Sous ce titre, le Huffington Post publie un article de Valéry Rasplus, essayiste et sociologue, rédacteur en chef adjoint
et membre du comité de rédaction de la revue "Des lois et des hommes".
En voici un extrait :
"En décembre 1783, en plein Aufklärung (le siècle des Lumières en Allemagne), une controverse
éclatait au sein du périodique Berliniche Monatsschrift : "Qu'est-ce que les Lumières ? Cette question, qui est presque aussi importante que de savoir ce qu'est la vérité, devrait commencer par
trouver une réponse avant même que l'on entreprenne d'éclairer" (6).
Un an plus tard, en décembre 1784, Emmanuel Kant proposait, en guise de réponse, une clé explicative
: "Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique. Réponse à la question : qu'est-ce que les Lumières ?". Son introduction contenait une puissante idée directrice:
"Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même
responsable. L'état de tutelle est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une
insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre
entendement ! Voilà la devise des Lumières".
Tel est le premier paragraphe de ce court texte toujours actuel, qui se transmettra jusqu'à nous
sous le simple titre questionneur "Qu'est-ce que les Lumières ?" (7). "
Cet article de Valéry Rasplus a fait l'objet, dans le Huff Post, de commentaires assez
vindicatifs de la part d'un certain M. Axel de
Saint Mauxe, rédacteur en chef de "l'Eclat", qui se situe clairement dans " le
courant néo-droitiste, fondé sur un refus clair, sans ambiguité de l'ensemble des chimères idéologiques issues de la Révolution Française, à savoir les principes égalitaires, la démocratie et la
république".
Voyons ces commentaires de M. Axel de Saint Mauxe :
1° commentaire : La notion de "Lumières" est un concept de tout temps dévoyé par les
intellectuels de tout poil s'en réclamant.
Les "Lumières" sont le point de départ de toutes les folies
meurtrières que nous connaissons depuis plus de 200 ans...
Les "Lumières" sont à l'origine de tous les concepts idéologiques dont nous ne parvenons pas (même l'auteur) à nous débarrasser : marxisme, fascisme, égalitarisme, démocratisme, nationalisme, sionisme, et même, d'une certaine manière, de la version moderne des
intégrismes religieux.
Je rejette l'universalisme défendu par l'auteur qui est idéologique, fondé sur une loi autoritaire qui s'applique à tous, sans distinction de valeur.
Je défend un universalisme centré sur l'individu, sa différence, sa valeur, sa morale, sa force, son courage, sa générosité...... totalement incompatible avec le régime égalitaire que nous connaissons.
2° commentaire : Je trouve qu'à mettre ce concept de Lumières à toutes les sauces, nos
brillants intellectuels ont fini par le vider de tout son
sens.
Votre article, M. Rasplus, d'apparence séduisante, reste dans la stricte lignée des idéologies dérivées des Lumières :
Démocratie, égalitarisme, pouvoir au peuple.
Nierez-vous que ceci a abouti aux terrifiants avatars du Robespierrisme, à savoir, entre autres, je ne peux pas tous les citer ici, marxisme,
socialisme, nationalisme, néolibéralisme, intégrismes religieux..., avec les conséquences que l'on connait : violence, morosité, dépréciation de l'individu, nivellement par le bas généralisé, destruction de la richesse des âmes et des sociétés ?
Hélas, vous concluez sur les mêmes rengaines, les mêmes incantions
républicano-démocratistes... Les "Lumières" du XXIème sauront en démontrer le caractère chimérique et dangereux.
On appréciera qui ressort "les mêmes rangaines" sur un tel sujet...
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Il est très probable que le député de
Martinique, président du Conseil Général, Serge Letchimy, dans son intervention à l'Assemblée Nationale, aura eu le mérite de provoquer notre réflexion sur l'histoire des peuples
:
.
Devant la gravité de cette question au
regard des Droits de l'Homme, on ne peut pas écarter l'hypothèse que la polémique qui s'en est suivie soit un nuage de fumée pour détourner l'attention du tabou que lève le député, en cela digne héritier d'Aimée CESAIRE et si bien décrit
par Yves CHAMOISEAU...
Sur cette question, deux posts sur mon
mur Facebook a fait l'objet d'échanges de commentaires.
L'un enregistre celui de deux
participants (Jean-Michel Sibué et Jean-Dominique Reffait). Je vous le recommande tout particulièrement.
L'autre, outre une mise au point de la
sociologue-ethnologue Françoise Héritier, contient une proposition de Jean-Louis Validire : "C'est effectivement une
question que l'on peut pas éluder et résoudre par l'invective. Organisons un débat serein et fraternel et évitons les postures !".
Je pense qu'il a raison et qu'il serait
utile, pour celles et ceux qui le souhaitent, de la mettre en chantier...
Gérard Contremoulin
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