Une pièce de théâtre fait des vagues dans une université française ! Guy Konopnicki nous livre une chronique
d'alerte sur un fait qui prend les formes de l'antisémitisme à l'Université de La Rochelle !
Extrait :
"Hitler a déshonoré l'antisémitisme" écrivait Georges Bernanos après avoir rompu avec l'engagement maurrassien
de sa jeunesse pour s'opposer radicalement au fascisme.
Or, dans la très honorable Université de La Rochelle, des étudiants, encadrés par un honorable enseignant et par
un atelier
théâtre non moins honorable, ont écrit une pièce dont l'objet était de décrire et de combattre la mondialisation. Projet honorable,
décidément.
Sans doute par un fâcheux hasard, la mondialisation s'incarne en
une entreprise familiale, l'entreprise Goldberg, toute puissante et sans scrupule. L'argent mondialisé, c'est naturellement le juif. Ce premier stéréotype ne suffisant pas,
la multinationale Goldberg and Co décide d'investir sur l'avenir, en spéculant sur les enfants mis au monde.
Le juif porteur de la souillure de l'argent, pousse
l'esprit de lucre jusqu'à s'emparer du symbole même de l'innocence, l'enfant à naître. La plus ancienne des superstitions antisémites trouve ici une version moderne. Car cette spéculation sur
l'enfant n'est rien d'autre que la résurgence du crime rituel."
Premier réflexe : suivre le lien vers cet atelier
théâtre. Il a été supprimé !
.
Puis on trouve un autre lien qui dirige
vers un article. Le même ou un autre, toujours est-il qu'on y lit :
"L'objectif de la pièce est de dénoncer la dérive de la finance internationale. Pour cela, les rédacteurs ont
choisi de s'appuyer sur des stéréotypes accumulés et caricaturés afin de les tourner en dérision. Leur parti pris est clairement celui de l'humour utilisé à des fins critiques."
Peut-on être convaincu par cet argument... Et nous sommes, une nouvelle fois, confrontés à la liberté d'expression en matière
de création.
Cette affaire fait maints
remous.
Au niveau
local :
Dans la
presse :
Sud Ouest le 13 juin publie la lettre de soutien de l'auteur québécois, Eric Noel, qui a dirigé l'atelier
d'écriture.
Au niveau judiciaire
où une plainte est déposée par le CNVCA (Comité National de Vigilance Contre l'Antisémitisme) le 6 juin
entre les mains du Procureur de la République du TGI de La Rochelle pour :
- diffamation,
- provocation à la haine nationale et
raciale,
- injure publique envers particuliers en raison de
sa race, de sa religion ou de son origine,
avec demande d'ouverture d'une information.
Au niveau des institutions représentatives,
- le CRIF publie un communiqué de l'UEJF le 17 juin qui dénonce l'obstination de
l'Université et de ses partenaires dont l'Etat et la Ville de La Rochelle.
- La Licra prend position et signale que le président de l'université a accepté sa proposition d'organiser un
"dialogue avec les acteurs de l'Université et ses partenaires pour prendre ensemble la mesure des enjeux de cette affaire."
S'il faut prendre la mesure des enjeux, ce qui est manifestement une proposition d'apaisement de la part de la LICRA,
il faut resituer cette "affaire" dans le contexte historique et politique. Difficile de s'extraire de la montée de l'antisémitisme, de la radicalisation des extrêmismes et des idées de
l'extrême droite.
Peut-on convoquer l'humour pour limiter la portée injurieuse ou antisémite d'une création artistique ?
Gérard Contremoulin
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