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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

07 Jul

Franc-Maçonnerie française : vers un processus de recomposition ?

Publié par sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Régularité - Mixité

 

Recomposez, recomposez, il en restera toujours quelque chose...

  Equerre compas

Qu'on le souhaite ou non, qu'on y soit associé ou non, qu'on ait les idées claires ou non sur les enjeux, que l'on soit sensible aux propos de nos dignitaires ou qu'on ne le soit pas, les Frères de la Franc-Maçonnerie française, d'obédiences "régulières" ou non et les Soeurs des obédiences féminine ou mixtes, sont bel et bien engagés dans un grand processus de recomposition

 

1/ Premier aspect, la crise qui frappe de plein fouet la GLNF depuis plus de deux ans et qui va conduire à sa désormais très probable implosion, ne fait qu'accélérer ce processus. Mais, il n'en est pas le déclencheur. Ne cherchons donc pas dans les graves souffrances actuelles des Frères de cette obédience le cache-sexe qui nous dispenserait d'un bilan interne et d'une réflexion de fond. L'étape actuelle de cette crise, c'est la reconnaissance de la Régularité qu'elle détenait depuis sa création, quasi intrinsèquement, et qui est en train de lui échapper.

Rappelons que la première caractéristique de cette régularité est d'exclure les femmes et les Soeurs de toute reconnaissance maçonnique !

2/  Ensuite, si cette reconnaissance ne lui est plus attribuée, le mode d'organisation internationale de la Maçonnerie anglo-saxonne conduit, même s'il fait l'objet de certaines contestations, à choisir de reconnaître une seule Grande Loge par pays. D'où l'initiative exprimée dans la déclaration des 5 Grandes Loges Nationales réunies à Bâle, et dont on peut imaginer qu'elles ne l'ont pas fait sans le blanc-seing (au moins) de la Grand Loge Unie d'Angleterre (GLUA), de proposer à la GLDF d'entamer le processus visant à lui attribuer le fameux brevet.

Est-ce souhaitable ? C'est l'affaire des Frères de cette obédience de répondre en toute souveraineté.

Aussi peut-on souhaiter qu'ils le fassent en plein connaissance de cause. De ce point de vue, la déclaration du dernier conseil fédéral doit être regardée avec attention. Outre le rappel persistant d'une bizarerie historique (son "origine (de la GLDF), il y a près de trois siècles") qui complique à souhait les relations GODF-GLDF, il en appelle à "une recomposition du paysage maçonnique français". Tiens, tiens...

L'une des conditions, la rupture des relations avec les obédiences "non régulières", peut se révéler un piège redoutable, celui de l'isolement, puisqu'elle le sont toutes, à l'exception de la GLNF !

De son coté, le nouveau Grand-Maître, Marc HENRY a exprimé sa position dans "La Lumière", le blog de l'Express. On y lit notamment, sur les relations interobédientielles : "Avec les autres obédiences, il n’y a pas d’accords de reconnaissance, tout juste y a-t-il des accords d’échange de fichiers de frères radiés."  Bon ! Je n'avais pas d'illusions "exagérées" sur l'état de nos relations, mais là, "brrrrr", je ne peux qu'enregistrer la froideur volontairement trés administrative du propos ; peut-être à dessein, mais à destination de qui ?

3/ La récente prise de position du Grand Maître du GODF, exprimée après une session du conseil de l'ordre, traduit une certaine quiétude quant à l'initiative de Bâle et réaffirme opportunément l'originalité de la démarche maçonnique au GODF. Mais elle provoque une certaine irritation rue de Puteaux et notamment sur le Blog de Jean-Laurent Turbet qui s'interroge sur la mouche qui aurait piqué Guy Arcizet.    

Les relations entre le GODF et la GLDF n'ont jamais été une mer d'huile et notamment sur le plan historique que le dernier conseil fédéral réitère (voir ci dessus). Certains, à la GLDF prennent un malin plaisir à considérer que la première institution maçonnique qui a vu le jour en France en 1723 serait la GLDF puisqu'elle s'intitulait "Grande Loge de France". Cette apparente similitude ne résiste pas à l'analyse de la réalité vécue à cette époque, mais là n'est pas le propos.

4/  Puis, la décision du GODF de reconnaître la possibilité pour les Loges qui le souhaitent d'initier des femmes et d'affilier des Soeurs constitue un autre facteur de réflexion. Il est, avec la fin de l'obligation de croire en Dieu et en l'immortalité de l'Ame, le point de crispation, le déclencheur du schisme maçonnique avec la maçonnerie anglo-saxonne. Elle oblige à reconsidérer d'une part les relations bilatérales du GODF avec les obédiences mixtes (DH, GLMU, GLMF) et avec l'obédience féminine qu'est la GLFF.

Que les Soeurs de la GLFF soient obligées de démissionner de leur obédience pour s'affilier au GODF est une "curiosité" d'autant plus incompréhensible que la double affiliation des Soeurs de la GLFF avec le Droit Humain est possible !

Quelles en seront les conséquences ?

5/ La progression des effectifs, du nombre des candidates et des candidats, traduit une forte appétence pour la démarche maçonnique, et pour être précis, il faut préciser de femmes et d'hommes.  

 Si le principe de souveraineté des obédiences conduit, chacunes, à respecter leurs décisions internes respectives, il n'est plus rare d'observer des propos moins "respectueux" de la part de tel ou telle dignitaire à l'égard de telle ou tel autre... C'est éminemment dangereux et parfaitement hors cadre !

Au delà des relations institutionnelles existe la réalité maçonnique qui se vit dans les loges, entre francs maconnes et franc-maçons. De ce point de vue, nombreuses sont les occasions de "travailler" ensemble, de se recevoir y compris parfois au delà des "autorisations et des reconnaissances officielles" car chacune et chacun peut partager, une fois au GO, une fois au DH ou à la GLFF, à la GLMU, à la GLMF, voire même à la GLDF, un moment de (vraie) fraternité maçonnique.

Alors, à qui fera-t-on croire aujourd'hui qu'il est possible de sectionner cette habitude que nous avons prise de travailler ensemble avec les Frères de la GLDF ?

Et s'il est nécessaire de rappeler, comme le fait Guy Arcizet que "le but ultime est bien dans la reconnaissance de la dignité de tous les membres de la familles humaines", il peut ne pas être contradictoire avec le respects des "principes fondamentaux"...

La situation, aujourd'hui, mérite une attitude de nos dignitaires respectifs qui n'insulte pas l'avenir mais qui, au contraire, sauvegarde l'essentiel de nos cheminements initiatiques respectifs.

Ce cheminement peut prendre deux directions sur lesquelles se fondent l'une ou l'autre des deux options philosophiques fondamentales en Franc-Maçonnerie, aussi respectable l'une que l'autre : l'être humain a-t-il besoin de s'en remettre à une transcendance pour effectuer son amélioration personnelle, quel que soit le nom qu'il lui donne (Dieu, le Grand Architecte, etc.), ou peut-il s'en passer ? Homme ou/et Femme, Franc-Maçonne et Franc/Maçon, le paysage maçonnique est en pleine évolution. Les lignes bougent et il serait malheureux de ne penser ces évolutions qu'en terme de structures, d'appareils, même si ce temps viendra...

Ces évolutions, et notamment avec l'ouverture du GODF à l'initiation des femmes, posent la question de l'obsolescence de deux critères de "régularité" : l'initiation des femmes et la question de la transcendance. C'est sur les réponses à ces deux questions que s'effectuera la recomposition.

Gérard Contremoulin

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