Laïcité, communiqués du Comité Laïcite-République
Lors de son Assemblée Générale, le Comité Laïcité République (CLR) a adopté plusieurs décisions dont celles qui suivent.
Sans les partager toutes, notamment sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, je crois utile cependant de les mettre en ligne car elles participent au débat citoyen.
Gérard Contremoulin
Du printemps arabe à l’hiver islamiste
C’était prévisible, quand bien même on n’était pas un spécialiste des pays concernés, et c’est advenu. Les partis islamistes sortent vainqueurs des élections organisées dans les pays arabes récemment allégés de leurs tyranneaux locaux. En Tunisie et au Maroc, les partis islamistes obtiennent des majorités relatives, assez fortes, toutefois, pour que les prochains gouvernements s’organisent autour d’eux. En Egypte, les comptes définitifs ne sont pas faits, mais tout laisse penser que les Frères musulmans tiendront, pour l’année nouvelle, les rênes du pouvoir. Pour tous ceux, commentateurs des révolutions arabes, qui avaient filé, sans modération, les comparaisons avec le « printemps des peuples », en Europe, en 1848, et qui s’inspirait des idéaux de la Révolution française et de sa Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la déconvenue devrait être manifeste. Non seulement, en effet, on aurait quelque mal à trouver dans les doctrines des partis islamistes une quelconque adhésion aux principes universels de la démocratie, mais encore, ces principes sont dénoncés comme la marque d’une prétention idéologique maintenue d’un Occident qui n’aurait pas renoncé à ses entreprises dominatrices. Nos bons apôtres ne sont cependant pas troublés plus que cela. Les partis islamistes ont certes gagné la partie, reconnaissent-ils, mais les démocrates n’ont rien à craindre puisqu’il s’agit de partis islamistes « modérés ». Là encore, ils cèdent à la tentation de la comparaison historique et ils invoquent la démocratie-chrétienne qui, en Europe occidentale, a eu raison des refus de l’église catholique de souscrire aux valeurs de la démocratie libérale. Outre que ce mouvement fut long et laborieux - il faut attendre Vatican II pour que Rome reconnaisse les « droits de l’homme » - la comparaison avec l’islam est audacieuse et, en tout cas, prématurée. Car, pour l’heure, les partis islamistes entendent moins démocratiser l’islam qu’ils ne prétendent islamiser la démocratie. Si, comme nous le croyons, la démocratie suppose une laïcisation du politique et une universalisation des droits de l’homme, alors, une « démocratie islamique » et, plus largement, une démocratie qui trouverait ses fondements dans les vérités d’une « révélation », est une démocratie par abus de langage. L’ « islam modéré » des islamistes est un oxymore. Faire fonds sur ses potentialités authentiquement démocratiques est à peu près aussi hasardeux que de songer à « humaniser la peine capitale » !
Marc RIGLET
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Présidentielles: Le Comité Laïcité République: pour un sursaut laïque
L'élection présidentielle doit être l'occasion d'un sursaut laïque et le Comité Laïcité
République s'impliquera en ce sens, afin notamment de faire inscrire les principes de la loi
de 1905 dans la Constitution.
Au fil des ans, la laïcité a été vidée de sa substance et les principes de la loi de
séparation des églises et de l'état ont été contournés se concrétisant par le retour du
religieux dans la sphère publique et la montée en puissance des communautarismes.
La laïcité, plus que jamais, constitue une clé de la paix sociale, d'une citoyenneté dans la
liberté de conscience et d'égalité des droits et des devoirs.
Afin de mettre un terme aux régressions et aux tentatives récurrentes de "nettoyer",
"moderniser", "renouveler" la laïcité, en fait de la combattre, l'Assemblée Générale du
CLR réunie le 28 Novembre a Paris, a décidé d'interpeller les candidats a l'élection
présidentielle et de leur demander de s'engager en faveur de l'inscription dans la
Constitution des deux articles de la loi de séparation, notamment celui qui précise que
la "République ne reconnait ni ne subventionne aucun culte".
Le CLR demandera également la suppression des conférences départementales de
la liberté religieuse, instaurées lors de la rencontre avec les représentants de la
conférence des responsables de culte en France du 15 avril 2011, qui institutionnalisent le
retour du religieux en politique et constituent une véritable provocation aux principes de la
République laïque.
