L'antimaçonnisme s'installe... quelle riposte ?
8 février 2014, devant la façade vitrée du GODF
Sans sombrer dans le complotisme, force est de constater que l'antimaçonnisme s'installe dans notre pays, tant à Paris qu'en province.
Le GODF, la GLNF et le DH en sont, pour l'instant, les cibles !
C'est en mars dernier que les premières manifestations sont apparues au siège du GODF avec Dissidence Française (deux fois) puis avec le Printemps Français (ici, ici, ici et ici), puis avec les Hommen, enfin avec cette dernière action du 8 février.
En province, devant des locaux maçonniques, à Nantes, à Poitiers, à Amiens, à Bordeaux.
Et toujours en trame de fond de ces actes, la loi sur le Mariage pour Tous dont l'extrême droite et les cathos-tradits attribuent la paternité à la franc-maçonnerie. De son coté, la Conférence des évêques de France avait pris nettement position pour la manifestation anti mariage pour tous du 13 janvier 2013. Ce qui lui avait valu une désaprobation interne émanant du "Réseau des Parvis". On connait l'implication personnelle des deux cardinaux français, Messieurs Vingt-trois et Barbarin...
Quant à l'intrusion-vandalisation dans les locaux du siège national du Droit Humain, le 1° février, l'enquête en cours en déterminera l'origine et rien ne prouve qu'il ne s'agirait pas d'un "simple" fric-frac. Elle s'inscrit néanmoins dans un calendrier où l'on constate que la cible est toujours la même...
La vigilance des francs-maçons doit désormais monter d'un cran.
La régularité et la fréquence de ces actes laissent peu d'incertitude devant ce qui apparait de plus en plus comme la volonté de travailler l'opinion pour réveiller l'antimaçonnisme, toujours latent. On peut relever la concomittence avec l'antisémitisme. Le juif et le franc-maçon ont toujours été deux cibles jumelles de l'extrême-droite !
Dessin de 1897 paru dans un livre d'Augustin-Joseph Jacquet
Si dans un premier temps, on pouvait penser qu'en parler ne servait qu'à leur faire de la publicité, il est essentiel maintenant de prendre conscience qu'il faut dénoncer et se prémunir.
Dénoncer, c'est-à-dire analyser et révéler publiquement ces actes pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des provocations plus ou moins agressives, visant à déstabiliser les obédiences maçonniques en les désignant comme les responsables des projets sociétaux du gouvernement. D'où le slogan de "séparation de la franc-maçonnerie de l'Etat", avec le retour du complot judéo-maçonnique cher à Alain Soral et ses séïdes. La boucle est bouclée avec cet autre slogan "francs-maçons en prison". Sous l'exagération, mais en est-ce une ?, c'est l'interdiction de la franc-maçonnerie qui est alors évoquée.
Les bases de ce travail de sape ont été jetées il y a une douzaine d'années par Ghislaine Ottenheimer ("Les frères invisibles", 2001) puis par Sophie Coignard ("Les bonnes fréquentations, histoire des réseaux", 1997 ; "Un état dans l'Etat", 2009 et "100 questions aux francs-maçons", 2013).
Pour l'instant, cet objectif semble tellement lointain qu'il peut laisser incrédule. Mais ce travail de l'opinion n'a d'autre but que de le rapprocher en décrédibilisant tous propos favorables à la franc-maçonnerie, en affaiblissant les défenses républicaines qui en sont aujourd'hui les garde-fous. Entre les franges encore républicaines qui se complaisent à dorlotter l'idée qu'il y auraient des "réseaux" qui complotent aux extrèmistes de la nébuleuse fourre-tout de "Jour de Colère" ou des cathos-tradits façon CIVITAS pour qui les franc-maçons sont à embastiller, il y a là un maelström dont on ne sait ce qui peut en sortir et qui requiert toute notre attention.
Se prémunir, c'est-à-dire expliquer, faire comprendre ce qui se passe en ce moment. C'est un travail de nature pédagogique, idéologique aussi, où la naïveté n'est plus de mise. La franc-maçonnerie, qu'elle s'extériose ou qu'elle reste dans les temples, est considérée par ces groupes comme le principal ennemi, celui qui est deviant, qui professe l'autonomie de la personne humaine, son émancipation des tutelles religieuses de tous poils. Et ce ne sont certes pas les atermoiements sur les significations possibles du GADLU, plus ou moins éloignées de Dieu, qui pourront changer quoi que ce soit.
Se prémunir, c'est-à-dire aussi prendre les mesures de sécurité indispensable pour préserver, in situ, l'accès aux locaux mais aussi, à distance, les matériels informatiques contre les fachos-hakers qui ont déjà commencé leur travail comme Gadlu.info nous en a informé en novembre dernier. Sur ce cas précis, une mobilisation extrêmenent rapide des principaux acteurs de la blogosphère maçonnique et des webmasters des sites a permis d'éviter le pire !
Mais la prespective de ces actes malveillants demeure contre ce que nous représentons. Certes les pouvoirs publics sont concernés par les troubles à l'ordre public ou les délits. Mais les francs-maçons, Soeurs et Frères, doivent désormais redoubler de vigilance et de prudence tout en intégrant le fait que c'est sur eux, sur eux tous, que repose la riposte à ce mouvement qui s'attaque à nos idées, à notre philosophie humaniste... Et nous savons que ce n'est qu'avec les idées qu'on lutte durablement contre les idées.
Gérard Contremoulin
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