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Laïcité ou Laïcisme, laïcité tout court ou laïcité avec un adjectif, anticléricalisme ou
antireligion, liberté de conscience ou prosélytisme, intimité ou ostentation, sphère publique ou sphère privée, les termes font florès pour témoigner du débat qui règne sur la
LAÏCITE.
Ils illustrent un siècle d'histoire issu de la loi de séparation et de l'immense opposition entre une conception
osmotique de l'église catholique avec l'Etat sans les autres religions ou une conception séparée de ces églises (pour ne pas dire religions) et de l'Etat.
La République française est encadrée par une Constitution qui en établit le caractère Laïque. Il n'est pas
déraisonnable d'en attendre que les élus, quels que soient leurs mandats, en respectent les principes et s'abstiennent de manifestations, de tous signes religieux dans l'exercice de leurs
fonctions.
Pourtant, on a vu Nicolas Sarkozy, dans l'exercice de ses
fonctions, ministre et Président, se signer en public lors du baptême d'un bateau et le staff administratif (préfet en tête) faire de même et lors d'une réception au Vatican !
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Au nom de la Laïcité, l'extrême droite et ses pseudopodes comme Riposte Laïque, les identitaires et autres
fondamentalistes cathos s'attaquent aux "musulmans" au prix d'un amalgame insupportable entre les différentes tendances interne à l'Islam, les fondamentalistes islamiques (salafistes,
wahhabites) et les musulmans sunnites, majoritaires.
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Et nombre de militants laïques
authentiques et sincères sont sensibles, parfois, à ce type d'argumentaire lorsqu'on leur présente une vision partielle ou simplement factuelle. Ainsi, les prières de rue de la rue Myrrha dans le
XVIII° arrondissement de Paris ont révulsé nombre d'entre eux.
A juste titre.
On attend d'eux qu'ils aient les mêmes répulsions à l'égard des démonstrations du Dr Dor et son
associations "SOS Tout petit" devant l'hopital Tenon, centre IVG,
également condamnables ?
On pourrait aussi évoquer les "Ostensions" limousines, les diverses processions pascales, celles des
"Pénitents"...
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De sorte que celles et ceux qui se sont mobilisés contre l'occupation de l'espace public par les prières de rue des
musulmans devraient également s'insurger contre les manifestations ostentatoires dans l'espace public des fidèles des autres religions. Ils gagneraient en crédibilité et en "bonne
foi".
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Car la Laïcité n'est pas une croyance, encore moins le moyen d'en défendre une contre les autres. La Laïcité est
l'outil qui permet la liberté de conscience. Elle est l'outil qui permet toutes les manières de penser, d'appréhender la liberté de l'autre avec bienveillance. C'est ainsi qu'il existe au sein
même de la famille laïque deux courants de pensée, assez distincts au point qu'ils s'affrontent à fleurets plus ou moins mouchetés depuis un siècle.
Celui qui revendique l'éradication des religions et celui qui prône la neutralité envers les religions dès lors
qu'elles respectent le principe de séparation des sphères publique et privée, c'est-à-dire qu'elles restent dans le domaine intime des consciences personnelles.
Ce qu'il faut bien appeler la division du camp laïque apporte de l'eau au moulin des différents opposants à la
laïcité républicaine. Elle sert l'utilisation, voire la stigmatisation des "laïcards" ou des "laïcistes". Ne faut-il pas, là aussi, réunir ce qui est épars ? Ne faut-il pas s'ingénier à
chercher les voies d'une conception cohérente par exemple de l'action publique en commençant par lutter contre les coups de canif donnés dans la loi de 1905 par le Conseil d'Etat dans 5 arrêts
rendus simultanément, le 19 juillet 2011. Ce blog a développé ces atteintes dans le report d'une conférence faite à Aurillac en décembre 2012.
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Aujourd'hui, le dernier livre de Claude Askolovitch relance
la controverse ici et ici. On a même droit à un utile retour sémantique sur les sens du mot "laïque".
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Et vous, où en êtes vous dans ce débat ?
Gérard Contremoulin
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