Le congrès des loges de Paris 2 organise un colloque intitulé "VIVRE ENSEMBLE", ce samedi 6
novembre.
Le thème est effectivement trés intéressant dans le contexte de délitement sociétal qui caractérise
la période et où les repères les plus signifiants échappent pourtant parfois aux plus aguerris.
Et c'est probablement par rapport à ce contexte que les responsables ont choisi de
le faire héberger dans un lieu, l'Espace Saint-Martin, qui n'est autre que le siège parisien de l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC) !
Il est toujours délicat d'attirer l'attention de ses amis sur une sottise qu'ils sont en train de
commettre. Et pourtant c'est le cas !
De tous temps, le GODF s'est montré exigeant sur le terrain de la défense de la Laïcité, de la
Liberté Absolue de Conscience et pour la promotion de l'émancipation humaine.
Alors de quoi s'agit-il ici ?
L'AMORC a été classé comme organisme à caractère sectaire et prend, à ce titre, place dans la liste
des 173 organismes, établie et publiée dans le rapport parlementaire de 1995.
Depuis, cet organisme comme beaucoup d'autres de cette liste, tente par les moyens les plus
divers, y compris judiciaires, de "sortir" ... de cette liste. Les arguments qu'il développe sont bien connus et
répertoriés.
La stratégie de défense de l'AMORC est constante.
D'abord obtenir du rapporteur de la commission d'études parlementaires Jacques Guyard, une déclaration visant à considérer
la présence de l'AMORC dans la liste des 173 comme une "erreur" ;
puis une attestation de l'actuel président de la MIVILUDES, Georges Fenech, selon laquelle nul signalement de victime
de l'AMORC aurait été enregistré ;
puis une déclaration de l'ancienne présidente d'une association de défense des victimes (Jeanine Tavernier,
UNADFI) allant dans le même sens pour attaquer, y compris devant les tribunaux, son action actuelle à travers sa présidente Catherine Picard qui fut rapporteure de la loi "About-Picard"
sur les dérives sectaires lorsqu'elle était députée (1997-2002) et co-auteure d'un ouvrage "Sectes, démocratie et mondialisation", PUF...
Elle a été utilisée par ses avocats lors du procès que l'AMORC a intenté aux co-auteures de cet ouvrage...
Il serait bien regrettable qu'elle le soit également "intra-muros" ...
En charge du dossier des sectes au GODF (de septembre 2008 à septembre 2010), j'ai eu l'occasion de rencontrer les partenaires maçonniques,
mais aussi les pouvoirs publics et les associations de défense des victimes de sectes pour établir un mémento à usage interne. J'en ai déjà fait état ici.
J'y évoque une question complexe liée à notre patrimoine symbolique et initiatique. Il existe effectivement une "proximité" entre
la Franc-Maçonnerie et les mouvements rosi-cruciens à partir de l'intitulé d'un degré initiatique ("18° grade" au rite écossais ancien et accepté ou "4°ordre" au rite français). Toute la question
réside dans le fait de savoir si la "proximité" va plus loin que le simple intitulé. Les Francs-Maçons du Grand Orient de France, quel que soit le rite qu'ils pratiquent, ont pour principe de
dissiper, en matière initiatique, l'amalgame et la confusion. Nous sommes bien au coeur du problème...
Il est particulièrement sensible...
Je regrette profondément, dans un tel contexte, le choix de ce lieu. On peut s'attendre à ce qu'il soit interprété comme une
"normalisation" des rapports entre le GODF et cet organisme...
C'est d"autant plus déplorable que se tiendra au DH, le même jour, de 14h00 à 18h00, 9 rue
Pinel, 75013, le colloque interobédientiel sur "la réponse des Francs-Maçons aux dérives sectaires" !
Gérard Contremoulin
Programme du colloque de Paris II
http://ddata.over-blog.com/4/02/76/23/GODF-Congres-regionaux/Programme-colloque-Paris-II-6.11.10.pdf
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