités ».
 
Ceci étant dit...
« En vos grades et qualités » est une expression, faut il le rappeler, de la société civile utilisée à l'origine dans l’armée, la diplomatie et l’administration... notamment lors de discours face à un parterre de notables dont on doit citer le titre et la qualité et qui se terminent, généralement par : "Mesdames, Messieurs, en vos grades et qualités"…
Lors de la prise de parole en Loge la coutume voulait que l'on ne s'adresse qu'au vénérable.
 
En 1880, la Grande Loge Générale Écossaise de France (GLSE) introduit dans son rituel l'expression : "Vén:. M:., et vous tous, mes FF:." que conservera le Droit Humain jusqu'en 1978 (en y ajoutant les SS:. bien évidemment) avant de la transformer en : ''Vén:. M:., et vous tous, mes SS:. et mes FF:. en vos grades et qualités..." (rituel de 1980)
 
On trouve cependant cette formule dans les compte-rendu des Convents de la Grande Loge de France dès 1936 et dans certains compte-rendu de ses Tenues de Grande Loge…
 
L'explication est que dans ce cas l'orateur s'adresse effectivement à tous les membres dont les Conseillers Fédéraux qui votent ensuite sur l'adoption ou le rejet des propositions.
 
Outre le DH, cette expression est également utilisées dans certains rites égyptiens (GLMF, GLISRU, GODF, OMOAPMM,...) et au rite français philosophique (GODF),...

 

J'ajouterai une référence qui explique ma préférence pour la suppression de cette formule "profane". Relisons l'article 7 de la Constitution du Grand Orient de France :

"Dans les assemblées maçonniques, tous les francs-maçons sont placés sous le signe de la plus parfaite égalité. Seule compte la hiérarchie des offices".

 

Certes, le livret contenant la Constitution et le Réglement Général peut ne pas être le livre de chevet de chaque maçon...

 

Certes, certains peuvent considérer que "maçon-libre-dans-une-loge-libre" , chacun fait bien comme il veut, ou encore que le principe de souveraineté des loges n'est pas fait pour les chiens...

 

Il n'en ressort néanmoins que chacun a prêté le serment de respecter la Constitution et le Règlement Général lors de sa réception ou de son intégration au GODF ; de même, lors de chaque installation de collège d'officiers, chacun réitère ce serment. 

 

Enfin, puisque certains rituels laissent possible l'utilisation de cette formule, que l'exigence de base de tout franc-maçon s'impose : ne faire que ce que l'on comprend pourquoi on le fait !

 

Bonne réflexion et bon courage...

 

Sapere Aude

(Aie le courage de te servir de ton propre entendement : traduction d'Emmanuel Kant de la devise des Lumières)

 

 

