Franc-Maçonnerie : spiritualisme et/ou prospective sociétale ?
Un autre débat s'installe à l'occasion de la venue de Mme Parisot au GODF : la prise de conscience des effets désastreux de la mondialisation sur les droits de l'Homme et sur les devoirs de la Franc-Maçonnerie.
Sous la question de l'intérêt de la réflexion de la patrone du MEDEF et des questions à lui poser pour "clarifier", pour "comprendre", se dessine la volonté des Frères et les Soeurs du GODF et de celles et ceux qui commentent cette invitation sur les réseaux sociaux, de s'engager dans une véritable réflexion prospective sur la société de demain. Qu'on se choque ou qu'on se félicite, qu'on attende tout ou rien de sa venue rue Cadet, la chose est dite : penser prospectif.
La pensée prospective fait-elle partie des tâches des Francs-Maçons ?
Pas chez toutes les obédiences, en tous cas pas chez celles qui s'interdisent toute réflexion de nature politique ou religieuse. On peut être probablement être plus circonspect chez celles qui sont à la recherche d'une spriritualité à partir de la réalité de l'homme ou de la femme, même s'ils ne travaillent pas ensemble...
Pour ce qui concerne le GODF, mais aussi la GLMU et la GLMF, il me semble que oui car telle est sa tradition. Il ne s'agit donc pas de s'occuper de la gestion quotidienne comme une organisation politique le ferait mais d'imaginer, d'ouvrir des pistes, de tracer les perspectives de la société de demain...
Bien sûr, il est dans son rôle lorsqu'il remarque et s'exprime sur ce que lui inspire cette gestion du quotidien. Mais pour être convenablement compris, encore faut-il qu'il prenne la précaution de toujours se situer par rapport à ces perspectives. Il courrait le risque, sinon, de ne pas être compris et surtout de se diluer dans le politique. Ainsi donc, sans réelle prospective prise en charge par les Loges, les Soeurs et les Frères, le GODF court le risque de ne pas être dans son registre.
La prospective, quand ?
L'urgence est de s'inscrire dans cette dynamique. Il s'agit d'entrer dans un processus d'élaboration collective au plus tôt sans pour autant pouvoir fixer une échéance, en tous cas pas dans les prochains mois ! A ce titre, la démarche dite du "Manifeste" ne s'inscrit pas dans cet objectif. Elle est d'une autre nature, comme extérieure à ce processus dès lors que l'existence même d'une date butoir lui interdit toute possibilité de devenir une démarche que les membres du GODF pourrait s'approprier !
La prospective comment ?
Il est indispensable qu'une telle réflexion soit prise en charge par le plus de membres possible si l'on veut qu'elle corresponde à un véritable engagement. C'est un enjeu de toute première importance pour reqalifier l'obédience dans son rôle de laboratoire d'idées où s'élabore des hypothèses soci(ét)ales susceptibles d'assurer le respect des droits de l'Homme et de sa dignité.
La prospective en lien avec l'initiatique.
Est-ce pour autant que l'aspect "initiatique" serait négligé au seul motif que l'on s'engagerait dans ce type de travail ? En quoi peut-on répondre non ? D'abord en observant que la place de la Soeur et du Frère reste au coeur de la démarche. Il s'agit de se projeter dans une sorte de dépassement de soi et de le conjuguer avec celui des autres membres de la Loge. S'il est de coutume de dire que "l'on s'initie soi-même", on ajoute aussitôt que l'assiduité est une exigence absolue car on ne devient vraiment franc-maçon qu'en "pratiquant". Le travail sur la prospective peut, comme tout travail de réflexion conduit selon la méthode maçonnique, participer du cheminement maçonnique et permettre à la fois le cheminement initiatque intime et l'engagement citoyen. Mais il est indispensable de préciser qu'il s'agit là d'une conception propre à la Franc-Maçonnerie libérale.
Alors que faire ?
Se préparer pour prendre, à l'occasion du prochain convent (qui n'est plus si loin), deux types de décisions. D'abord celles qui sont nécessaires pour garantir une véritable réflexion prospective prise en charge par les Loges, ensuite choisir un premier thème. Car il serait suicidaire de se focaliser exclusivement sur les structures faute de pouvoir engager concrètement le travail.
A suivre...
Gérard Contremoulin
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