Le CLR fera connaitre en son temps le bilan qu'il dresse de l'état alarmant de la laïcité en
France et présentera les mesures qu'il entend proposer
L'Assemblée Générale a par ailleurs adopté deux motions:
- s’opposant à la proposition d'élargir le droit de vote aux élections locales aux
étrangers résidant en France, mais favorable a l'acquisition de la citoyenneté dans
des délais raisonnables, pour ceux qui le souhaitent.
- apportant son soutien aux femmes afghanes dans leur refus d’être sacrifiées sur
l’autel du «processus de paix » avec des taliban et des terroristes.
Par ailleurs, l'Assemblée Générale a réélu pour deux ans Patrick Kessel, Président et
élu
Jean Farnier, secrétaire général de l'association.
(Voir les deux motions ci-joint)
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Appel aux participants à la Conférence de Bonn sur l’avenir de l’Afghanistan
Le Collectif Contre le Terrorisme (CCT), Collectif français d’ONG rassemblées
contre le terrorisme, exprime son soutien aux femmes afghanes dans leur refus
d’être sacrifiées sur l’autel du «processus de paix » avec des taliban et des
terroristes.
Au lieu de parier sur un accord avec des « taliban modérés », nous voulons que
les droits des femmes soient défendus sans concession, à commencer par leur
pleine participation à la conférence de Bonn où doit se décider l’avenir de
l’Afghanistan - conformément à la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité de
l’ONU, qui prévoit une participation des femmes aux discussions de résolution
des conflits et à la Convention sur l’élimination de toutes formes de
discrimination contre les femmes !
Nous sommes solidaires du combat des femmes afghanes pour reconquérir les
droits confisqués sous le régime des taliban, défendre et compléter leurs droits
inscrits dans la constitution.
Nous estimons que :
- Tout règlement politique doit explicitement garantir le droit des femmes à
l’éducation, à la santé, à l’égalité citoyenne, à la sécurité et à la maîtrise de leurs
propres vies.
- Aucune paix n’est possible tant que la violence terroriste frappe les populations
civiles, et tout particulièrement femmes et enfants, cibles des attentats
« suicides ».
-Les filles comme les garçons ont droit à une véritable instruction, dans le
respect de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Aussi nous
condamnons fermement les menaces et attaques contre les jeunes élèves
afghanes et leurs enseignantes ainsi que la destruction de leurs écoles.
Paris, le 28 novembre 2011
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Droit de vote des étrangers aux élections locales : une idée globalement négative
Le Parlement est à nouveau saisi d’une proposition de loi visant à instituer le droit de
vote des étrangers aux élections locales sous la condition de résider depuis 5 ans
sur le territoire national.
Cette proposition n’est pas nouvelle : elle figurait parmi celles du candidat François
Mitterrand en 1981, elle a été adoptée par l’Assemblée nationale en 2000, et l’actuel
président de la République s’est exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet, s’y
déclarant favorable puis hostile.
Au moment où ce débat risque de susciter des affrontements politiques binaires forts
dont l’extrême droite profitera à coup sûr pour alimenter son fonds de commerce
électoral et agiter un certain nombre de peurs chez nos concitoyens, le Comité
Laïcité République exprime ses réserves sur le principe même de cette proposition.
En effet, si cette loi était adoptée puis promulguée, elle dissocierait clairement
l’exercice de la citoyenneté de la nationalité.
Depuis la Révolution française, la France défend une lecture généreuse de la
citoyenneté et de la nationalité, fondée sur la volonté d’appartenir à une Nation dont
on partage les principes. Elle récuse ainsi les distinctions qui seraient établies sur
l’origine ethnique ou les croyances religieuses.
Si cette loi était adoptée, elle instituerait pour les étrangers présents depuis 5 ans sur
le territoire national la possibilité de voter pour les élections locales et les exclurait
donc des scrutins nationaux : élections présidentielle et législatives.
Elle instituerait une pleine et entière citoyenneté pour les nationaux, une souscitoyenneté
pour les autres. Elle porte en germe une conception différentialiste de
l’organisation sociale et pourrait être de nature à aggraver le communautarisme.
Pour ces raisons, le Comité Laïcité République exprime son opposition à cette
mesure qui est l’illustration même d’une fausse avancée démocratique. Il propose en
revanche que soit ouverte aux étrangers résidant régulièrement en France, qui en
font la demande et adhèrent aux valeurs de la République, la possibilité d’acquérir la
nationalité française et donc la capacité d’en exercer pleinement les droits.
Paris, le 28 novembre 2011
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