J'ai fait un rêve...
La nuit était sereine et les vacarmes de la ville des hommes s'étaient tus malgré les drames d'une économie ayant largué les amarres de la réalité. Peut-être encore ici ou là quelques bruissements, vite assourdis par le spectacle grandiose de la voute céleste, ramenant chacun à son Devoir d'humilité.
Alors m'est apparu dans une sorte de songe éveillé la statue bienveillante de "La Maçonnerie" éclairant le monde, cette Mère des Hommes libres, généreuse avec ses enfants, économe de
ses émotions, bienveillante avec ses contradicteurs, respectueuse des opinions sincères.
Et je ne pus réprimer cette vision, en contrepoint, des tumultes de la politique, des passions aiguisées par le prosélytisme et l'envie de tenir haute la parole patisane contre une autre parole partisane, puis une autre encore , et puis encore... Au point que nul ne pouvait ne serait-ce même que comprendre la réalité de la controverse.
Alors, je me suis mis à imaginer comment "La Maçonnerie" pourrait bien, aujourd'hui, faire en sorte de rassembler ce qui est épars et permettre que chaque homme, chaque femme de bonne volonté qui la constitue s'écoute, se comprenne et "communie" à la même source "pour la plus grande gloire" de l'Humanité... pour "réunir les positions emblématiques de notre tradition humaniste, sur toutes les grandes questions du siècle"
Et une suite de questions m'a alors assailli.
Comment exprimerait-elle sa diversité ? Comment à travers elle, soulignerait-elle, néanmoins, les convergences ? Consciente que la notion même de programme contient son contraire, prendrait-elle le risque de formuler autre chose que des problématiques ? S'aventurerait-elle à se manifester autrement qu'en exposant des réflexions, des questionnements, des grands principes ? S'exposerait-elle à laisser penser qu'elle détient une valeur martingale ? Saurait-elle trouver la vivacité d'une expression détachée des emphases des discours d'antan ? Le réussirait-elle sans puiser dans les programmes ? Réussirait-elle à rester au dessus des contingences du politique pour nous faire aimer la grandeur de La politique ? Eveillerait-elle suffisamment nos consciences pour nous faire toucher du doigt l'essentiel, nous donner envie de mettre en discussion un grand projet, et pourquoi pas une véritable adresse publique pour le siècle ?
Qui s'étant trouvé là aurait certainement surpris une expression de béatitude optimiste sur mon visage...
Le réveil fut brutal. Je venais de terminer la lecture de 24 pages qui, tout en se revendiquant de l'avenir, ne souhaitaient pas "du passé faire table rase" et déclarait qu'il y avait moins à craindre aujourd'hui d'un "Dieu", d'un "César" ou de quelque "Tribun" ! L'allusion à l'oeuvre de Degeyter et Pottier me ramenait en TGV vers le politique, voire le politicien et je compris que "La Maçonnerie" était bien dans mon rève et qu'elle y resterait...
Gérard Contremoulin
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