Gérard Contremoulin

____________________________

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T
Ah oui comme j'approuve ce propos "l'exigence de base de tout franc-maçon s'impose : " ne faire que ce que l'on comprend pourquoi on le fait !"... Donc, c'est sans doute par un malencontreux concours de circonstance que je ne tombe que sur des maçons (de plusieurs loges et obédiences différentes, voire au plus haut des "hauts grades") qui ne sa-vent pas m'expliquer pourquoi ils marquent les angles autour du pavé mosaïque et surtout pourquoi lorsqu'ils sont deux, il faut que le premier ait démarré de son angle pour que le second puisse le faire depuis l'angle précédent....
Répondre
Dans un livre à paraître chez DETRAD sur les rituels cérémoniels, je publie ceci :<br /> <br /> Doit-on marquer les angles ? <br /> Il s’agit d’une pratique « coutumière » qui prescrivait, aux deux premiers grades, de marquer les angles aux bas des marches de l’Orient et devant chaque Surveillant.<br /> Il semble que cette pratique soit apparue en Angleterre lors de la négociation de l’acte d’Union de 1813 ("squaring the lodge" : tracer la loge) à l’initiative des « Antients » (Laurence Dermott) mais sans systématisation et seulement lors des cérémonies. <br /> <br /> Dans « Les Éléments initiatiques du grade de maître : la circumambulation », Roger Dachez indique qu’en France, il s’agit d’une pratique très récente qui ne date que des années 1950, dans le contexte de la reconstruction de la franc-maçonnerie française.<br /> <br /> A cette époque, la GLDF, soucieuse de donner des gages à Londres (GLUA) sur la régularité de ses travaux, emprunta et généralisa cette pratique. Mais – et c’est plus surprenant - le GODF s’y plia aussi. C’était l’époque où le REAA bénéficiait de l’existence d’un Grand Collège des Rites (GCDR) qui lui assurait une réelle suprématie sur l’ensemble des rites et des grades. Cette suprématie s’exerçait souvent par capillarité. De nombreux frères « hauts gradés » dans les structures REAA du Grand Collège des Rites, diffusaient des pratiques issues de ce rite dans leurs loges bleues (bien que travaillant très majoritairement au Rite Français). On trouve encore certaines de ces pratiques , que l’on explique en faisant appel à la « tradition » qu’il serait plus exact de nommer « habitude ». <br /> <br /> Cette suprématie disparaitra en 1998 avec la suppression du GCDR et en 1999, lors de la reconstruction de la juridiction du Rite Français des Ordres de Sagesse, le Grand Chapitre Général - Rite Français . Elle disparait progressivement.<br /> Il n’existe par ailleurs aucune documentation de cette pratique au Rite Français, ni au RER . <br /> <br /> Que le GODF, pendant l’influence du GCDR, l’ait accepté n’est en rien une légitimation.<br /> <br /> <br /> Cette pratique n’a pas lieu d’être au Rite Français.<br /> <br /> <br /> <br /> Je publie également cette interrogation :<br /> <br /> <br /> Habitude ou tradition ?<br /> <br /> Ces deux notions sont souvent utilisées l’une pour l’autre, indistinctement. Qu’en est-il ? Doit-on faire une différence et si oui, laquelle ? <br /> <br /> L’habitude reproduit ce qu’on l’a toujours fait, sans savoir retrouver exactement pourquoi, mais que l’on peut identifier et relier à une pratique « ancienne ».<br /> La tradition représente ce qui nous a été transmis et dont on peut retrouver la trace dans l’histoire des mythes, des récits historiques ou comme support des grandes quêtes romanesques.<br /> L’une est immédiatement accessible et se teinte tout aussi immédiatement d’authenticité et l’autre, plus complexe, suppose une certaine mise à distance pour l’assimiler et la comprendre.<br /> <br /> Alors, de quoi parle-t-on ? <br /> <br /> Le culte du « plus ancien », du plus « vieux », dont certaines maçonneries se revendiquent, sert souvent d’alibi à l’impossibilité d’expliquer. <br /> Ce culte s’exprime le plus souvent dans l’exécrable et magique formulation : « tu comprendras plus tard »… Ce qui se passe, alors, est très critiquable puisque l’on ne transmet que des habitudes obscures qui font de l’attente le viatique de la progression et qui entretiennent le symbolisme et le rituel dans un obscurantisme stérile.<br /> <br /> Notre responsabilité, aujourd’hui, est de faire le bilan de la captation du patrimoine initiatique du Rite Français. Notre objectif est clair : le rétablir. <br /> <br /> Il faut d’abord comprendre que cette captation résulte de la période d’application de la « Convention Viaud ». D’autant plus qu’elles se font encore sentir aujourd’hui, vingt-sept ans après sa dénonciation en 1998. <br /> <br /> Selon quel processus ?<br /> Les loges bleues de Rite Français ont été soumises au poids institutionnel du GCDR par l’application de la Convention Viaud. Cette soumission a duré cinquante-deux ans (1946-1998). <br /> Elle a porté ses effets selon un phénomène de porosité osmotique. Les membres des Hauts-Grades du REAA, dont il faut toujours se rappeler qu’ils étaient hégémoniques sur les quatre autres juridictions de rites, ont importé dans leurs loges bleues les pratiques issues de la philosophie de leurs grades capitulaires (post-maîtrise). De sorte que, dans beaucoup de loges bleues, subsistent certains usages, étrangers au Rite Français, mais que l’on s’est habitué à pratiquer : « parce-que-l’on-a-toujours-fait-comme-ça ». Par exemple, lors de l’entrée dite rituelle en loge , pour se mettre à l’ordre , pour l’inspection des colonnes , lors de la sortie de la Chaîne d’Union , lors de la déambulation (« squaring the lodge »)… ou encore à propos de la présence de l’épée flamboyante sur le plateau du Vénérable Maître.<br /> <br /> Le symbolisme ne peut tout de même pas effacer la raison !

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