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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

25 Mar

"Français musulman" : erreur de langage ?

Publié par sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Valeurs républicaines

"Français-musulman", pourquoi pas "français-protestant", "français-catholique" ?

Raymond BELTRAN nous propose sa réflexion sur cette erreur de langage (?)...

 

Société Laïque

www.republicains-laiques-audois.org

 

Erreurs de langage ?

 

Robert Badinter a relevé avec force que l'expression « français musulmans » faisait trop penser à celle de « juifs français » de funeste mémoire.

Est-ce, en fait, un dérapage verbal ou facilité de langage influencée par des habitudes que personne n’avait relevées et qui semblaient normales à tous ?

C'est vrai que depuis quelque temps je vois avec inquiétude les politiques s'apostropher avec des références aux années 30 qui me semblent totalement injustifiées et ne relevant que des excès politiciens. Quels que puissent être les lendemains à venir de la période actuelle rien ne justifie ces approximations historiques hasardeuses et ces amalgames exagérés.

Nous sommes dans un contexte qui n'a rien à voir avec celui d'alors ni au plan national ni au plan international.

Je ne néglige pas que l'extrême droite peut gagner en France comme ailleurs en influence et en pouvoir et que ce sera regrettable et que je ne le souhaite pas. Mais nous sommes loin du nazisme ou du fascisme et des groupes subversifs qui voulaient renverser la République en 1934.

Il faut combattre l'extrême droite avec des arguments politiques, en analysant le terrain qui lui donne des ailes et en évitant de s'enfouir la tête dans le sable sur les causes de ce succès pour ne proclamer que des condamnations morales inefficaces parce que non crédibles.

J'ai toujours pensé que ne sont de vrais leaders politiques que ceux qui sont capables d'affirmer des idées, impulser des actions, assumer leur responsabilité pour leurs actions passées, sans faux-fuyants, posant clairement des orientations auprès des électeurs les engageant pour l'avenir.

J'ai un profond mépris pour ceux qui suivent leur électorat à hue et à dia, selon les jours, juste pour se faire élire, sans jamais se compromettre à donner un avis qui pourrait en heurter d'autres et leur faire perdre des voix. Ils sont suivistes. Ils ne sont pas leaders. Ce sont des immobilistes. La flatterie démagogique est leur arme préférée.

J'ai une profonde admiration pour ceux qui ont eu le courage de dire à leurs électeurs : voilà ce que je veux et pourquoi je le veux, expliquant les raisons des changements qu'ils se proposaient de mener, demandant la confiance des citoyens interpellés… quitte à ne pas la recevoir... Leurs idées avançaient dans tous les cas !… Mendès-France a guidé mes premiers pas de citoyen. Mitterrand abolissant la peine de mort, contre l'opinion majoritaire de son temps a été de cette trempe.

Un politique respectable est quelqu'un qui éclaire ses électeurs pour que leur choix démocratique aille vers le progrès et qu'ils puissent partager des attitudes politiques responsables. Il a le courage de montrer le chemin et il fait ainsi participer les citoyens à ses décisions et à ses votes grâce à une information qui leur donne un rôle d'adultes en politique.

Celui qui se contente de les flatter en les caressant dans le sens du poil, qui veille à ne jamais faire que ce qui ne mécontente personne durera longtemps… malheureusement, mais il sera vite oublié par son insignifiance !

Mais revenons au langage et aux dérapages en cause. J'ai le plus grand respect pour Robert Badinter, pour son parcours et pour sa droiture. Mon désaccord ne vient ici que de l'interprétation de son expression.

Les « français juifs » d'une période antisémite, qui n'avait pas commencé en 1930, qui avait fait des dégâts déjà avec l'affaire Dreyfus, correspondaient à une mise en cause raciale, qui n'avait rien de religieux même si c'était la religion qui était mise en avant dans l'expression. En disant les « français musulmans » j'entends l'équivalent de membres de la « communauté musulmane », expression que je répudie mais qui ne me semble pas avoir été condamnée par beaucoup. Ne faudrait-il pas s'inquiéter de cette corrélation avant de faire des rapprochements contestables avec 1930 ?

Il est vrai qu'on ne parle pas de français d'origine protestante ou d'origine catholique, mais à qui la faute si on a remplacé l'origine nationale par celle qui les assimile dans une religion ?

Arrêtons l'angélisme stupide de dire que nous sommes tous Français et que toute autre mention ajoutée à la nationalité serait discriminatoire. Il y a bien des français bretons ou chtimi ou du midi. Il y a des français d'origine italienne, ou russe ou polonaise ou espagnole : faut-il dire espagnols… alors qu'ils sont français… ou leur demander de refuser leur origine et leur culture pour se dire seulement Français et paraître ainsi honteux de leur origine ?

