Source quasi inépuisable d'informations sur la quête de la Régularité versus Grande Loge de
France (GLDF), le Blog-note de Jean-Laurent évoque la réunion de la "GLUDE" du 22 septembre à Rome.
Une réunion de la confédération fondée en 2000 par la GLDF qui devait
réaffirmer les principes qui constituent la base de cette alliance de Grandes Loges.
Et notamment :
- Elle travaille à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers.
- Les Trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie sont placés sur l’autel
des serments : un volume de la Loi Sacrée, le Compas et l’Equerre.
Les obligations des Maçons sont prêtées sur ces trois Grandes
Lumières.
- La Franc-Maçonnerie Régulière et Traditionnelle proclame son indéfectible
fidélité et son total dévouement à la Patrie.
- En loge, toute controverse portant sur la politique et la religion est
rigoureusement proscrite.
Voilà une profession de foi fort "régulière", qui met en avant ces principes d'une tradition qui souvent préfère les certitudes du passé. Car c'est un vrai
challenge de conjuguer la Tradition au présent et de retrouver pour le suivre ce beau précepte de Jean Jaurès pour qui "la tradition ce n'est pas de veiller des cendres mais
d'entretenir un brasier"...
Et voici que cette profession de foi est curieusement proclamée 10 jours seulement après la décision de la GLUA à l'encontre de la GLNF... Coïncidence ou volonté de
multiplier les témoignages en plein processus de RPMF (recomposition du paysage maçonnique français) ou stratégie visant à démontrer la fiabilité de la GLDF en matière de Régularité...
Souvenons-nous que ses protagonistes (les signataires de la déclaration de Bâle) se sont donnés jusqu'à la fin décembre pour réaliser une avancée significative...
Et si l'on regarde la composition de cette Confédération des Grandes Loges Unies d'Europe,
présidée par Alain GRAESEL, ancien GM de la GLDF, on constate qu'elle en donne un périmètre avantageux
:
Grande Loge de France,
Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, Grande Logé Confédérée d’Espagne, Grande Loge de
Bulgarie, Grande Loge de Grèce du REAA, Grande Loge de Hongrie du REAA, Grande Loge d’Italie (Sérénissime), Grande Loge Nationale du Portugal, Grande Loge Nationale de
Roumanie, Grande Loge Unie de Lettonie,
mais aussi :
Grande Loge des
Canaries, Grande Loge Unie du Liban, Grande Loge Unie du
Maroc, Grande Loge Nationale de Moldavie, Grande Loge Unie de
Russie, Grande Loge Nationale de Serbie, Grande Loge de la République du
Paraguay.
Les statuts précisent qu'il faut entendre Europe
"non seulement sous son aspect géographique mais avant tout comme un symbole d'humanisme et de rapprochement"... Cette définition sonne
curieusement...
Mais pourquoi donc faire assaut de tant
d'internationalité ? Cette quête du Saint-Graal serait-elle menacée ou incertaine chez ceux de nos Frères
"réguliers" qui voudraient tant l'atteindre ?
Car ce que l'on espère au siège de la GLDF à Paris ne se comprend pas forcément ailleurs où ses
membres se retrouvent souvent avec les autres francs maçons (Frères et Soeurs...) dans les mêmes temples, autour des mêmes agapes et souvent aussi, en participant aux mêmes travaux chez les
un(e)s et chez les autres... Cette situation serait anéantie par la rupture des relations avec les obédiences dites "irrégulières", exigée dans la Déclaration de Bâle.
Car cette rupture conduirait à devoir réexaminer les contrats immobiliers.
Car le caractère "universel" de la Franc-Maçonnerie en prendrait un sacré coup...
Car cette quête effrénée deviendrait
incompréhensible pour une Franc-Maçonnerie ouverte sur l'amélioration de l'Homme et de la société...
Alors pourquoi ce déploiement de tant d'efforts, de tant de vertus ?
Il y a peut-être à chercher du coté de l'histoire ce qui en expliquerait les raisons. Et il est certain que de ce point de
vue, les origines de la GLDF peuvent apparaître à la GLUA comme un handicap, au moment où elle pourrait éventuellement prendre une décision qui lui serait favorable...
De quoi s'agit-il ?
La GLDF, plonge ses racines conjointement dans le "Suprème Conseil de France" et la "Grande Loge Symbolique Ecossaise"
(merci JLT !). Elle est issue d'un système maçonnique de continuité qui lie tous les grades depuis le jeune initié (l'appenti) jusqu'au degré sommital de son rite (le 33° du REAA). C'est ce
système qui prévaut encore aujourd'hui à la GLDF. Or, ce point n'est pas acceptable, à ce jour, par la GLUA qui veille à ce que la Maçonnerie des degrés symboliques (Apprenti, Compagnon et
Maître) soit bien distincte de celle des autres grades, qu'elle intitule d'ailleurs les "side degrees", montrant bien ainsi cette césure.
En effet, la GLDF mettra dix années à se construire (1884-1894). C'est une rencontre heureuse qui enclenchera le processus
entre le Suprème Conseil de France et la Grande Loge symbolique écossaise à l'occasion du banquet de clôture
du convent ... du Grand Orient de
France !!!
Un article de Wikipedia précise les circonstances de cet
avènement :
"À cette époque, les effectifs du Suprême Conseil de France s'élevaient à 23 chapitres (loges travaillant du 4ème
au 18ème degrés) et 90 loges symboliques (du 1er au 3ème degré), ces dernières étant regroupées dans une structure interne dénommée « Grande Loge Centrale du Suprême Conseil de
France ».
En 1894, la loge « La Fidélité » de Lille réunit les loges du Nord de la France et proposa que soit étudiée la possiblilité pour les loges bleues de la Grande Loge centrale de se constituer en une
obédience indépendante qui fusionnerait avec la Grande Loge symbolique écossaise. Les autres congrès provinciaux approuvèrent et le Suprême Conseil de France accepta la tenue d'un convent le 7
novembre 1894.
Par 50 voix contre 8 et 2 abstentions, celui-ci se prononça pour l'autonomie, qui fut accordée, conduisant à la fondation d'une nouvelle obédience, reprenant le nom de « Grande Loge de
France », qui n'avait plus été utilisé depuis 1773. "
La GLDF se fait un point d'honneur de contester au GODF cette date de création en lui disputant, dans le même temps,
l'origine historique de la création de la Franc-Maçonnerie en France. Si tel était le cas, cela effacerait en quelque sorte ce "désagrément" originel vis à vis de la GLUA. Malheureusement les
faits sont têtus et l'histoire les a rétabli au sein de cette obédience puisqu'elle a, elle-même, célébré son centenaire en 1994 comme en témoigne l'émission de ce
timbre collector !
.
.
Un autre point peut encore faire débat : la pratique d'un seul rite au sein de la GLDF car la GLUA pratique plusieurs d'entre
eux et, notamment, le rite Emulation et le REAA.
On aura noté que la GLUDE stipule opportunément dans ses statuts que "chaque obédience a la
faculté de pratiquer le(s) Rite(s) de son choix, à condition qu'il s'agisse d'un rite symboliste, humaniste et spirituel, référé aux principes de la maçonnerie traditionnelle et respectant le
principe de non-mixité"...
Multi rites d'accord, mais tout de même pas avec des femmes !!!
A suivre donc...
Gérard Contremoulin
___________________________________________________