De la liberté de cesser de vivre...
La mort peut-elle échapper à celle ou celui qui la demande ou veut se la donner ?
A moins de s'en remettre à une autorité morale qui transcende l'individu, à moins de lui confier le soin de décider de son aventure humaine et d'abdiquer sa propre volonté, il est anormal que l'homme soit absent de cet épisode de la vie qu'est la mort souhaitée.
La situation réservée à Vincent LAMBERT est exemplaire de ce questionnement déchirant et à bien des égards scandaleux. Malgré sa propre volonté exprimée, malgré l'avis de sa femme, malgré l'avis de l'équipe médicale qui l'assiste, l'opposition de ses parents fondent l'actuelle et désespérante décision de le mantenir artificiellement en vie. Cet acharnement est-il compatible avec la dignité de la vie humaine ?
Les convictions religieuses fondamentalistes d'une mère, la conviction morale d'un père, par ailleurs gynécologue opposant militant à l'IVG, pour respectables qu'elles soient, peuvent-elles être légitimement considérées comme supérieures à la décision du principal intéressé, de sa femme et de l'ensemble de l'équipe médicale ?
Comment ne pas trouver "déplacé", faute du respect de la volonté de Vincent Lambert, de devoir faire trancher cette question par la justice, qui plus est par le Conseil d'Etat ? C'est qu'existe la loi Léonetti qui, voulant faire avancer la réflexion sur l'euthanasie en fin de vie, est imprécise sur la décision finale. C'est justement la question qui est posée là.
Le président de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), Jean-Luc Roméro, insiste sur la nécessité d'une nouvelle loi qui modifierait la loi Léonetti en plaçant le patient lui-même au coeur de la décision.
Le Conseil d'Etat, après une nouvelle expertise dont on peut bien se demander ce qu'elle pourrait apporter de plus que l'avis de cette équipe médicale, devrait donc rendre sa décision cet après midi ers 16h00 ! Heure symbolique où se retrouveront concentrés 5 ans d'une bataille familiale, de la douleur morale que cette famille s'auto inflige autour d'un homme qu'un accident a réduit à la plus simple expression de la vie végétative...
Pour le franc-maçon, soeur ou frère, la mort est une compagne de parcours, de cheminement. Et même si elle reste toujours atroce lorsqu'elle survient, elle est édifiante. Elle est une nouvelle étape. Non pas qu'il y ait un "au delà", même s'il se peut que pour certains d'entre nous il y en ait un, ce n'est pas la question. Mais parce que la mort est un moment de la vie. La tâche accomplie pourra être poursuivie.
C'est pourquoi à la question de l'euthanasie active en application de la "dernière volonté", une réponse claire doit être apportée. Une réponse qui accorde ce droit dès lors que la volonté du principal intéressé est clairement établie. Les conceptions morales, même des plus proches, ne doivent pas pouvoir influer.
Dans ce cas comme en d'autres, notre vie nous appartient et à nous seuls !
Gérard Contremoulin
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