Je ne suis pas honteux de mes origines mais je refuse de me définir Espagnol alors que j'ai pris la nationalité française et que j'assume ce choix : je suis donc Français. Mais je dis que je suis d'origine espagnole pour montrer que le fait d'être Français ne m'enlève pas d'avoir connu une culture familiale et d'être issu d'un milieu espagnol. Je crois être intégré pleinement et je n'ai pas voulu d'une double nationalité et je crois que rien de ma culture française ne m'empêche de partager et, surtout, de comprendre des traditions espagnoles qui restent étrangères à ceux qui ne les ont pas connues intimement.

Il aurait fallu dire français d'origine algérienne, ou d'origine marocaine, ou tunisienne… ou turque… ou anglaise… ou italienne !...

Mais, est-ce le FN qui a confondu dans la communauté musulmane toute personne qui porte un nom ou un prénom (ou les deux) arabe ? Ne sommes-nous pas en train de déraper dans un scénario où le langage sert de prétexte à des suppositions d'extrémisme qui commencent à devenir délirantes ?...

Interdiction d'allusion à toute origine ethnique (soupçon de racisme), mais complaisance à toute communauté religieuse (ouverture d'esprit de laïcité ouverte ?). Communautarisme justifié par le multiculturalisme et par le droit à la différence (ouverture d'esprit citoyenne). Mais attention toutefois (nouveau piège) à ne pas tomber dans les origines nationales car alors on tomberait dans le nationalisme et dans les pièges de la nationalité et on serait des naïfs piégés par le FN !

On a voulu réduire les juifs à leur religion, même s'ils ne la pratiquaient pas. Badinter a raison de s'en inquiéter. On sait où cela a mené ! On a voulu réduire les maghrébins à leur religion car, a force de vouloir esquiver les origines vraies on est tombé dans le religieux pour caractériser même ceux qui ne pratiquent pas cette religion… pour s'en offusquer après des années d'usage quand cela a été pratique pour développer une campagne politicienne en cours sous couvert d’islamophobie.

A force de vouloir dire « Français » sans rien ajouter pour respecter le politiquement correct, on finit par oublier les différences qui ne disparaissent pas parce qu'on fait semblant de les nier. On sait que beaucoup de Français sont venus d'ailleurs, quoique bien intégrés dans notre société. Ils ne restent pas étrangers pour l'éternité mais ils n'ont pas à renoncer à leurs origines.

La République laïque leur permet de vivre pleinement leur intégration dans la nation sans les obliger à renoncer à leur passé familial. Le langage politiquement correct est en train de censurer toute expression libre sans faire avancer les idées pour autant.

Raymond BELTRAN                                                                                                                                                    

 Le 24 mars 2011

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J
<br /> Eh bien, désolé, ce texte est mauvais. Il assimile directement l'islam avec l'étranger, sans la moindre hésitation. C'est un salmigondis de concepts mélangés sans rigueur intellectuelle et ne<br /> démontre donc pas le bien fondé de la thèse défendue. Là où Raymond Beltran se trompe conceptuellement comme tant d'autres, c'est qu'il ne perçoit pas le contresens qu'il y a à joindre une<br /> nationalité à une catégorie culturelle. Obsédés que nous sommes par la référence à l'antisémitisme dont Beltran ne s'échappe pas, nous oublions un peu vite qu'avant 1962, les algériens étaient<br /> définis comme "Français musulmans d'Algérie" sur leur carte d'identité, marquant ainsi par là qu'être musulman constituait une minoration du statut de français. Inutile donc de revenir à Vichy pour<br /> faire peur ou pour marquer la distance ; notre démocratie des années 50 pratiquait l'apartheid confortablement.<br /> <br /> Raymond Beltran va jusqu'à justifier l'expression avec un tas d'inexactitudes. "Français juifs" serait l'expression d'un racisme qui se dissimule derrière la religion tandis que "Français musulman"<br /> ne ciblerait que la pratique religieuse. Evidemment faux et derrière "français musulmans" il faut évidemment comprendre "arabe". Nul doute que si les musulmans construisaient des mosquées<br /> néo-gothiques et portaient des foulards façon carré Hermès, il n'y aurait aucun problème. Derrière l'expression "musulman" il y a donc bien un racisme.<br /> Beltran pousse l'aveuglement jusqu'à dire qu'il y aurait des français bretons, des français ch'tis. Où est-il aller pêcher une ânerie pareille ? A-t-il entendu une seule fois quelqu'un se présenter<br /> à lui : "Je suis français breton" ? Moi, je suis breton, et je me définis soit comme français soit comme breton, jamais je n'ai accolé les deux termes, jamais je n'ai entendu quelqu'un se proclamer<br /> "français provençal" ou "français bourguignon".<br /> <br /> Il n'y a pas de français musulmans mais des français de culture musulmane ou de religion musulmane. Il ne s'agit pas de politiquement correct mais de respect des concepts. Etre français est un<br /> statut précis qui crée des devoirs et ouvre des droits. Ce statut ne peut être altéré par un adjectif : être musulman ne crée aucun devoir et n'ouvre aucun droit dans la République. La différence<br /> est de taille et montre à quel point on ne saurait justifier cette expression. La liberté d'expression n'exclut pas la rigueur.<br /> <br /> <br />
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